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Élection présidentielle prochaine: Karim Wade non éligible
Publié le vendredi 5 fevrier 2016  |  Sud Quotidien
Karim
© AFP par DR
Karim Wade, fils de l’ancien président de la République Abdoulaye Wade




En décidant de saisir la justice française pour connaitre de l’affaire Karim Wade, les avocats de l’ancien ministre d’Etat, n’excluraient-ils par le candidat du Parti démocratique sénégalais (PDS) à la Présidentielle 2017, sans le vouloir ? Tout porte à le croire. Surtout, si l’on se fie à l’article 28 de la constitution qui stipule que «Tout candidat à la Présidence de la République doit être exclusivement de nationalité sénégalaise (…)». Ironie de l’histoire, c’est en 2001 que l’adverbe « exclusivement » a été introduit dans la charte fondamentale du Sénégal par...Abdoulaye Wade.

Les raisons évoquées par les conseils de ‘’Wade fils’’ pour porter le dossier ‘’Karim Wade’’ auprès du Tribunal de grande instance de Paris pour détention «arbitraire», surprennent plus d’un. En effet, pour prouver les compétences dont dispose la France pour se saisir de ladite affaire, Me Ciré Clédore Ly, un des avocats de Karim, a brandi l’argument de la nationalité française dont bénéficie l’ancien ministre.

Dans les colonnes du quotidien l’Observateur, la robe noire indique que «c’est l’un des critères qui peuvent permettre que la France soit compétente, comme le Sénégal l’est». Cependant, une telle déclaration risque de porter un coup dur à la volonté du Parti démocratique sénégalais (Pds), qui tient vaille que vaille à faire du fils de l’ancien chef de l’Etat sénégalais, Abdoulaye Wade, son candidat à la prochaine présidentielle. Cela, au vu des dispositions clairement inscrites dans la Constitution sénégalaise.

L’article 28 de la Constitution du Sénégal du 7 février 2001 stipule : «Tout candidat à la Présidence de la République doit être exclusivement de nationalité sénégalaise, jouir de ses droits civils et politiques, être âgé de 35 ans au moins le jour du scrutin. Il doit savoir écrire, lire et parler couramment la langue officielle». Dans les 15 propositions de projet de réforme constitutionnelle, faites par le chef de l’Etat, Macky Sall, il y a juste le plafonnage de l’âge des candidats, à savoir les 75 ans au plus le jour du scrutin, qui y a été ajouté. L’adverse «exclusivement» écarte d’emblée, les candidats ayant la double nationalité. Ce qui semble être le cas pour Karim Wade dont les avocats viennent de porter plainte devant le Tribunal de la Grande Instance de Paris, en raison de la nationalité française du fils d’Abdoulaye Wade, pourtant retenu comme candidat du Pds, à la présidentielle prochaine.

L’OPTION IDENTITAIRE, «UN COUTEAU A DOUBLE TRANCHANT»

Pour un éclairage sur la question, la rédaction de Sud Quotidien s’est attaché les services d’un professeur juriste à l’Ucad. Pour le constitutionnaliste, qui a préféré garder l’anonymat, cette option du Pds «est un couteau à double tranchant». Tout d’abord, il fait remarquer que par cette voie, les avocats du fils de Wade montrent clairement qu’ils n’ont pas confiance à la justice sénégalaise. Pour l’autre aspect, le professeur fait voir qu’en utilisant cet argument, le candidat du Pds s’expose à la critique de ses adversaires politiques et des Sénégalais, qui auront un autre regard sur sa personne, à savoir «un français qui compte diriger le pays».

Cependant, le juriste a fait savoir que juridiquement, l’affaire Karim Wade est close au Sénégal, dans la mesure où la Crei a condamné le mis en cause, qui a tout de même fait appel, avant que la Cour suprême ne confirme le précédent verdict. Pour ces raisons, il a trouvé qu’il ne reste que l’option politique à ‘’Wade Fils’’. Ainsi donc, le professeur informe que Karim Wade sera tenu de renier sa nationalité française, s’il tient toujours à se présenter comme le candidat du Pds. L’autre option, qui peut paraître périlleuse pour lui, c’est de demander une Grâce présidentielle, ce qui montrerait qu’il a accepté ce qui lui est reproché. Cependant, il convient de noter que le fils d’Abdoulaye Wade a longtemps écarté cette piste.

LE LOBBY MARABOUTIQUE S’ACTIVE POUR LA LIBERATION DE KARIM

Par ailleurs, notre source a révélé que d’intenses lobbys, notamment maraboutiques, sont en train de s’activer pour la libération de l’ancien ministre. Ce qui expliquerait, selon la même source, le calme qu’observe actuellement l’ancien chef de l’Etat, par rapport aux actions envisagées sur le plan nationale.

Une démarche qui a peu de chance d’aboutir

Dans le communiqué, le collectif des avocats affirme que Karim Wade «a été privé des garanties indispensables à un procès équitable» et que, «ne pouvant plus faire valoir ses droits devant la justice de son pays, il est aujourd’hui contraint, sans autre choix, de saisir la justice internationale pour poursuivre les personnes responsables de sa détention arbitraire». Sa démarche devant la justice française a peu de chance d’aboutir. Dans les faits, cette plainte contre X vise en effet «les dépositaires de l’autorité publique, à savoir magistrats, fonctionnaires et tous ceux qui de près ou de loin n’ont rien fait pour mettre un terme à cette détention arbitraire». «On voit mal comment un juge français pourrait inculper le procureur général du Sénégal», glisse un avocat français, interrogé par nos confrères du journal Le Monde. Il a évoqué à cet effet, le cas de Lydienne Yen-Eyoum. Pour rappelle, une plainte similaire avait été déposée pour tenter de faire libérer cette avocate franco-camerounaise condamnée, par le Tribunal criminel spécial (TCS) en septembre de l’année dernière, à 25 ans de prison pour détournement de fonds public. La défense de l’avocate avait ensuite saisi le groupe de travail sur la détention arbitraire des Nations unies et espérait obtenir l’intervention du corps diplomatique français. En vain.

