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Art et Culture

Evolution du rap sénégalais : Le marché tue le hard-core
Publié le lundi 15 fevrier 2016  |  Le Quotidien
Y en a marre
© aDakar.com par MC
"Y en a marre" exige la libération immédiate de leurs camarades détenus à Kinshasa
Dakar, le 16 Mars 2015 - Le mouvement "Y en a marre" a rencontré la presse nationale et internationale pour faire le point sur la situation de leurs camarades arrêtés à Kinshasa (RDC). Les "Y en a marristes" demandent leur libération immédiate.




Des rappeurs aux propos durs ont savouré leur moment de gloire, mais les efforts ont eu du mal à être ressentis dans les poches. C’est un secret de polichinelle que de dire qu’il n’existe pas d’industrie musicale au Sénégal. Cependant, le rap, bien qu’étant une musique qui souffre d’une certaine image de «bad boy», a gagné du terrain sur le «mbalax» à un moment donné. Mais la recette ne paie pas dans la durée. Le marché est resté plus énorme pour les autres genres musicaux. Cela peut expliquer pourquoi le rap hard core a été délaissé au fil des années pour d’autres variétés. Ses promoteurs s’adaptent à la demande. Zoom sur une forme de musique qui a marqué le tournant du mouvement hip-hop sénégalais.

Jadis, le son n’était que l’écrin qui portait les paroles crues du rappeur qui s’arrogeait une fonction sociale ou politique, dans le sens revendicatif du terme. A l’épreuve, le marché s’est montré plus fort que le mouvement hip-hop. La profession de dénonciateur ne nourrit pas souvent son homme car la demande ne suivait pas. L’un des précurseurs du hard core et puriste affirmé, Daddy Bibson, a conçu son dernier album, Philadelphia story, dans un style verbal moins dur qu’auparavant. Son ami Nit Doff, qui s’autoproclame par endroit «meilleur rappeur du Sénégal», par ailleurs fervent promoteur du hard core, a du mal à pulvériser les records. Pendant ce temps, le groupe Keur Gui a montré, à travers son album, Encyclopédie, qu’il a fait le choix de faire évoluer la tonalité de son discours, malgré son enracinement au hard core. Coalition Gnamu Mbam, Pinal Gang, et tant d’autres groupes de rap ont fait long feu. Pendant ce temps, l’aile du Hip-hop adepte de la musique variété ou rap ragga soul continue leurs chemins malgré l’âge. C’est le cas de Daara J, Positive Black Soul, Carlou D. Ils ont encore de quoi tirer profit de leurs spectacles dans un contexte de banalisation de la piraterie.
Le rap semble subir le diktat de l’audimat. Il est aisé de comprendre, au fil des années, l’assouplissement de la plume de certains rappeurs. Cependant, même si bon nombre d’entre eux disent ne plus se cantonner sur un genre, on trouve dans le «Game» quelques rappeurs qui n’ont d’yeux que pour le hard core. C’est le cas de Pinal Gang.

Le cas Pinal Gang
Originaire de la banlieue pikinoise, le discours de ce groupe de rappeurs était très engagé. Il croyait dur comme fer qu’avec le hard core, le rap sénégalais va retrouver son lustre d’antan. A l’épreuve, Pinal Gang s’est rendu compte à ses dépens qu’on ne devient pas millionnaire en récoltant une petite estime que ne se reflète pas dans les ventes. La sortie de leur premier album intitulé Balle perdue nama ray a été un rappel pour le grand public, de ce que faisait le Rap’adio, l’un des groupes précurseurs du hard core. Des textes teintés d’une dose de frustration ont été le soubassement de cet album. Mais perpétuer l’œuvre de Rap’adio ne pourrait être une fin en soi pour un artiste.
Pinal Gang mettra sur le marché son deuxième album intitulé Don de Dieu. Conçu sur les mêmes bases que Balle perdue nama ray, il s’avère être un flop. Le groupe ne s’en remettra pas. Tarek Barkha­me, qui avait fait beaucoup pour que Don de Dieu soit enregistré dans son home studio, est le premier à quitter le navire. Il sortira son album solo qui n’a pas été épargné par la critique. Copa perd en notoriété. Fina­lement, seul Zoom Mc a survécu au groupe.
Si Pinal Gang a quelque peu ravivé la flamme du rap hard core, l’on ne peut toujours pas affirmer que ce genre de rap connait un franc succès dans le milieu, ces dernières années. Cependant, des jeunes talents s’attèlent tant bien que mal à imposer cette variété du rap. Jihad underground, ce groupe originaire de Kaolack en est l’exemple parfait. Sur la forme, il fait de la musique rap très moderne. Même s’il revendique le hard core dans ses textes, il a mis de l’eau dans leur moulin. Dans ce contexte de remise en cause du hard core, Keur Gui s’érige quand même en groupe de rap gardien de l’héritage. Dans les années 90, le hard core avait fait des ravages....
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