Les problèmes liés à l’organisation du pèlerinage à la Mecque se succèdent et se ressemblent. C’est une fâcheuse image que le Sénégal est en train de renvoyer à la Ummah, tant les couacs notés à l’occasion des préparatifs du convoyage, tout comme les conditions d’hébergement et de transport des pèlerins aux Lieux Saints de l’Islam sont récurrents. Il se passe rarement une édition sans qu’il n’y ait des candidats au pèlerinage laissés en rade. S’ils n’accusent pas un sérieux retard pour le départ.
L’organisation du pèlerinage au Sénégal s’est révélée problématique. En effet, il est difficile pour les autorités des différents gouvernements qui se sont succédé à la tête du pays de réussir un pèlerinage sans couacs. Et l’édition 2015, c’en était le comble, car pour une première depuis l’indépendance, 131 candidats au hadj sont rentrés bredouilles et ont vu leurs espoirs fondre comme du beurre au soleil, après avoir passé plus de 10 jours au hangar, sans effectuer le 5ème pilier de l’Islam, sans compter les nombreux décès à Mouna. Ces dysfonctionnements résultent de plusieurs facteurs.
L’AFFAIRISME POLITICO-ECONOMIQUE DU PELERINAGE
Le convoi de pèlerins aux lieux saints de l’Islam est devenu un business rentable qui attire beaucoup d’hommes et de femmes d’affaires. Ce qui explique la pullulation des voyagistes privés à la seule recherche de profit, sans aucun respect des cahiers de charge, indique un responsable d’agence de voyage basée à Kaolack. Ils dépassent les quotas qui leur sont fixés, quand ils ne retardent pas le départ des hadj pour gagner davantage, sur la réservation d’hôtels. Les impairs liés au non-respect des quotas alloués par l’Arabie Saoudite à chaque pays concernent aussi le service public incarné par le commissariat pour le pèlerinage. Ce qui implique toujours de nouvelles demandes de visas, conjuguées aux lenteurs procédurales dans la délivrance, et qui répercutent sur la planification des vols. En sus, les dons de billets des politiciens à des militants, le plus souvent du parti au pouvoir, sont à l’origine de ces dépassements. Ce qui fait qu’il est maintenant de coutume que des retards de vol perturbent le convoi des pèlerins aux lieux saints de l’Islam.
DIFFICULTES MANAGERIALES
En outre, un manque ou un déficit de communication, à chaque fois que de pareilles perturbations se posent, brouille la compréhension entre les convoyeurs et les candidats laissés en rade ou ayant accusés du retard pour rallier la Mecque. Le porte-parole des laissés en rade de l’édition 2015, s’indignait en ces termes : «les membres du commissariat n’ont jamais daigné nous donner la bonne information et les seules informations officielles que nous avons eues par rapport à la situation, ce sont celles que le commandant de la brigade de l’aéroport nous a gratifiées». Cette incompréhension débouche parfois sur la violence, comme ce fut le cas en 2015 quand des pèlerins s’en étaient pris aux membres du commissariat, affirmaient des pèlerins trouvés au hangar.
D’où le plus souvent la remise en cause des compétences du commissaire au pèlerinage et son équipe. Toutefois, il est à noter que des islamologues comme des gradés de la grande muette, en passant par des érudits, ont eu à diriger l’instance en charge du pèlerinage avec comme style de management commun le népotisme. Des parents et des fils du commissaire général sont coptés dans le commissariat. Mais les problèmes se posent d’année en année avec plus d’acuité, d’où un problème de gestion et d’organisation du commissariat pour le pèlerinage.
Autres manquement, les conditions d’hébergement au hangar de l’aéroport de Dakar tout comme celles à Mouna et de transport sont à déplorer.