En marge de l’atelier de discussion organisé hier par le ministère de la Culture et de la communication et portant sur la gestion future des 300 millions F Cfa promis par le chef de l’Etat aux cultures urbaines, Mbagnick Ndiaye a informé qu’à ce jour, il n’y a encore aucune inscription budgétaire pour ce fonds. Selon le ministre, il faudra avant toute chose une structuration du mouvement hip-hop avec un programme, des mécanismes de fonctionnement, entre autres.
Le ministère de la Culture et de la communication a convoqué hier un atelier de discussion autour de la promesse faite par le président de la République d’offrir 300 millions F Cfa aux artistes des cultures urbaines. Cette rencontre, contrairement à celle ayant permis d’annoncer la nouvelle, n’a pas drainé grand monde. Il y avait Fou Malade, Matador, Simon, Bakhaw et quelques artistes des cultures urbaines représentant les régions. «Le Président avait promis de mettre un fonds qui pouvait varier entre 200 et 300 millions de F Cfa ou même plus.» Mais, avait-il précisé, «il faut que cela soit structuré avec un programme, des mécanismes de fonctionnement, entre autres», a rappelé Mbagnick Ndiaye. Le ministre de la Culture et de la communication qui a personnellement présidé cette rencontre informe que le fonds «sera mis à la disposition des cultures urbaines quand tout sera structuré». En attendant, Mbagnick Ndiaye dit réunir les acteurs des cultures urbaines pour discuter de ce que «les artistes veulent mettre dans le fonds, comment ils vont l’utiliser et comment ils vont l’administrer». Pour cela, le ministère de la Culture et de la communication a d’ailleurs fait appel à ses partenaires pour qu’ils partagent leurs expériences sur le sujet, afin de permettre aux acteurs des cultures urbaines d’avoir un aperçu sur comment gérer un fonds, à l’image de la mairie de Dakar, du Fopica et de Bruxelles international.
Au regard des tournures prises par la rencontre, mais surtout des questions soulevées par les uns et les autres, le ministre a tenu à mettre les points sur les «i», indiquant qu’«il n’y a encore, à ce jour, aucune inscription budgétaire au sujet de ce fonds». «C’est à nous de déterminer à combien s’élève le fonds en fonction des programmes et des activités que les artistes des cultures urbaines présenteront», a-t-il expliqué. Un avis que ne partage pas le rappeur Fou Malade. «Ceux qui parlent de structuration ont tout faux. Parce que le mouvement est en avance et anticipe sur des projets depuis très longtemps. Le mouvement hip-hop fait partie des branches les plus structurées, seulement il y a tout un bruit autour», a affirmé Malal Talla. Pour lui, «c’est une intention politique de dire que le mouvement hip-hop n’est pas organisé». «On a besoin de plus de considération, car on représente la jeunesse», a poursuivi le porte-parole du mouvement hip-hop, ajoutant qu’«il faut que le fonds soit républicain et non pour atteindre des objectifs politiques». «Affirmer qu’on a donné 300 millions aux cultures urbaines et que maintenant le hip-hop est dans le camp du président de la République» est, selon lui, une erreur. «Le fonds existe, mais nous continuerons à dire non au référendum en ce qui concerne les artistes de Y’en a marre. Qu’il regarde la pertinence de notre projet et non pas notre discours politique», a insisté Fou Malade.
Divergence de visions
Très engagé sur ses opinions, Fou Malade mentionne qu’il faut que les gens sachent que le fonds pour les cultures urbaines ne sera pas logé dans leur compte bancaire. Massamba Guèye, ancien directeur du Théâtre national Daniel Sorano et conseiller culturel du président de la République, a fait savoir que le Président avait clairement précisé que «dégager des fonds à hauteur de 300 millions, c’est le moins difficile, mais il faut savoir qu’est-ce qu’on doit en faire. Proposez-moi quelque chose de concret parce qu’on ne met plus l’argent de l’Etat du Sénégal dans des choses qu’on ne peut pas évaluer». «Cet argent ira vers qui ? Qui en seront les bénéficiaires ? Quel en sera l’impact sur la communauté sénégalaise ?», a-t-il rappelé avant de souligner que «c’est à nous de répondre à ces questions». «La culture urbaine est composée d’acteurs très responsables, mais le plus difficile sera de mettre en cohérence des destins qui sont normalement individuels, car la carrière artistique est individuelle. Mais il n’y a pas de limites à ce fonds, c’est un fonds test», a conclu Massamba Guèye.