Les fidèles chrétiens sont entrés hier dans le temps du carême axé essentiellement sur trois pratiques pénitentielles : le jeûne, la prière et l’aumône. EnQuête est allé à la rencontre de quelques fidèles.
Les chrétiens ont entamé, hier ‘’mercredi des cendres’’, le temps de carême. Ce moment de conversion permet aux chrétiens de revenir vers le Seigneur. Ces 40 jours reposent sur trois piliers pénitentiels à savoir la prière, le jeûne et l’aumône. Si d’aucuns fidèles se focalisent plus sur la prière et l’aumône, d’autres privilégient le jeûne et la prière.
Vêtue d’un leaguns noir assorti d’une chemise jaune, Chantal Badiane lit attentivement son mandement de carême. Chapelet noué sur le poignet de sa main droite, ce trentenaire entend vivre pleinement cette période. Pour elle, ce temps saint lui permet de se repentir et d’avoir un autre regard sur la vie. ‘’Les trois piliers sont les fondements du carême. C’est un devoir et une obligation de les respecter. C’est 40 jours de jeûne, de prières et d’aumône. Même si, je ne peux pas jeûner tous les jours, je prierai et ferai l’aumône, tous les jours’’, s’engage Chantal. Pour elle, le fait de se priver de nourriture et ne pas faire d’aumône ni prier n’est pas recommandé par l’Eglise. ‘’Le Carême nous permet de revisiter en Eglise notre foi au Dieu Père qui nous redit son amour en Jésus-Christ. Puisse l’Esprit Saint nous soutenir dans notre marche vers Pâques.’’
Le jeûne, l’aumône et la prière se valent
Non loin d’elle, Alex Ndour rappelle d’abord les trois pratiques pénitentielles très chères à la tradition biblique et chrétienne. ‘’Le jeûne a comme ultime finalité d’aider chacun d’entre nous à faire un don total de soi à Dieu. Que le Carême soit donc mis en valeur, dans toutes les familles et dans toutes les communautés chrétiennes, pour éloigner de tout ce qui distrait l’esprit et intensifier ce qui nourrit l’âme, en l’ouvrant à l’amour de Dieu et du prochain’’, souhaite-t-il. Mais son constat est que parmi ces trois piliers, le jeûne est souvent oublié. ‘’Toutes les trois pratiques se valent. Je jeûne tous les 40 jours. Je sais que l’obligation, c’est les mercredis et les vendredis. L’essentiel, c’est de respecter strictement les trois piliers’’, dit-il.
Assis sur une chaise, Joseph Tine égrène son chapelet, en attendant le début de la messe. Les cheveux blanchâtres donnent une idée sur son âge. Pour ce quinquagénaire, la préparation du carême exige une purification. ‘’Ce qui me plaît le plus, c’est le jeûne. Il ne s'agit pas de brimades, de privations. Il s'agit plutôt de vie meilleure, de croissance. C'est bien rare, s'il est question de choisir entre la viande et le poisson, ou de se priver de bière. Il faut jeûner par envie de revanche, pour lutter contre la vantardise, l'égoïsme, la jalousie, la médisance’’, enseigne M. Tine.
Le vieux Jacob Gomez lui compte vivre son temps de carême dans la prière, ‘’cet entretien, dit-il, avec Dieu’’. ‘’C'est parler à Dieu, parler au Christ pour lui confier notre vie, la vie de ceux qui nous sont chers. Parler à Dieu pour Le remercier, pour Le supplier, pour demander pardon. Concrètement, pendant le carême, il faut prendre au sérieux les rendez-vous de prières qui nous sont proposés : les conférences de Carême et les prédications dominicales qui soutiennent notre prière’’, dit-il.
A l’en croire, l'aumône, ce n'est pas ‘’un petit sou. Jésus, ajoute-t-il, vous le rendra’’. ‘’Il est question de notre argent. Chaque jour, les médias nous mettent sous les yeux les immenses drames de la misère. A côté de nous vivent les pauvres. Mais la tentation est grande de nous blinder, pour éviter d'ouvrir les yeux, les oreilles, les mains, le cœur. Notre religion est une religion de la main tendue. L'aumône, le partage, c’est précisément le geste de grâce par lequel je me laisse toucher par la misère des autres’’, confie M. Gomez.