Des patients sous traitement au Centre de prise en charge intégrée des addictions de Dakar (CEPIAD) réclament la mise en place d’une politique capable d’assurer leur réintégration sociale et de les aider à renoncer définitivement à la drogue.
Au CEPIAD, un établissement installé en décembre 2014 au centre national hospitalier universitaire de Fann, visité samedi par une journaliste de l’APS, il est facile de reconnaître les patients. Certains d’entre eux montrent des signes de nervosité ou font la moue.
Chez d’autres, la drogue a laissé des cicatrices sur le visage : des lèvres enflées, un corps tremblant sans discontinuer, etc.
"Je suis là depuis plus d’un an. Mon séjour au centre m’a permis d’abandonner la drogue. Je suis maintenant plus conscient de mes actes. C’est aussi grâce à mes enfants et à ma femme que je tiens le coup", confie Djibo Kaba, le visage maltraité par les stupéfiants.
Ce patient du CEPIAD dit souhaiter rompre définitivement avec la drogue. "Il est important que les autorités veillent à notre réinsertion, pour notre bien-être, pour le bien-être de la société. La tentation de replonger dans la drogue est fortes", affirme-t-il, suggérant que d’autres centres de prises en charge des addictions soient construits dans chacune des régions du pays.
El Hadji Sow, 30 ans, explique qu’il suit un traitement au CEPIAD depuis l’ouverture de la structure de santé en février 2015. "Depuis le début, je suis là. Je me portais mal au début. Maintenant, je me sens beaucoup mieux", dit-il, souhaitant, lui aussi, la mise en place d’une politique de "réinsertion" des malades victimes des drogues, à la fin du traitement médical.
Derrière son visage boursouflé et sa bouche édentée se cache un homme attendrissant, en compagnie d’une fille de dix ans, dont il ne cesse de caresser la tête. M. Sow remercie le personnel du centre de lui avoir permis de recouvrer la santé et de pouvoir s’occuper davantage de sa fille.
Ndèye Khady Dione, une patiente du CEPIAD, n’affiche à première vue aucun signe d’addiction à la drogue, mise à part sa minceur. Vêtue d’un jolie tenue traditionnelle et joliment coiffée, "La Belle Gazelle", comme l’appelle un autre patient, affiche une mine radieuse.
Le sourire aux lèvres, elle accueille chaleureusement les invités de la "journée portes ouvertes" du CEPIAD, ce samedi 6 février 2016, et les oriente vers les sièges prévus pour eux.
En plus du traitement offert aux patients, le centre leur fait faire du jardinage, de la peinture, de la teinture et de l’élevage de volailles. Les revenus tirés de ces activités permettent d’assurer la restauration des patients, selon les responsables du centre.
Derrière le bâtiment abritant les services du CEPIAD se trouve un petit jardin, dont l’entretien est assuré par Awa Diop Bâ. "J’apprends les patients à cultiver des haricots, des salades, des tomates, de la menthe…" explique-t-elle.
Dans la salle de peinture, Ameth Issa Guèye, le responsable de la formation des patients, présente les œuvres produites par les patients. Des tableaux représentant des villages, des visages d’hommes et de femmes embellissent les murs de la salle.
En face du bâtiment, sont exposés des tissus teints de diverses couleurs. "Ce sont les patients qui ont teint tous ces tissus", affirme François Délamo, l’un des agents du CEPIAD.
Ce centre est le premier lieu spécialisé dans le traitement des personnes victimes d’addiction aux drogues, en Afrique de l’Ouest.
A l’intérieur de la structure sanitaire se trouve une pharmacie qui leur fournit gratuitement de la méthadone, un substitut à l’héroïne.
"Plus de deux mille" consultations ont été enregistrées au CEPIAD, où 405 patients ont reçu un traitement, un an après le démarrage des activités de la structure.