ME AMADOU SALL AVOCAT DU PDS SUR LA NATIONALITE FRANCAISE DE KARIM : «On ne se situe pas sous l’angle de la nationalité…»

Décidemment, le Parti démocratique sénégalais (Pds) est prêt à tout pour faire sortir son candidat, Karim Wade de prison, quitte à lui faire perdre son éligibilité en tant que candidat à une élection présidentielle sénégalaise. En effet, interpellé par la presse sur les conséquences qui peuvent découler de l’argument évoqué par les avocats de Karim pour saisir le Tribunal de grande instance de Karim, à savoir la perte de sa nationalité française, un de ses conseils a répondu sans détour. Pour Me Amadou Sall, «on ne se situe pas sous l’angle de la nationalité. On se situe sous l’angle du préjudice que le Sénégal a fait subir à un de ses fils. Et ce fils a le droit d’aller où il veut pour que cette souffrance là cesse». A en croire la robe noire du fils de l’ancien chef de l’Etat, «ce qui est important pour nous, c’est que Karim Wade, quelle que soit sa situation, quel que soit son rattachement à la justice française, a subit une injustice».

Ainsi donc, pour Me Sall, «que Karim Wade aille en Gambie, en Guinée, en France, sur Jupiter ou sur Mars, cela importe peu. Ce qui est important, c’est que nous saisissons une justice qui soit indépendante, une justice à laquelle nous avons confiance, quel que soit le lien ou l’attachement que nous aurons avec cette justice».

Toutefois, l’avocat politicien a tenu à convoquer la jurisprudence de l’ancien chef de l’Etat, sénégalais, Léopold Sédar Senghor. En effet, de l’avis de Me Sall, «nous avons été dirigés pendant 20 ans par un illustre fils de ce pays, qui s’appelle Léopold Sédar Senghor et qui a pris sa retraite dans la fonction publique française, alors qu’il était déjà Président du Sénégal». Pour autant, précise-t-il, «il a été un Président qui s’est soucié, entre autres, des intérêts du Sénégal». Mieux, faisant appelle au cas de l’international sénégalais, notamment Habib Beye, le juriste a souligné «qu’il jouait pour le compte du Sénégal, personne n’a dit qu’il était français».

Faisant en outre dans les accusations, l’avocat libéral a rappelé aussi que «c’est le Président Macky Sall qui a été le premier à porter plainte contre Karim Wade et toute sa famille en France». Pour lui, le gouvernement sénégalais avait activé le Parqué financier de Paris, où des gendarmes français et un parquet français ont enquêté sur un fils du Sénégal.

AVIS DU GROUPE DE TRAVAIL DE L’ONU : Le Pds lance un ultimatum à l’Etat
Pour la libération de tous les détenus «politiques» du Parti démocratique sénégalais (Pds), plus particulièrement celle de Karim Wade, le parti d’Abdoulaye Wade lance un ultimatum à l’Etat du Sénégal, sans pour autant préciser la fin de la sommation. Une décision qui fait suite, selon le porte-parole du jour du Comité directeur du Pds, Me Amadou Sall, à l’avis du Groupe de travail de l’Onu sur les détentions arbitraires.

Le porte-parole du jour, à la suite de la réunion du Comité directeur du Pds tenue hier, mercredi 3 février, Me Amadou Sall a annoncé que son parti «lance un ultimatum au gouvernement du Sénégal de se conformer à l’avis du Groupe de travail, et de respecter l’arrêt qui a été rendu par la Cour de justice de la Cedeao». Et il fait dans la menace : «si le gouvernement du Sénégal ne respecte pas ces décisions, nous savons ce qu’il reste à faire», sans pourtant donner plus de précision sur le plan d’action à dérouler. Autre élément manquant dans cet ultimatum, la date de son expiration. Sur ce point précis, Me Sall annonce que «les jours à venir, nous donnerons un contenu plus précis à cet ultimatum»

Revenant par ailleurs sur la libération ressente de certains responsables du Pds, le Comité directeur dit se réjouir de cet aspect, fruit de la pression exercée sur le régime de Macky Sall. Cependant, précise Me Amadou Sall, «nous dénonçons deux faits. Tout d’abord, nous dénonçons le fait que ces personnes qui n’ont rien fait soient des otages». Poursuivant sur le second fait de leur mécontentement, l’avocat politicien dénonce également le fait que «d’autres responsables et d’autres personnes qui nous sont proches croupissent toujours en prison». Il a ainsi cité, entre autres, Abdou Aziz Ba (responsable à Podor), Moïse Rampino, et le candidat du Pds, Karim Wade. Sur le cas de ce dernier, il indique que le gouvernement du Sénégal a tout fait pour prouver sa culpabilité en vain. Ainsi donc, il rappelle que le Groupe de travail a évoqué deux choses, à savoir la «détention de Karim Wade est arbitraire» et aussi que «le procès de Karim Wade n’a pas été équitable». Par conséquent, il trouve que l’Etat doit suivre ledit avis, non sans relever que le gouvernement est mauvais perdant car ayant envoyé des avocats à Genève, sans succès. Mieux, il informe que le Comité directeur soutient ainsi la volonté de Karim Wade de porter le combat au niveau du Tribunal de grande instance de Paris. Il a en outre fait part de la prochaine tournée nationale dudit Comité, sans pour autant donner une date, tout en appelant les militants à se tenir prêts.
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