L’historien sénégalais Cheikh Anta Diop (1923-1986) défendait encore en mai 1985 sa thèse de l’antériorité de la race noire sur les autres, dans une interview avec "For the people", une chaîne de télévision éducative de la Caroline du Sud (Etats-Unis).
"En toute rigueur scientifique, le premier homme de la terre était un noir qui va se différencier pour donner naissance aux autres races", a soutenu l’universitaire.
Dans l’interview accordée à la télévision américaine, Cheikh Anta Diop, restaurateur d’une conscience historique africaine, décédé le 7 février 1986, à l’âge de 62 ans, soutenait moins d’un an avant sa mort que "si l’on s’en tient uniquement sans préjugés aux données scientifiques, on est obligé d’affirmer en toute sérénité que c’est l’adaptation [du noir au] climat froid qui a donné finalement naissance au type leucoderme ou homme blanc".
"Le blanc est sorti du noir à la suite d’un processus d’adaptation à un climat froid. Et cela, tous les spécialistes le savent dans leur for intérieur, même s’ils ne le disent pas avec autant d’honnêteté", a insisté le savant sénégalais.
L’Université Cheikh-Anta-Diop de Dakar commémore ce dimanche la mort, il y a trente ans, jour pour jour, de ce chercheur qui a travaillé sur l’historicité des sociétés africaines, l’antériorité de l’Afrique, l’africanité de l’Egypte et d’autres sujets de recherche.
"L’humanité, en sortant de l’Afrique et en s’adaptant aux différents climats de la terre, a donné naissance aux différentes races. Voilà comment les races sont nées. La race est donc une notion géographique", affirme Cheikh Anta Diop dans l’interview à la télévision "For the people", le 16 mai 1985.
"Si le premier homme n’était jamais sorti de l’Afrique, il n’y aurait pas eu de différenciation raciale. Et l’humanité serait homogène et noire", a-t-il répondu à la question du journaliste de savoir où se situait l’homme noir dans l’évolution de l’espèce humaine.
Cheikh Anta Diop, surnommé "Le Pharaon du Savoir" en raison de son immense savoir à la fois d’historien, d’anthropologue et de physicien, déclare aussi que "le reste de la terre n’aurait pas été peuplé", il "serait désert", si l’homme noir si le l’homme de race noire était resté en Afrique. "Il y aurait une seule humanité noire cantonnée en Afrique. Le reste de la terre ne serait pas habité."
"Aujourd’hui, la science sait de façon sûre que l’humanité a pris naissance en Afrique, sous la latitude du Kenya, dans cette région à cheval sur le Kenya, l’Ethiopie et la Tanzanie, qui va même jusqu’en Afrique du Sud en suivant un axe Nord-Sud", a-t-il argué.
"Hors, une telle humanité, qui est née sous une telle latitude au niveau de l’équateur, n’aurait pas dû survivre si elle n’était pas pigmentée noire dès son apparition", a-t-il poursuivi, soulignant que "la nature ne crée rien au hasard et elle a protégé l’humanité qui est née sous l’équateur, en Afrique, par un écran de mélanine".
C’est quand cette "humanité" est sortie de l’Afrique pour peupler le reste de la terre qu’elle a changé d’aspect, en fonction des régions géographiques, selon Cheikh Anta Diop.
"La nature a créé six spécimens d’hommes avant d’arriver à celui d’aujourd’hui. Les trois premiers spécimens ne sont jamais sortis de l’Afrique, estimant qu’ils sont le début de l’humanité, puisqu’on ne les retrouve ni en Europe, ni en Asie et encore moins en Amérique", a-t-il encore soutenu.
Il explique : "Le troisième est sorti de l’Afrique. Le quatrième et le cinquième ont disparu. Il ne reste que le sixième qu’est l’homme que nous sommes, l’homo sapiens-sapiens."