Le maire de la ville de Dakar a réussi hier une forte mobilisation au cours de son rassemblement contre l’attitude du pouvoir central à qui il dispute l’aménagement de la mythique Place de l’Indépendance.
L’appel à la mobilisation émis par le maire de Dakar, Khalifa Sall, a trouvé échos au sein des populations dakaroises qui ont sonné la mobilisation des grands jours. Hier, nombreux ont été les citoyens dakarois qui ont rallié l’Hôtel de ville de la capitale. 15 h, le parvis de cette mythique place refusait déjà du monde. Jeunes, femmes, vieux, les gens venaient de tous les coins et recoins de la capitale sénégalaise. Comme s’ils s’étaient passé le mot, tous sont vêtus de tee-shirt blanc à l’effigie de Khalifa Sall.
Sur ces tee-shirts et autres pancartes arborés par les manifestants, on pouvait lire ‘’Dakar soutient Khalifa Sall’’, ‘’J’aime Dakar avec Khalifa Sall’’. Bref ce ne sont pas les messages et les slogans qui ont manqué lors de ce rassemblement organisé par le maire socialiste qui a tenu à faire, devant ses administrés, une reddition du projet d’aménagement de la Place de l’indépendance. Le slogan le plus marquant, entonné par les manifestants, a été : ‘’Khalifa Mo yeungeul Macky. Khalifa Mo Titeul Macky’’ (Khalifa Sall fait peur à Macky Sall). Ces slogans et autres tracts lancés ont souvent été accompagnés de pas de danse et des sifflements qui raisonnaient dans l’enceinte de cette bâtisse.
16h, les manifestants continuent toujours d’affluer à l’Hôtel de ville de Dakar. Par groupe, ils arrivent sur les lieux avec beaucoup d’engouements et de motivations. Les militants de Grand Dakar avec à leur tête Bassirou Samb, ont surtout attiré l’attention du public en réussissant une entrée spectaculaire avec des chansons qui constituent leur signal d’arrivée. ‘’Soko lalé, soko lalé yako togne’’. Ils laissent entendre à travers ce slogan, que Khalifa Sall n’est en réalité qu’une victime dans cette affaire.
Le ton ainsi donné, les souteneurs de Khalifa Sall préviennent contre toute tentative d’oppression de la part du régime. ‘’Nous avons tenu à assister à ce rassemblement pour manifester toute notre indignation face à l’attitude du régime en face et face à la dictature rampante’’, fulmine Bassirou Samb pour qui, ‘’il est inadmissible au stade où se trouve la démocratie dans le monde, qu’on veuille empêcher à un maire légalement élu d’exercer ses droits’’. ‘’Je pense qu’un Etat responsable et sérieux devrait se concentrer autour de ses missions régaliennes au lieu de se battre pour la réfection d’une place’’, soutient-il. Et d’ajouter : ‘’Nous avons voulu montrer par cette manifestation que les Dakarois sont prêts à faire respecter leur choix. Khalifa, nous l’avons élu et nous comptons le protéger contre le monstre qui est de retour’’, rouspète Bassirou Samb.
REACTIONS
BARTHÉLÉMY DIAS, MAIRE DE MERMOZ SACRÉ CŒUR
‘’Nous exigeons d’être respectés, trop c’est trop’’
‘’Les Dakarois ont répondu à l’appel du Maire de Dakar. Ils se sont réunis pour le respect des textes et des lois en vigueur. Il ne s’agit pas aujourd’hui de défier un Etat, il s’agit pour Dakar de faire comprendre à l’Etat que la commune fait partie du Sénégal. Et qu’à ce titre, les Dakarois ont choisi leurs maires et leurs Conseillers municipaux ; sachant que l’Etat central a le devoir et la responsabilité de respecter leur choix. C’est un combat de principes, de valeurs, nous n’allons pas être arrêtés par des gaz lacrymogènes. Nous n’allons pas être arrêtés par des forces de l’ordre, parce que nous n’avons pas de problème avec l’ordre public.
Nous avons un problème avec la violation permanente des lois en vigueur en matière de décentralisation. Ce n’est pas parce qu’on est le président de la Fédération sénégalaise de football qu’on peut décider qu’une touche devienne un pénalty, ce n’est pas possible. On ne change pas les règles de jeu pendant le match. Il y a une loi, celle-ci est au-dessus de tout arrêté, article, décret et de toute considération personnelle. Nous respectons le Président Macky Sall parce qu’il a été élu. Nous exigeons en retour que nous soyons respectés en tant qu’élus. Nous n’avons jamais vu un Etat central qui se querelle à cause de la gestion des ordures avec les collectivités locales. Trop c’est trop et nous prions que nous sortions victorieux de ce combat. L’acte 3 de la décentralisation a toujours été critiqué.’’
SEYDINA ISSA LAYE SAMB (S. G. DES JEUNESSES SOCIALISTES DE DAKAR)
‘’Nous allons nous opposer par toutes les manières Républicaines’’
‘’Notre rassemblement d’aujourd’hui a pour but de lutter contre une forfaiture que l’Etat veut imposer à la ville de Dakar. Nous nous sommes rassemblés pour dire non aux actions que l’Etat tente de faire depuis l’installation du Conseil municipal, après les élections locales de 2014. Nous avons démarré avec l’emprunt obligataire, ensuite nous avons eu le problème des ordures et en troisième lieu ce problème survient. C’est pour cela qu’un appel a été lancé à toutes les jeunesses de Dakar, afin qu’elles se retrouvent ici pour barrer la route à ces personnes qui ne sont pas des démocrates. En tant que jeunes, nous comptons nous opposer par toutes les manières républicaines, c’est-à-dire faire ce que nous devons faire dans le respect des institutions et aussi profiter de ce que la Constitution nous offre, le droit de marcher et d’exprimer notre insatisfaction par rapport à ce qui se passe dans ce pays. Ce projet, il faut le noter, c’est un projet structurant.’’
JEAN BAPTISTE DIOUF, MAIRE DE GRAND DAKAR
‘’Il n’y a pas d’incapacité’’
‘’Nous voulons dire à l’autorité que sa méthode de faire n’est pas la bonne. Qu’on laisse la mairie travailler avec Khalifa Sall pour réaliser les projets de la ville de Dakar. Ses projets sont des projets structurants qui remportent de l’argent et qui permettent aux populations d’arriver à une situation de désenclavement de la capitale. La commune est enclavée parce qu’il y a trop de véhicules, tout est difficile. Mais ce ministre qui dit que le projet de la ville de Dakar est fictif doit aller au Trésor, car l’argent a été viré depuis le mois de décembre.
Il y a 4 milliards de F CFA, et cet argent est dans les comptes de la ville de Dakar. Le budget arrêté en recettes et en dépenses est à 63 milliards de F CFA cette année. Alors s’ils veulent vérifier, ils n’ont qu’à appeler le percepteur pour demander si l’argent est disponible. Il n’y a pas d’incapacité, l’argent est là et il y a le projet. Ils nous ont bloqués avec l’emprunt obligataire, mais nous sommes des financiers, des hommes qui connaissent comment fonctionne ce monde. L’Apr (Alliance pour la République) et le Parti socialiste, c’est une autre chose. Nous parlons de la ville de Dakar.’’