Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Femmes    Pratiques    Le Mali    Publicité
aDakar.com NEWS
Comment

Accueil
News
Politique
Article
Politique

Entretien avec... Le maire Ps de Dalifort : Idrissa Diallo tire sur tanor
Publié le lundi 1 fevrier 2016  |  Le Quotidien
Le
© Autre presse
Le Parti Socialiste se cherche un secrétaire général national
Le Congrès du (6 et 7 Juin) doit permettre au Ps de choisir entre Ousmane Tanor Dieng et Aissata Tall Sall




Depuis la commune de Dalifort dont il est le maire, Idrissa Diallo appelle les militants du Ps à se battre pour faire partir Ousmane Tanor Dieng qui «complote contre les intérêts du Ps» en vue de la prochaine Présidentielle. Dans cet entretien, le leader du mouvement «Khalifa Président» ne fait pas de cadeau à Tanor qui, selon lui, travaille pour Macky Sall et non le Ps. Affichant fièrement son soutien à Khalifa Sall, le député soutient mordicus que la candidature du maire de Dakar est une «demande sociale».

Comment se porte votre mouvement de soutien au maire de Dakar, «Khalifa Président» ?
Notre mouvement est encore très jeune. Il a été porté sur les fonts baptismaux le 10 septembre 2015 et lancé officiellement le 10 octobre à Ziguinchor. Depuis, il est en train de s’agrandir. On doit encore faire des tournées à l’intérieur de la région de Dakar. Mais il y a de grands pas qui se font aussi dans le Sud du pays. Des maires sont en train d’y adhérer. Nous avons choisi de lancer ce mouvement dans le Sud du pays pour répondre à ceux qui disent que Khalifa Sall n’est connu qu’à Dakar. Les premières idées étaient d’aller à Matam. Ma proposition était Bakel. Après, beaucoup de gens ont trouvé qu’il fallait que j’aille à Ziguinchor parce que moi-même je suis originaire de là-bas. A la veille du lancement, nous avons fait le dernier village de la frontière entre le Sénégal et la Guinée Bissau. Le symbolisme a fait qu’on a commencé au dernier village pour remonter vers Dakar. Cela se passe bien pour le moment. Nous sommes combattus par nos adversaires qui ont beaucoup de moyens. A l’Est du pays, précisément de Tamba vers Saraya, ça bouge parce que ce sont des gens qui viennent jusqu’ici pour prendre les documents et installer leurs cellules. Vraiment, je dois dire que nous avons été agréablement surpris. Nous avions l’impression que notre candidat était plus aimé au Sud que par les autres localités du pays, même Dakar. Cela nous a rassurés. Nous avons tenu également une réunion pour évaluer notre participation au meeting de notre candidat à Grand-Yoff le 16 janvier dernier. Certes, c’était une activité du Parti socialiste, mais le mouvement avait envie de soutenir son candidat, son parrain. Tout le monde était satisfait. On avait mobilisé 7 ou 8 cars. Nos militants de Yeumbeul, Mbao, Keur Massar et Pikine Ouest étaient venus. En revanche, nos amis des Parcelles Assainies ont préféré ne pas venir à cause du décès d’un des leurs.

Pour la création de ce mouvement, est-ce que vous avez eu l’accord de Khalifa Sall ?
C’est notre initiative parce que nous sommes convaincus qu’il doit être candidat. Alors, nous nous sommes rapprochés de lui en lui faisant comprendre que c’est une demande sociale et que s’il ne le faisait pas, les gens vont l’abandonner. Nous avons beaucoup discuté, mais je ne vais pas entrer dans les détails. Ce qu’on lui a demandé, c’est juste de bénir le mouvement. Il l’a fait. On se rencontre souvent et le mouvement est totalement indépendant. Nous l’informons souvent de nos activités. Main­tenant, Khalifa n’a rien à dire par rapport à la démarche du mouvement. Nous avons une Task-force qui réfléchit sur les stratégies. Nous n’avons pas partagé avec lui des réflexions, mais vous allez voir que dans nos statuts, il est dit qu’on doit participer à l’un des axes de notre projet de société. Notre équipe est composée de jeunes avec des spécialités bien pointues qui peuvent nous faire la situation du pays dans chaque domaine. Nous n’avons pas de problème avec Khalifa Sall. Il voue un respect total à ce que nous faisons. Nous respectons son tempo et sa façon de faire les choses. Nous lui avons demandé de respecter notre ligne de conduite parce que nous sommes très jaloux de notre façon de faire. Nous ne voulons pas avoir un directeur de conscience à côté.

