Karim Wade, condamné pour enrichissement illicite à 6 ans de prison, espère recouvrer la liberté dans les plus brefs délais. A la faveur de la nouvelle décision du Groupe de travail des Nations unies qui juge sa détention arbitraire, il a porté plainte auprès du Tribunal de grande instance de Paris.
Ragaillardis par le nouvel avis du Groupe de travail des Nations unies sur la détention arbitraire, les avocats de Karim Wade comptent bien donner un second souffle à leur combat pour la libération de leur client. Ainsi, dans un communiqué parvenu à EnQuête, le collectif annonce avoir déposé, hier 2 février 2016, une plainte pour détention arbitraire auprès du Tribunal de grande instance de Paris.
Il s’agit, par cette démarche, de ‘’faire respecter ses droits dont il est privé par le pouvoir politique sénégalais qui bafoue l'indépendance de la justice et la séparation des pouvoirs dans le seul dessein de l’empêcher de se présenter à la prochaine élection présidentielle’’, soulignent les conseils. Qui expriment, par la même occasion, toute leur satisfaction à la suite de cette décision du Groupe de travail des Nations unies qui ‘’rejette la demande de révision présentée par l’Etat du Sénégal contre l’avis du 20 avril 2015’’. En effet, à travers ce rejet, l’organe des Nations unies affirme que ‘’la détention de M. Karim Wade est arbitraire’’, malgré les arguments brandis par les avocats de l’Etat qui avaient demandé et obtenu que le groupe de travail rende un second avis, après le premier tout aussi favorable à l’ancien ministre de la Coopération internationale.
‘’Dans sa mission de gardien de valeurs et de principes fondamentaux, le Groupe de travail affirme ainsi sa volonté que le respect du droit et de la personne humaine s'impose face à des manipulations de la justice sénégalaise instrumentalisée pour des motifs de basse politique’’, écrivent les avocats de Karim Wade. Mes Seydou Diagne, Ciré Clédor Ly, Madické Niang et Cie ne manquent pas de souligner le refus systématique, depuis 3 ans, des plus hautes autorités du Sénégal d’exécuter les décisions de justice internationale qui sont favorables à Karim Wade (avis du Groupe de travail de l’ONU, arrêt de la Cour de justice de la CEDEAO …). Donc, ‘’ne pouvant plus faire valoir ses droits devant la justice de son pays, il est aujourd'hui contraint, sans autre choix, de saisir la justice internationale pour poursuivre les personnes responsables de sa détention arbitraire’’, poursuivent-ils. Dans la note, le collectif vilipende aussi la Cour de Répression de l’Enrichissement Illicite (CREI) pour ce qu’elle prive leur client de ‘’son droit à la liberté et son droit de faire appel de sa condamnation injustifiée par une juridiction d’exception spécialement exhumée à cette fin’’.
En internationalisant le combat, ‘’Karim Wade réclame que justice lui soit rendue et que son procès soit déclaré nul pour violation des principes du droit pénal proclamés par la Constitution comme par les engagements internationaux qui s'imposent au Sénégal : la Déclaration universelle des droits de l’Homme, le Pacte international relatif aux droits civils et politiques et la Charte africaine des droits de l’Homme et des peuples’’, rapporte le document. Le Collectif des avocats, lui, exige ‘’une libération immédiate, sans condition et sans artifice’’.