C’est une question loin de chez nous, géographiquement, mais qui se passe aussi, à bien des égards, au Sénégal. Elle se passe à Londres et a les mêmes répercussions que dans nos murs. Le Groupe de travail de l’Onu a publié hier un avis favorable à Julian Assange, estimant, selon Libération.fr, que la détention du fondateur de Wikileaks est «arbitraire», considérant qu’il a été soumis à «une privation continue de liberté», de son séjour de dix jours à la prison de Wandsworth, en décembre 2010, à son confinement dans l’ambassade équatorienne à Londres, en passant par son assignation à résidence dans un manoir à 200 kilomètres de Londres. Par conséquent et entre autres griefs, les experts de l’Onu concluent que M. Assange doit être «libéré et indemnisé».
Si l’homme qui a bouleversé le monde des secrets et les secrets du monde a crié victoire hier face aux caméras, brandissant une copie de la décision du Groupe de travail, Londres et Stockholm n’entendent pas pour le moment exécuter cette décision. En effet, l’Angleterre et la Suède considèrent que cet avis n’est pas «légalement contraignant».
Londres sur la ligne de Dakar
Alors, c’est le même organe des Nations unies qui a émis un avis en 2015 sur la détention de Karim Wade et dans les mêmes termes. Avis qu’il a confirmé il y a quelques jours en faveur de l’ancien ministre sénégalais condamné à 6 ans ferme pour enrichissement illicite. Dakar, qui a toujours contesté ces avis, campe sur ses positions, réitérant sa «souveraineté judiciaire» et le principe de la chose jugée pour ne pas libérer Wade-fils encore moins l’indemniser. Sans doute, Londres pourrait être un «laboratoire» de ce qui se décidera au Sénégal dans l’affaire Karim Wade. Si le Royaume-Uni cède à la pression des experts des Nations unies en laissant Assange libre de tout mouvement, la défense du fils de Abdoulaye Wade aura un argument de taille à faire prévaloir. Si au contraire et comme cela se dessine au vu de ses réactions, le gouvernement britannique continue de confiner encore l’Australien dans l’ambassade équatorienne, les autorités sénégalaises pourront consolider leur décision. Après tout, qu’un membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies ne se conforme pas aux décisions de l’organisation, un non permanent ne commettrait pas un péché en le suivant.