Vous dites que Khalifa Sall a «béni» votre mouvement. Pourtant, en juillet dernier, lors d’une réunion de Secrétariat exécutif national du Ps, il se serait complètement démarqué de ces mouvements de soutien…
C’est une manœuvre de déstabilisation du Ps. J’ai parcouru tous les journaux, mais je ne l’ai vu que dans un seul quotidien. Donc, s’il avait désavoué les mouvements, nous n’en faisions pas alors partie puisque notre mouvement n’était pas encore né. Khalifa Sall ne partage pas mes attaques contre le Secrétaire général du Ps, mais c’est ma façon de faire. Personne ne me dicte ce que je dois faire, y compris Khalifa Sall. Ce qui a été dit sur ce désaveu a été démenti. Je n’étais pas présent à la réunion, mais des amis m’ont dit ce qui s’était passé. Alors, à l’occasion de cette réunion, Tanor a de­mandé qu’on traduise Aminata Diallo, Bamba Fall et moi-même en conseil de discipline. C’est à la fin de la réunion que le Sg l’a proposé puisque ce n’était pas à l’ordre du jour. La majorité était contre. Il aurait dit : «Je ne comprends plus. Khalifa était contre les mouvements et aujourd’hui ça pullule autour de toi et tu ne dis rien.» Khalifa a pris la parole pour répondre en ces termes : «Je n’ai aucun mouvement, je n’en ai pas financé et suis contre les attaques contre le Secrétaire général du Ps.» Quelqu’un est sorti pour dire que Khalifa a désavoué ses souteneurs. Cela n’a rien à voir avec un désaveu, c’est une réponse. Et effectivement, en créant notre mouvement, nous n’avons eu aucun financement de Khalifa. C’est dans ce même sillage qu’on a dit que Khalifa a été tancé lors du dernier Secrétariat exécutif national, à la suite de son meeting de Grand Yoff le 16 janvier dernier. C’est de la manipulation. Qui ose tancer Khalifa Sall dans ce parti ? Vous savez, ceux qui composent le service de communication du Ps sont des gens qui sont affolés. Ils ne restituent pas fidèlement ce qui se passe dans les réunions du Ps.

Avez-vous identifié ceux qui entretiendraient cette «manipulation» comme vous le dites ?
Je ne veux pas les identifier. J’ai seulement une idée sur certaines personnes. Je connais leurs méthodes. Elles ne voient pas très loin et tremblent quand quelque chose se passe. Un homme politique doit être très serein. Ces gens veulent toujours plaire au chef. Même le Secré­taire général n’ose pas parler avec un certain ton à Khalifa Sall. Attention, on parle d’une personne qui est de fait le numéro 2 du parti et le gardien de ses textes. Khalifa Sall, sur le plan politique, n’est pas n’importe qui. Suivant son parcours, on peut l’attaquer dans la presse, mais pas en Bureau politique.

On vous connaissait proche de Tanor. A quel mo­ment avez-vous senti le besoin de vous démarquer de lui et de créer un mouvement à la périphérie du Ps ?
Effectivement, j’étais très proche de lui. Je n’ai jamais eu de problème avec lui. Il m’aimait beaucoup. J’emploie le passé parce qu’aujourd’hui les choses se passent autrement. Tout est parti du dernier congrès du Ps en 2014. J’avais déjà renouvelé depuis janvier 2014. Mais dans l’organisation d’un congrès, il y a de petites frustrations. J’ai dit que ce congrès ne m’intéressait pas et personne ne m’a vu là-bas. J’étais donc absent au Bureau politique parce que le président Moustapha Niasse m’avait demandé de l’accompagner à Abidjan. Et le jour de mon retour qui coïncidait avec la fin du congrès, quand je disais cela, il y avait une candidature de Me Aïssata Tall Sall qui a gagné à 90% à Dalifort et Tanor a eu 10%. On ne m’a même pas félicité après ma victoire aux Locales encore moins Aïssata à Podor. Pourtant, autant je suis ami à Tanor, autant je suis aussi un frère à Aïssata. Un jour, les femmes de Dalifort peinaient à accéder à la présidente des femmes du parti. Alors, elles m’ont demandé de solliciter Aïssata pour qu’elle préside leurs activités. Et elle est venue. C’est ainsi que les femmes socialistes de Dalifort l’ont choisie comme marraine. Plus tard, Aïssata m’a dit : «Je vais être candidate au poste de Secrétaire général et par principe. J’espère avoir un résultat honorable à Dalifort.» J’ai été pourtant neutre. Mais Dalifort l’a préférée à Tanor. Je n’en avais plus parlé jusqu’en mars où j’ai dit que Tanor est en train de comploter contre les intérêts du parti. Aujourd’hui, tout le monde me donne raison au sein du parti, même ceux qui lui sont proches.

