La 65e édition du Magal de Mame Diarra Bousso se tient aujourd’hui à Porokhane (dans la région de Kaolack). L’évènement religieux dédié à la mère du fondateur du mouridisme accueille chaque année des milliers de pèlerins pour célébrer la vertueuse Sokhna Diarra. Un rappel sur sa vie et son œuvre.
Elle n’a pas vécu longtemps, mais sa mémoire se perpétue à travers les générations. Sokhna Mariama Bousso dite Mame Diarra Bousso, née vers 1833 à Golléré, a disparu en 1866 à l’âge de 33 ans. Une vie courte mais qui laisse un héritage incommensurable. Aujourd’hui, Porokhane connaîtra, comme chaque année, une grande affluence à l’occasion de cet événement religieux, avec des milliers de disciples venant de partout pour célébrer la vertueuse ascendante de Cheikh Ahmadou Bamba.
Considérée comme l’idéal de la femme en Islam, elle a su, en seulement 33 ans, marquer son empreinte. Sokhna Diarra descendrait, de par son père Mouhamadou Bousso, de Hassan, petit-fils du Prophète (PSL). Sa mère Sokhna Asta Walo, qui aurait vécu cent trente huit (138) ans, enseignait le Coran. L’on raconte qu’elle récitait, depuis l’âge de trente ans, chaque nuit, tout le Saint Coran en huit (8) Rakka. De son ascendance aussi bien paternelle que maternelle, Sokhna Diarra a donc hérité d’une forte tradition d’érudition en Sciences coraniques, et d’une profonde piété. Sous la férule de sa vénérable mère Soxna Asta Walo, elle aurait achevé à 14 ans son premier Muçhaf (rédaction de mémoire du Saint Coran). En elle se retrouvent incarnées toutes les valeurs culturelles de l’islam. D’ailleurs, le surnom de Jâratu Lâhi (voisine de DIEU) qui donnera le diminutif Diarra lui a été attribué grâce à ses nombreuses qualités spirituelles et humaines.
Sokhna Diarra, dit-on, ne s’est jamais plainte, n’a jamais rechigné à la tâche, ce, pour la seule gloire de Dieu et de son Prophète (Paix et Salut sur Lui). Dans le sillage de la tradition familiale, elle s’est appliquée à perpétuer la vivification des foyers de formation religieuse, la mémorisation du Coran, l’enseignement des sciences religieuses et la pratique du soufisme. Ainsi, elle est arrivée à une maîtrise parfaite de la théologie, de la jurisprudence et du Tassawuf.
Des biographes de Mame Diarra Bousso racontent que, jamais de sa vie, elle n’a manqué une prière. Mieux, elle n’a jamais accompli une prière sans la faire précéder d’ablutions scrupuleusement exécutées. De même, chacune de ses prières, soigneusement accomplie à l’instant requis et dans l’orthodoxie la plus pure, étaient invariablement conclue par une séance de wird. La plupart de son temps, elle le consacrait à la lecture ou à la récitation du Coran, sinon, elle formulait des prières en faveur du Prophète (çalâtu cala-n- Nabî).Elle ne manquait jamais à son devoir de solidarité sociale à travers les aumônes qu’elle distribuait généreusement, sans ostentation ni mépris pour le récipiendaire.
Faute de recevoir un contre-ordre de Serigne Mame Mor Mbacké (son époux), on raconte qu’il lui est arrivé de passer une nuit entière sous une forte pluie, tenant un pan de clôture et attendant, jusqu’aux premières lueurs de l’aube, l’ordre d’abandonner ledit pan que son époux lui avait demandé de tenir. Cette anecdote bien ancrée dans la mémoire collective des croyants a été chantée par pas mal d’exégètes du mouridisme. Ce, pour s’en servir comme exemple afin d’instruire toutes les femmes à leurs devoirs vis-à-vis de leurs époux.
Sous la plume des poètes, Serigne Moussa Kâ et Serigne Mbaye Diakhaté, on peut lire des hommages appuyés : ‘’Tu étais l’épouse modèle quand les autres étaient source de soucis. Ô championne, tu triomphas dans l’arène où exultaient les fils des épouses dites vertueuses. C’est pourquoi leurs fils se font domestiques alors que le tien se tient, lui, sur un piédestal. Tu fis ce que nul ne fit ni ne put, c’est pourquoi nul n’aura après toi une telle récompense, Ô Mame Diarra’’ ; ‘’Tu n’étais point usurière et tu n’étais point source de conflits. Tu ne disais que la vérité et tu t’y astreignais.’’
Plus d’un siècle après sa disparition, Mame Jaaratu Lahi demeure l’incarnation féminine d’une piété générée par une pure connaissance des sciences religieuses.