Le projet que Khalifa Sall affirme avoir pour la place de l’Indépendance n’est que chimère ; c’est de la fiction, de l’enfantillage et une tentative de victimisation. C’est en substance ce qu’a déclaré le ministre de l’Habitat. En conférence de presse hier, Diène Farba Sarr s’est fondé sur le fait, d’après lui, qu’il n’y a ni budget ni appel d’offres, encore moins études d’impacts et autorisation.
Après Khalifa Sall, c’est au tour de son adversaire Diène Farba Sarr. Le ministre du Renouveau urbain, de l’Habitat et du Cadre de vie a fait face à la presse hier pour apporter la réplique au maire de Dakar. D’après lui, Khalifa Sall fait de l’agitation politique, mais il ne peut pas réaliser, à court terme, le projet qu’il a présenté. Le ministre se fonde sur quatre éléments qu’il a formulés en interrogations en direction du Socialiste. D’abord, la somme de 4 milliards devant financer le projet. D’après lui, Khalifa Sall n’a pas inscrit le montant dans le budget de 2016 de la commune.
A ce niveau, il n’y a que 500 millions qui sont prévus pour l’aménagement des jardins. Ensuite, Diène Farba Sarr précise qu’un projet de ce genre ne peut pas se faire sans appel d’offres. Or, il affirme n’avoir vu nulle part un appel d’offres de la mairie de Dakar. Selon lui, le tombeur de Mimi Touré n’a fait que consulter des architectes. Ce qui lui fait dire que l’ancien maire de Grand Yoff a dû confondre appel d’offres et consultation d’architectes. Enfin l’ancien DG de l’Apix demande au maire de Dakar s’il a une autorisation de construire.
Et sur ce point, l’autorité rappelle que son ministère est la tutelle dans cette affaire. Et par conséquent, il ne peut être ignoré dans un projet de ce genre. Fort de tous ces arguments, Diène Farba Sarr en a conclu que ‘’ce projet distillé dans les réseaux sociaux par de simples maquettes n’est que chimérique et son exécution n’est pas de sitôt’’. Ainsi, il invite le maire de la ville à apporter des réponses à ces questionnements.
Le ministre s’engage d’ailleurs, au cas où des preuves sont apportées, à renoncer à son projet et à accompagner Khalifa et Cie. De plus, l’autorité est d’avis que même si le projet existe réellement, et que les voies annoncées, à savoir le CET ou le PPP (partenariat public privé), soient celles qui seront suivies, la réalisation n’aura pas lieu avant 3 à 5 ans. Il demande donc à Khalifa Sall de le laisser aménager en surface et le moment venu, il pourra réaliser son projet structurant.
Mais en réalité, le ministre ne croit pas du tout au projet présenté par la municipalité de Dakar. D’après lui, les plans d’aménagement de la mairie datent des années 70. De plus, à l’en croire, c’est deux jours après la présentation du programme de son ministère que l’équipe municipale a sorti des maquettes. D’ailleurs, quand on lui demande pourquoi ne pas aller répondre à d’autres demandes, puisque plusieurs collectivités locales (50 d’après le ministre qui a brandi les correspondances) lui ont adressé des correspondances pour solliciter de l’aide, il répond que c’est parce qu’il est sûr que Khalifa Sall n’a pas les moyens de ce qu’il revendique. Par conséquent, dit-il, ‘’il n’est pas question de laisser la place de l’Indépendance telle quelle avec des chiens errants, des gens qui y pissent, un gazon mal fait…’’
‘’Enfantillage, politique politicienne, victimisation’’
A propos de la compétence à réaliser un projet à la place de l’Indépendance et à la place de la Nation (ex-Obélisque), le ministre soutient que la place de l’Indépendance relève du domaine public artificiel, c'est-à-dire qu’elle est l’œuvre de l’homme (routes, rails…). ‘’Sa gestion relève de l’Etat, conformément aux dispositions du Code du domaine de l’Etat, reprises par celles du Code général des collectivités locales (CGCL). Ces deux textes précisent sans équivoque que le domaine public artificiel est géré par l’Etat (art 299 du CGCL)’’, affirme-t-il.
Pour ce qui est de la place de la Nation, Diène Farba Sarr relève qu’elle fait partie des sites classés ‘’monuments historiques’’. Et qu’à ce titre, aucune construction ne peut être faite sur le site sans l’aval du ministère de la Culture qui a déjà délivré le sésame à son département. Ce qui n’est pas le cas pour la mairie de Dakar.
Après les arguments supposés être techniques, l’apériste descend sur le terrain politique pour faire le constat d’un mauvais entretien du gazon et du pavage de la place de l’Indépendance, du caractère défectueux des équipements comme le jet d’eau et l’éclairage, des espaces abandonnés devenus refuges de marginaux, etc. Ainsi, Diène Farba Sarr qualifie le projet de Khalifa Sall de projet fictif, de politique politicienne.
‘’Quand on est homme d’Etat, quand on est au service de l’Etat, on ne verse pas dans l’enfantillage, le détail et la victimisation’’, vocifère-t-il. D’après lui, la fibre émotionnelle est utilisée ici pour des raisons politiciennes. Mais que l’on sache qu’il n’y aura pas de pitié, parce que le Président Macky Sall et lui sont à la recherche d’un bilan radieux.
