Le Grand-Théâtre a reçu hier la cérémonie de restitution de l’inventaire des musiques traditionnelles du Sénégal. Le ministre de la Culture et de la Communication et la directrice du bureau régional de l’UNESCO l’ont présidée.
Une enquête sur le patrimoine immatériel musical dans les régions de Saint-Louis, Matam, Kolda, Sédhiou et Ziguinchor a permis de classer 72 instruments. Elle a été faite par le ministère de la Culture et de la Communication à travers sa direction chargée du patrimoine culturel et soutenue par l’UNESCO. ‘’Nous avons recensé beaucoup d’instruments mais seuls 72 d’entre eux ont été sélectionnés’’, a informé le directeur du patrimoine culturel Abdoul Aziz Guissé. Il l’a fait savoir hier lors de la restitution de l’inventaire des musiques traditionnelles du Sénégal. La cérémonie s’est tenue au Grand-Théâtre.
En outre, ce sont ceux qui répondaient aux critères définis par l’UNESCO qui ont été choisis pour paraître sur la liste mondiale du patrimoine immatériel. ‘’Quand il a fallu respecter la fiche de l’UNESCO, les normes de renseignements des différents champs, certains instruments ne pouvaient plus entrer en ligne’’, a-t-il indiqué. D’autres n’ont pas pu être classés parce que les populations étaient réticentes et n’ont pas voulu collaborer avec les enquêteurs. Il y a également des outils musicaux qui n’ont pu être identifiés parce que leurs détenteurs les ont laissés à l’étranger ou encore qu’ils ne vivent plus au Sénégal. Des écueils auxquels ont été confrontés les acteurs culturels sur le terrain et qui n’ont pu être résorbés.
Quoi qu’il en soit, cette étude a permis de constater que ‘’les détenteurs de la musique traditionnelle sont tous âgés’’, selon M. Guissé. S’y ajoute que ‘’la relève n’est pas évidente’’. Parce que la transmission ne s’impose pas et les jeunes s’intéressent beaucoup plus aux musiques modernes qu’à celles traditionnelles.
‘’Le patrimoine est en voie de disparition. Vous avez attiré notre attention sur la menace alors que certains de ces instruments sont des moyens de communication traditionnels. Nous n’avons pas le droit de laisser ces instruments disparaître’’, a reconnu le ministre de la Culture et de la Communication Mbagnick Ndiaye, venu présider la cérémonie. Pour éviter cela, ‘’nous devons, nous acteurs culturels, engager le combat de la collecte et de la vulgarisation de ces instruments’’, a-t-il proposé. Pour atteindre un tel objectif, M. Guissé est d’avis lui aussi qu’il faut un plus grand inventaire du patrimoine immatériel. Car ‘’notre vécu, notre identité, c’est l’immatériel. Il faut que chaque région propose les expressions culturelles fortes afin qu’on puisse les inscrire sur les listes du patrimoine immatériel mondial’’, a-t-il suggéré.
La directrice du bureau régional de l’UNESCO, Anne Thérèse Ndong Diatta, évoque l’utilité d’introduire dans le curriculum de formation des cours sur l’importance du patrimoine. Cela permettrait une meilleure valorisation de ce dernier. Entendu que c’est son défaut qui favorise la migration d’instruments vers d’autres pays.
Sur un autre registre, cet inventaire va permettre aux générations futures de savoir ce que faisaient, en matière de musique, leurs aïeux à travers une sauvegarde ‘’préventive’’ et ‘’documentée’’. On peut aussi dans le futur faire revivre certaines musiques si elles venaient à disparaître à travers l’interprétariat.