Le chef de l’Etat a enfin décidé de faire un mandat de sept ans. Il met ainsi de l’eau dans les moulins de ses opposants, brise le pacte de confiance qui le liait avec une certaine opinion nationale et internationale. Le 20 mars, au même titre que le projet de révision constitutionnelle, son image sera soumise au référendum, en attendant les Législatives de 2017 et bien sûr la Présidentielle.
Le Président Macky Sall s’applique un wax waxeet. Une recette d’une volte-face qui a coûté à son prédécesseur Abdoulaye Wade en image et en estime. En revenant sur son engagement de réduire son mandat en cours à cinq ans, il joue et met sa crédibilité en jeu. Macky Sall court le risque d’une rupture avec le Peuple comme Wade l’avait subie en 2011, à cause de la célèbre dédite relative à son troisième mandat. Macky Sall devra trouver des ressources pour regagner la confiance des citoyens qui peuvent désormais avoir de bonnes raisons de ne plus croire aux engagements présidentiels. A plusieurs occasions, il a réitéré que sa décision de réduire son mandat de deux ans était définitive, si bien que la non-prise en compte des autres propositions de réforme lui était presque tolérée. Les radios et télévisions peuvent s’offrir le privilège de faire répéter de tels éléments sonores en boucle comme une ritournelle d’une chanson.
Cadeau pour les opposants
La circonstance aidant, le chef de l’Etat ne serait pas surpris de voir des alliés lui servir des lettres de démission. D’autant que certains d’entre eux peuvent avoir la prétention de briguer les suffrages des Sénégalais en 2019. Au demeurant, le leader de l’Alliance pour la République accorde encore du temps à ses potentiels adversaires pour que ces derniers puissent mieux affûter leurs armes. En attendant, au-delà d’un projet de révision constitutionnelle, le scrutin du 20 mars sera le moment de soumettre sa crédibilité et la parole du Président au référendum. Une victoire du «oui», mais surtout le taux de participation en seront les indicateurs et les enjeux sur lesquels le chef de l’Etat devra se battre.
Regard international troqué
Il s’y ajoute que les élections législatives de 2017 seront un second référendum pour le chef de l’Etat. Les résultats préfigureront l’élection présidentielle de 2019. Dans cette perspective, ses adversaires pourraient profiter des frustrations des uns et des autres et comptabiliser des erreurs politiques qui alimenteront leurs menus de campagne.
L’écho du revirement présidentiel traverse l’Atlantique et les tropiques. Pour avoir ressassé son ferme engagement de s’appliquer un quinquennat sur le perron de l’Elysée, devant la Maison Blanche, le chef de l’Etat devra aussi regarder ses pairs occidentaux et africains pour s’engager dans d’autres projets démocratiques. Les chancelleries ne manqueront pas de câbler leur gouvernement sur le revirement présidentiel. De toute façon, le regard que ses pairs portent sur lui depuis 2012 va changer.