Le commerce international offre beaucoup d’atouts aux pays en voie de développement notamment ceux du continent africain. Il peut aussi constituer un défi pour ces États qui peinent à résoudre certains facteurs endogènes. Le sujet a été débattu hier, lors de la conférence publique organisée à l’Ucad 2 par la Faseg qui abrite un programme de la chaire Omc.
L’intégration, un défi ou une opportunité pour l’Afrique ? A cette question, le Professeur Ahmadou Aly Mbaye répond que ‘’c’est les deux à la fois’’. A son avis, l’intégration est devenue aujourd’hui ‘’plus une nécessité qu’un choix’’. L’ancien Doyen de la Faculté des sciences économiques et de gestion (Faseg) de l’Université Cheikh Anta Diop procédait à la phase introductive de la conférence publique animée hier à l’Ucad, par le Directeur général de l’Organisation mondiale du commerce (Omc) sur le thème : ‘’l’Afrique dans le système commercial multilatéral : défis et perspectives’’. L’économiste pense que les pays, surtout les moins avancés, peuvent tirer beaucoup d’opportunités dans l’intégration mondiale. Pour preuve, le titulaire de la chaire de l’Omc rappelle qu’en 1990, le Sénégal était plus développé que certains pays comme le Vietnam, l’Inde… Aujourd’hui, la donne est tout autre. Ces pays ont largement dépassé Dakar car ils ont réussi à s’imposer sur le marché mondial. Le Pib de ces deux pays dépasse largement celui du Sénégal.
Les pays en voie d’émergence ont des taux de croissance supérieurs à ceux des nations déjà développées. Ce qui augure des lendemains meilleurs pour ces États qui veulent se positionner sur l’échiquier mondial. M. Mbaye, dans sa présentation, fait savoir qu’au fur et à mesure qu’un pays se développe, les opportunités d’emplois suivent la même tendance. Surtout que, dit-il, ces pays développent une industrialisation légère, notamment dans les domaines agricole, de la confection des peaux et cuirs. Le dividende démographique est aussi une grande opportunité pour les Etats africains. Ahmadou Aly Mbaye pense que l’Afrique est aujourd’hui le réservoir mondial de la main d’œuvre et toutes ces industries légères qui se développent un peu partout sont génératrices d’emplois.
Réduire les coûts des facteurs
Toutefois, le titulaire de la chaire Omc estime que pour atteindre l’émergence tant souhaitée, il y a d’énormes défis que l’Afrique doit relever. Ce qui va lui permettre d’occuper une place de choix dans l’intégration mondiale. Parmi les défis qu’il est urgent de relever pour permettre aux entreprises des pays en développement de pouvoir pénétrer le marché mondial, l’économiste liste les coûts de l’énergie. Il signale ‘’qu’il est très difficile pour une entreprise de survivre avec un coût de l’énergie trois fois plus élevé que celui de ses concurrents’’. Les autres goulots à surmonter, ajoute-t-il, sont surtout liés aux coûts des facteurs du travail : la main d’œuvre, l’eau le transport, le foncier, la fiscalité…
L’organisation mondiale du commerce, aux dires de son Directeur général, va apporter son assistance aux pays les moins avancés (Pma). D’après Roberto Azevedo, l’Omc va offrir aux Pma des solutions supplémentaires d’exportations de leurs marchandises vers les pays développés. C’est ainsi que l’accord de la suppression de la subvention à l’exportation pour les produits agricoles à partir de 2016 permettra aux pays en voie de développement d’accroître leur proportion à exporter à plus de 35%. Ce compromis a été trouvé lors de la 10ème conférence ministérielle de l’Omc tenue en novembre dernier à Nairobi, au Kenya.
ALIOUNE SARR, MINISTRE DU COMMERCE
‘’L’Omc est le cadre où il y a la bonne démocratie’’
Le ministre du Commerce a présidé la conférence publique animée hier à l’Ucad par le Directeur général de l’Organisation mondiale du commerce (Omc). Alioune Sarr a profité de cette tribune pour rappeler le rôle fondamental que joue cette organisation dans la régulation du commerce mondial. Le ministre a tenu, dit-il, à faire ce rappel parce que l’Omc fait souvent l’objet de critiques acerbes de la part de certains acteurs qui n’apprécient pas son mode de fonctionnement. Pour lui, si ce n’était pas cet organe, le commerce international serait plus déséquilibré et les grandes puissances dicteraient toujours leur loi.
‘’Je me dis, comment un pays seul comme le Sénégal pourrait négocier face à des mastodontes économiques en la matière sur des accords ? Comment le Sénégal pourrait obtenir la suppression des subventions sur les exportations des pays de l’Union européenne, de la Chine ou des USA ?’’ Son avis est que ‘’l’Omc est le cadre où il y a la bonne démocratie’’. ‘’Dans le commerce multilatéral, si un petit pays dit non, tout est remis en cause. C’est un cadre démocratique où chaque pays apporte sa contribution et chaque position est prise en compte’’, renseigne-t-il.