Le premier centre expérimental du projet "Dabaddo" (maintenant la lumière en arabe) initié par deux promoteurs privés a ouvert ses portes dans la commune de Boucounto, dans le département de Vélingara (Kolda) pour faire bénéficier aux populations des services de la technologie moderne avec l’accès à Internet et à l’énergie solaire à moindre coût.
"Il s’agit, à travers ce projet pilote, d’offrir aux populations des services à petits prix en multipliant le nombre de services pour avoir des économies d’échelle entre les localités où le projet va se développer", a expliqué l’un des promoteurs Maurice Kupfer dans un entretien avec l’APS.
Le projet consiste à réduire la fracture numérique et énergétique à petite échelle dans un premier temps avec l’installation de panneaux solaires et la distribution à moindre coût de lampes solaires aux ménages.
Le site aménagé à Boucounto occupe une superficie totale de 400 mètres carrés dont 80 mètres carrés bâtis et dotés d’une salle informatique qui permet d’accueillir des cours, de faire des projections, a indiqué le promoteur.
La connexion Internet pose un problème parce que le réseau téléphonique qui est souvent en 2G et parfois en 3G est limité, a dit M. Kupfer.
"Le projet a démarré sur une infrastructure construite sur 80m2 offre toutefois une connexion satellitaire pour pouvoir accéder à Internet, une solution énergétique par panneaux solaires", a dit Maurice Kupfer.
"Dabaddo.com" offre ainsi aux populations de Boucounto qui n’ont pas d’électricité une salle informatique, un service transfert d’argent et d’autres services bureautiques", a relevé pour s’en féliciter le promoteur.
"C’est la partie physique du Centre avec les bâtiments, les équipements, la connexion Internet mais là encore, on a encore rien fait parce qu’il reste les ressources humaines qui sont fondamentales pour délivrer tous les services connexes liés à la technologie", a dit M. Kupfer.
C’est pourquoi, ce premier centre a nécessité le recrutement de 10 personnes dont 8 au niveau local pour le personnel d’appoint (gardiennage, entretien, restauration…), a indiqué le promoteur qui explique que sa structure est située à 30 km de la commune de Vélingara et à 25 km de Médina Gounass, les plus proches localités reliées au réseau électrique.
"Avant notre installation, toutes les transactions des populations pour les services financiers, la connexion, étaient effectuées dans les deux villes citées plus haut. De même les 800 élèves que comptent la commune, des écoles primaires au Collège d’enseignement, n’utilisaient pas l’outil informatique", a dit le français.
Avec le démarrage du Centre en fin octobre 2015, a confié M. Kupfer, 317 élèves se sont inscrits pour des cours de "familiarisation avec l’ordinateur et la tablette".
Les élèves détenteurs d’une carte d’adhésion payée symboliquement et signée par leurs parents bénéficient des services du centre, a souligné Maurice Kupfer.
"Pour la majorité des gens qui fréquentent le centre, c’est la première fois qu’ils touchent à un ordinateur et ils ont besoin d’un personnel qualifié, formé en ce sens pour les accompagner", a-t-il expliqué. Ainsi la demande de coaching et de formation est très forte.
"C’est un investissement, il faut certes des bénéfices, mais ce n’est pas pour le projet pilote parce que c’est en multipliant les centres qu’on pourra tirer les bénéfices", a-t-il relevé.
En effet l’idée, pour les promoteurs du concept "Dabaddo", c’est de créer un "centre inclusif" et d’amener des bénéfices sociaux et le développement dans les zones plus reculées.
Aujourd’hui, les promoteurs qui prévoient de mettre en place 200 centres d’ici trois ans pour un investissement unitaire de 30 millions ont besoin, selon M. Kupfer, de "l’accompagnement d’autres partenaires pour concrétiser ce projet".
"Mais on n’attend pas, les actes sont posés au fur et à mesure de l’engagement des communes à accueillir le projet", a-t-il indiqué ajoutant que le Fonds de Développement de services universels de télécommunications au Sénégal (FDSUT) a été approché dans le cadre de la mise à l’échelle du projet.
Le Fonds est l’organe chargé entre autres d’appuyer les investissements pour démocratiser l’accès aux services de téléphonie et Internet dans les zones les plus reculées.
"Il y a la technologie, mais il n’y a pas d’opérateurs privés à ce jour avec un modèle économique pour aller dans les zones éloignées parce que les investissements sont lourds et pas très rentables", a concédé Maurice Kupfer.
Les promoteurs Maurice Kupfer et Chad Maxwell qui ont travaillé ensemble au sein d’une Banque d’investissement au Maroc ont décidé de s’investir dans des "opportunités d’affaires à caractère social et inclusif".
Et le choix s’est vite porté sur les problèmes de connectivité à Internet et aussi de fracture énergétique en Afrique avec au moins 600 millions de personnes qui n’ont pas d’électricité et 800 millions qui n’ont pas accès à Internet.