Quels sont les faits qui indiquent que Tanor complote contre les intérêts de votre parti ?
Le Ps avait l’habitude de se réunir tous les mercredis en Bureau politique. Mais après le congrès de juin, il n’y a plus eu de réunion et les structures de façon générale ne tournaient plus jusqu’en décembre. Alors, lors du premier Comité central, il a senti que tout le monde voulait qu’on parle de la candidature du Ps. Ce jour-là, ce sont quelques personnes qui l’ont ovationné, alors qu’il était habitué à un standing-ovation. Il a fallu qu’il dise dans son discours que notre ambition, c’est de reconquérir le pouvoir pour que tout le monde se lève. C’était un signe très fort. Je ne peux pas comprendre qu’un parti comme le Ps, pendant presqu’un an, n’ait pas encore d’activités. Ce Secrétariat exécutif, je ne l’ai pas aimé. C’est cette instance qui préparait les réunions du Bureau politique qui, aujourd’hui, prend les décisions. Ce n’est pas normal ! Et quand il a composé le Bureau politique en plaçant ses hommes, j’ai compris qu’il préparait quelque chose parce qu’en réalité, ce sont des personnes qui ne représentaient pas grand-chose dans la base. A partir de ce moment, j’ai su que je n’avais pas les mêmes ambitions que lui. Je l’aimais beaucoup et il me le rendait bien, mais j’ai préféré prendre mes distances. C’est une nette démarcation entre lui et moi. On ne se parle plus d’ail­leurs depuis que Aïssata a gagné à Dalifort. Ce qu’il ne sait pas, c’est qu’à l’occasion de deux As­semblées générales, mes camarades de Dalifort m’ont dit : «Arrête de parler de Tanor !» Au début, je n’étais pas d’accord, mais après, je me suis rendu compte qu’il était temps de le faire au risque de perdre ma base. Même des amis dans le parti n’avaient pas compris ma décision. J’ai vu Khalifa Sall deux semaines plus tard et il m’a dit : «Idrissa, ce que tu as dit, on peut être d’accord sur le fond, mais sur les attaques personnelles contre le Secrétaire général, ce n’est pas bon.» Je lui ai dit : «Tu es responsable dans le parti comme moi. A chacun son style.» Je sais que lui ne pourra jamais le faire de cette manière. C’est mon genre et Dieu sait que je ne le fais pas par méchanceté. C’est que je ne peux pas fermer les yeux sur certaines choses.

Les relations de complicité aujourd’hui entre Tanor et le Président Macky Sall peuvent-elles porter préjudice au Ps ?
Je ne peux pas trop m’avancer sur ses relations avec Macky Sall. Mais ce que j’observe de l’extérieur, c’est qu’ils sont très proches. Benno bokk yaakaar est une coalition à deux vitesses : une partie du Ps se sent dans la coalition ; ce qui n’est pas le cas pour l’autre, à commencer par moi-même ou le maire de Dakar. Khalifa n’osera jamais défendre le bilan de Macky qui le combat tous les jours. Nous autres, dans nos mairies, nous sommes combattus. Donc, c’est le secrétaire général du Parti socialiste et quelques personnes qui, peut-être, ont trouvé leurs intérêts dans cette alliance, qui sont en train de le soutenir. Mais l’âme du parti, la base n’en veut pas. C’est pourquoi je dis que ce rapprochement-là (entre Tanor et Macky), c’est contre le Ps. L’Apr est quand même le dernier né des grands partis, alors que nous sommes le premier au Sénégal. Nous avons géré ce pays pendant 40 ans avant d’être dans l’opposition. Je ne pense pas, au nom d’une coalition, que nous devons renoncer à notre ambition de reconquérir le pouvoir. En restant dans cette coalition, nous n’irons pas aux élections. Et quand vous ratez un rendez-vous, vous êtes conjugué au passé. Pourtant sociologiquement, les Sénégalais sont des So­cialistes. Dans cette grande famille composée de Socio-démocrates, de Maoïstes, d’Eco­logistes et autres, le Ps reste encore le parti le plus représentatif. Mais il manque de leader charismatique pour avoir la confiance des Séné­galais. Au­jourd’hui, Khalifa en est un. Quand j’ai dit que Tanor est un homme bien, mais qui n’est pas aimé des Sénégalais, mes camarades se sont fâchés contre moi. Pourtant, c’est la réalité parce que j’entends ce qu’on dit de lui. Je précise que je ne fais pas de la politique pour un homme. Si je constate que Khalifa ne peut pas faire l’affaire, je me démarquerai de lui et chercherai un autre. Nous sommes des milliers de Socialistes et un seul homme ne peut pas être là pendant 20 ans sans résultat positif. De 1996 à aujourd’hui, j’aimerais bien qu’on me dise que le Ps a fait un bond d’un point. C’est toujours un recul. A partir de ce moment, on doit s’arrêter et essayer un autre parmi nous. On n’est pas venu pour être tout le temps le dernier. Il est temps d’être le premier et c’est au niveau du sommet puisque la base a fait ce qu’il fallait.

