Inauguré il y a un peu plus d’un an, le Centre de prise en charge intégrée des addictions de Dakar (CEPIAD) a reçu 3431 personnes en consultation dont les 2119 pour addiction, 725 au service médical, 131 en psychologie et 474 cas sociaux. Tel est le bilan 2015 de cette structure pilote dans notre sous région et dont l’enquête à la base de la construction avait révélé en 2011 que parmi 1324 utilisateurs de seringues dans la région de Dakar, les 9, 2 % étaient vulnérables au vih sida. La journée de portes ouvertes organisée samedi dernier a été rehaussée par la présence de plusieurs hautes personnalités de la santé dont Mme Safiétou Thiam, secrétaire exécutive du CNLS.
Premier dans la région ouest africaine, le Sénégal est en train de marquer des points dans la prise en charge des usagers de drogues dures. En effet, les journées portes ouvertes organisées samedi dernier au Cepiad ont permis de dresser le bilan d’un an de fonctionnement de cette structure de soins logée à l’intérieur de l’hôpital de Fann.
Ainsi au total, 3431 personnes ont été consultées dont 2119 par un adictologue, 725 au service médical, 131 en psychologie et 474 cas sociaux. Ce qui fera dire à Mme Fatou Diop, chargée du suivi et évaluation du centre que plusieurs centaines de personnes droguées des quartiers de Grand Dakar, Ouagou Niayes, Grand Yoff, Séras, Thiaroye, Dieupeul, entre autres localités de la région de Dakar, ne sont plus dépendants ou accros des drogues injectables. Grâce à la prise en charge des spécialistes qui procèdent à des descentes sur le terrain pour sensibiliser les adeptes de drogues injectables, beaucoup de changement ont été constatés notamment dans l’utilisation de la seringue. La chargé du programme de renseigner ensuite que les drogués partageaient et réutilisaient les seringues de 60 ML et s’exposaient à de nombreuses maladies infectieuses et chroniques.
Grâce à l’appui du Comité national de lutte contre le sida (CNLS), des partenaires internationaux dont Esther, Expertise France, La mairie de Paris, l’Onudc, l’Oms entres autres, le Centre a pu se déployer rapidement. En un an de fonctionnement, il a par ailleurs décelé que 23,3 % des usagers de drogue dans la région de Dakar sont atteints d’hépatite C et 5,2 % touchés par le Vih Sida. Sans compter les cas de tuberculeux et autres maladies infectieuses et chroniques liées à la contamination dans l’utilisation collective de seringue. Une soixantaine de décès parmi ces personnes a été enregistrée de septembre 2015 à maintenant. « Nous avons une équipe mobile qui se déplace tous les jours dans les quartiers de Dakar vers les grands consommateurs.» A précisé Mme Diop qui salue la guérison de plusieurs patients dont la thérapie est à base de méthadone et leur réinsertion sociale alors que beaucoup d’entre eux étaient auparavant rejetés par leurs familles. Concernant leur occupation durant leur séjour au Cepiad, les patients sont initiés à des activités artistiques dont les œuvres sont vendues au public et d’autres formations en sus de l’alphabétisation et ils prennent leurs repas en commun.
La décentralisation des soins en question
Au-delà des activités qui se déroulent dans ce centre, les responsables n’ont pas oublié de lister les maux qui risquent de plomber son fonctionnement. Le déficit de moyens est à déplorer ainsi que le manque de ressources humaines. L’utilisation des drogues injectables dans les autres régions et localités du pays appelle à une décentralisation des soins vers des lieux comme Mbour, Ziguinchor, Saint Louis etc. La menace de retrait des bailleurs inquiéte également et le taux faible de fréquentation des femmes fait partie des préoccupations avancées par les responsables.
Ils ont ensuite fait état de 93 dossiers de personnes en attente de prise en charge par ce centre qui a déjà inspiré beaucoup de pays de la sous région et qui ont déjà commandité des études sur l’ampleur de l’utilisation des drogues injectables afin de construire une structure similaire.
AWA MARIE COLL SECK, MINISTRE DE LA SANTE ET DE L’ACTION SOCIALE : «Le bilan du Cepiad est très encourageant»
« Le bilan réalisé par le Cepiad au bout d’un an de fonctionnement est largement positif et très encourageant. » Ces notes du ministre de la santé et de l’action sociale ont été délivrées par le Dr Marie Khemess Ndiaye, directrice de la lutte contre les maladies sa représentante à la journée de portes ouvertes. Dans son discours, la porte parole d’Eva Marie Coll Seck a même trouvé que le bilan de ce centre doit être partagé avec l’ensemble de la communauté des partenaires. Dans son message lu par Mme Khemess, le ministre a indiqué que la consommation de drogue constitue une préoccupation majeure dans notre pays du fait de ses conséquences négatives pour l’économie et la santé des populations. Ce qui justifie la mise en place du Cepiad qui propose un dispositif de soins tout en contribuant dans l’amélioration de la santé des populations, selon elle.
Pour sa part, le directeur du Chu de Fann, Cheikh Tacko Diop a salué l’existence de ce centre qui a donné aujourd’hui la possibilité aux consommateurs de drogues de recourir à des soins spécialisés et adaptés dans une seule et même unité. Selon toujours le directeur du Chu de Fann, dont le message a été également transmis par le chargé de communication, 14 mois après son inauguration, le bilan incite à redoubler d’efforts en prenant en charge de manière holistique une population fortement stigmatisée. Sans oublier de remercier les partenaires (CNLS, ESTHER, ANRS, MDP, ONUDC, etc.) qui ont accompagné ce programme et permis de réaliser les performances effectuées.