Il est en train de s’investir pour que le maire de Dakar brigue les suffrages des Sénégalais à la prochaine élection présidentielle. Le coordonnateur du mouvement And dolel Khalifa Sall (Adk) estime que le Parti socialiste ne devrait pas faire autrement. Dans cet entretien, Babacar Diop révèle que le Président Macky Sall est en train de décrocher des responsables du Ps dans plusieurs localités du pays.
Vous êtes le premier à lancer un mouvement pour soutenir une candidature de Khalifa Ababacar Sall à la prochaine élection présidentielle. Comment se porte ce mouvement ?
Le mouvement And dolel Khalifa Sall (Adk) se porte à merveille. Nous l’avons créé en 2010 et nous avons fait la cérémonie de lancement en 2011, au Foyer des jeunes de Grand-Yoff. La massification a commencé au niveau national à partir de là. Bien sûr qu’on a eu quelques problèmes avec le maire de Dakar, à cause du Parti socialiste (Ps). Les gens n’avaient pas compris notre démarche. Certains disaient qu’on voulait créer un dysfonctionnement au sommet du Ps, une dualité entre le maire Khalifa Sall et le secrétaire général Ousmane Tanor Dieng. Le Maire nous a demandé d’arrêter le mouvement. A ce moment, il ne comprenait pas, peut-être, le sens de notre démarche parce que nous sommes un mouvement autonome qui ne dépend d’aucun parti politique, encore moins du Ps. Mais nous avons un objectif clair qui est de promouvoir l’image de Khalifa Sall, ses projets, sa vision et ses ambitions. Donc, c’est un mouvement constitué de ses sympathisants qui viennent de partout. L’écrasante majorité est composée de gens qui n’ont jamais fait de politique. C’est la raison pour laquelle nous n’avons pas beaucoup de problèmes, parce qu’il n’y a pas assez d’esprit politique dans le mouvement. Nous sommes représentés au niveau national et international. Sur les 599 collectivités du Sénégal, nous existons sur les 522. Nous sommes dans les 45 départements du pays. L’avenir nous a donné raison. Au moment où nous créions le mouvement en 2010, les gens ne connaissaient pas bien Khalifa Sall. C’est en 2014 que les gens ont réellement commencé à croire au leadership de Khalifa Sall. Nous avons cheminé avec lui à travers les Jeunesses socialistes. Nous connaissons la personne et ses capacités.
Au début, c’est pour reconquérir la Ville de Dakar. Après sa réélection, nous avons lancé le mouvement au niveau national. C’est ainsi que nous avons fait une tournée nationale qui n’est pas encore finie, mais qui est à un stade très avancé. Sous peu, nous comptons organiser le lancement national du mouvement à Tambacounda les 11, 12 et 13 mars. Tous les quarante cinq responsables des départements et des réseaux seront là bas. Et nous allons installer un comité national, un bureau exécutif et un Cadre de réflexion, d’orientation et de suivi (Cros).
En organisant cette activité à Tambacounda, cherchez-vous à répondre à ceux qui disent le mouvement Adk n’existe qu’à Dakar ?
Ces gens là, ou ils sont mal intentionnés, ou ils ne connaissent pas la personne de Khalifa Sall. Il a été responsable des Jeunesses socialistes durant de longues années. Dire que quelqu’un qui occupe des responsabilités nationales au sein du Parti socialiste n’est pas connu, c’est tout simplement être mal intentionné. Khalifa Sall est connu au niveau national et international.
Quand est-ce que Khalifa Sall a accepté que vous lanciez ce mouvement du moment qu’il était réticent au départ ?
Disons que nous avons sa bénédiction et depuis très longtemps. En 2012, il a fait appel à moi pour me demander de convaincre mes collaborateurs d’intégrer le Parti socialiste. A ce moment, je lui avais répondu que ces gens étaient prêts à le soutenir en tant que leader, mais ils n’étaient pas prêts à intégrer le Ps. Le mouvement Adk est un réceptacle des amis et des sympathisants de Khalifa. Ils ne sont pas des politiques. Ils ont un espoir en la personne de Khalifa Sall grâce à sa façon de faire de la politique. Je suis membre du Comité central, mais j’avoue que je ne suis pas convaincu de la façon dont le parti géré. Le Ps fonctionnait beaucoup mieux qu’aujourd’hui. Toutefois, chaque leader a sa façon de manager. Ce n’est pas évident que tous les responsables du Ps soient en phase avec le secrétaire général Ousmane Tanor Dieng. En tous cas, je ne le suis pas et je le partage avec beaucoup de responsables socialistes. N’empêche que je ne remets pas en cause son leadership. En tant un Socialiste, il reste mon responsable au niveau du parti.
Selon vous, est-ce que le choix d’un candidat à la prochaine élection présidentielle ne va pas diviser le Ps au regard des tendances qui se dégagent ?
En tout cas, nous avons cru à la candidature de Khalifa Sall depuis très longtemps. Quand nous portions ce débat, les gens n’osaient même pas en parler. Nous avons porté sa candidature pour plusieurs raisons. Lors de l’élection présidentielle de 2012 par exemple, monsieur Ousmane Tanor Dieng avait dit qu’il céderait la place à la nouvelle génération. En tant que responsable de ce parti, nous avions jugé nécessaire de porter la candidature de Khalifa Sall. Pour moi, ceux qui ont gagné doivent gouverner et les perdants doivent s’opposer. Cela veut que je ne crois pas à cette coalition de façade qu’est le Benno bokk yaakaar. Le Ps devait prendre ses responsabilités pour soutenir son fils. Nous ne pouvons pas nous contenter de deux ministres sur X postes, pour dire que nous sommes des collaborateurs. Je suis désolé, monsieur le secrétaire général. Nous ne sommes pas des partenaires de monsieur Macky Sall ! Sur une quarantaine de ministres, nous n’en avons que deux. Il y a X ministre-conseillers que nous ne connaissons pas. En tant que Socialiste, je me réclame de l’opposition.
Certains de vos camarades socialistes élèvent la voix pour réclamer la candidature du secrétaire général Ousmane Tanor Dieng. Qu’en pensez-vous ?
C’est de l’enfantillage. Ceux qui réclament la candidature de Tanor ne respectent pas les Socialistes. Ils ne respectent même pas le secrétaire général, encore moins la population sénégalaise. Ousmane Tanor Dieng dirige le Ps depuis 1996. Il a été le directeur de campagne de Abdou Diouf en 2000. On nous avait laminés. En 2007, on nous avait encore laminés. En 2012, nous avons été écrasés. De 42% en 2000, on est arrivé à 11% en 2012. Et c’était la coalition Benno ak Tanor composée du parti de Haïdar El Ali, Aj/Pads de Landing Savané, une vingtaine de mouvements de soutien, entre autres. Nous n’avions pas dépassé 11%. Aujourd’hui, on nous agite encore la candidature de Tanor. C’est nous manquer de respect. Nous sommes des citoyens qui réfléchissent. De grâce, il faut sonner cette alternance générationnelle.
Nous ne disons pas que Khalifa Sall sera forcément le candidat du Ps, mais nous le réclamons. Ousmane Tanor Dieng est assez intègre pour respecter les engagements qu’il avait pris vis-à-vis des Socialistes et de la population sénégalaise. On avait sanctionné Abdoulaye Wade parce qu’il avait fait du wax waxeet. J’espère que Tanor ne le fera pas.
Vu ses relations avec le Président, peut-on s’attendre qu’il se prononce en faveur de la candidature de Macky Sall ?
Apparemment, l’écrasante majorité des Sénégalais a cette lecture. Comme il ne s’est pas prononcé officiellement, je ne peux pas m’exprimer là-dessus. Toutefois, si nous voulons un candidat socialiste, nous devrions nous comporter autrement. On ne peut pas continuer à nous faire croire qu’il faut attendre jusqu’après le référendum pour se prononcer sur la question de la candidature. Une élection présidentielle se prépare. Ce sera très difficile en moins d’un an. Heureusement que nous avons commencé à descendre sur le terrain, en attendant que les choses s’éclaircissent au sein du Ps. Ce qui est sûr et certain est que nous resterons dans le Ps.
Etes-vous de ceux qui disent que le Ps a suffisamment de raisons pour quitter la coalition Benno bokk yaakaar depuis les élections locales de 2014 ?
La coalition Benno bokk yaakaar n’a plus sa raison d’être. Au deuxième tour de l’élection présidentielle de 2012, nous savions tous que Macky Sall allait gagner sans ou avec Benno bokk yaakaar. Le mot d’ordre, c’était du tout sauf Wade. Ensuite, cette coalition reflète un manque de courage de la part de Macky Sall. Il cherche toujours un oasis de paix. La preuve est qu’il n’ose même pas achever le boulot qu’il avait entamé avec la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei). Beaucoup de ténors libéraux qui avaient été cités sont allés le rejoindre. Ce qui s’est passé aux élections locales de 2014 était un motif suffisant pour quitter Benno bokk yaakaar. C’était cette coalition qui faisait face à Khalifa Sall. Mais Macky Sall est allé beaucoup plus loin. Il est en train de décrocher des responsables socialistes. L’avenir nous jugera sous peu. A travers ces tournées politiques, il débauche des responsables du Ps. Il se dit partenaire et partout où il va, il décroche des responsables socialistes sans gène. Par respect, je ne peux les citer.
Mais pouvez-vous nous parler des localités concernées quand même ?
C’est le cas à Kaolack, à Matam etc. Il y a des députés socialistes qui sont prêts à rejoindre Macky Sall si le Ps présente un candidat. Qu’est-ce que le Ps a à faire avec deux ministres ? Nous ne pouvons pas promouvoir des intérêts personnels au détriment de l’intérêt commun de dizaines de milliers de Socialistes.