Pourtant, Cheikh Seck et Abdoulaye Wilane théorisent la candidature de Tanor...
On ne peut pas tous avoir la même vision. En tout cas, je dis que ce n’est pas Tanor, c’est Khalifa. C’est très clair. Parmi ceux là que vous citez, il y en a qui sont contestés dans leur base.

Pensez-vous que le secrétaire général s’agrippe à la tête du parti ?
Je le pense très sincèrement. Quand on fait 20 ans alors qu’on est en train de limiter les mandats partout... Dans le jingle de Rfm sur la rubrique La cité, Senghor parle de l’alternance au pouvoir et à l’intérieur des partis politiques avec la montée des jeunes. C’est le fondateur de notre parti qui l’a dit depuis plus de 30 ans. Diouf n’a fait que 15 ans à la tête du parti. Donc, quand quelqu’un fait 20 ans et veut encore rester, c’est qu’il s’agrippe, il s’accroche. Il y a beaucoup de voix qui s’élèvent aujourd’hui. Encore une fois, je n’ai pas de problème avec lui parce que le congrès c’est du passé. Mais c’est lui qui a dit devant moi, à la cafétéria de Yarakh, en précampagne de 2012 : «Ça sera ma dernière candidature.» Alors, ce n’est pas parce que lui ne peut plus l’être que personne ne doit l’être dans le parti. Voilà des pratiques que je ne peux pas accepter. Nous ne sommes pas des esclaves.

Ne craignez-vous pas une division dans votre parti dans la mesure où certains responsables réclament la candidature de Khalifa Sall au moment où d’autres sont dans le gouvernement ?
S’il y a division, c’est eux qui vont l’assumer. Moi, je reste socialiste. Maintenant, quand quelqu’un a un pied dans mon camp et un autre dans un autre camp, c’est celui-là qui cherche la division. Cela ne m’affecterait pas sur le plan moral. J’ai toujours dit que je voterai pour un Socialiste. Maintenant, si les Socialistes choisissent un autre candidat qui n’est pas lui (Ta­nor), j’irai vers ce dernier. Il a été candidat à deux reprises. Cette division, on la voit venir. C’est le compagnonnage avec l’Alliance pour la République qui est comme ça aussi. Tous les partis qui étaient en alliance avec l’Apr sont divisés. Est-ce que cela est fait à dessein ou pas ? Je ne sais pas. En tout cas, nous avons jusqu’ici la chance de l’éviter. Pour deux postes de ministre et deux postes de Président de conseil d’administration (Pca), le Parti socialiste doit s’arrêter un moment s’il veut gérer le pouvoir. J’invite le secrétaire général à rendre visite à la base. Les gens ne veulent plus de ce qu’il fait. Il faut voir le genre de personnes qui sont autour de lui. Que cherchent-elles ? A Dalifort, j’ai procédé publiquement au renouvellement et ceux qui avaient été envoyés pour superviser étaient surpris. Les gens ne le font pas dans le parti. Ils se cachent dans une chambre pour renouveler.

Pourtant, Khalifa Sall dit que Tanor n’ira jamais à l’encontre des intérêts du parti. Etes-vous du même avis ?
Je ne m’attendais pas à un discours contraire à celui-là. Il est éloquent, courtois, gardien des textes du parti. Il se doit de dire de très bonnes choses à l’endroit de tout le monde. C’est son rôle de montrer une très belle image du parti, même s’il sait que, quelque part, il y a des problèmes. Quant à moi, je me contente de mon poste de secrétaire général de coordination de Dalifort. J’ai refusé de diriger au niveau du département. Je sentais tout cela venir. Je voulais être tout à fait indépendant. Si j’étais le secrétaire général du département, on allait manipuler des coordinations pour écrire quelque chose pour me désavouer. Ils l’ont tenté d’ailleurs en faisant circuler une pétition. Les gens ont refusé. Ils n’ont qu’à faire des motions. Donc, quand on est à un certain niveau de responsabilités, il y a des choses qu’on ne peut pas dire, mais moi je préfère ma liberté.

Vous semblez vivre une atmosphère de représailles dans le Ps pour avoir défendu la candidature de Khalifa Sall. A côté, l’Etat ne vous facilite pas la tâche en tant que maire qui voit l’essentiel de ses projets bloqués. Comment vivez-vous cette situation ?
C’est d’abord le parti. C’est dommage de le dire, mais notre secrétaire général est très allergique aux critiques. Quand vous le critiquez, il ne vous parle plus. En fait, c’est un rancunier. C’est pourquoi il y a toujours ces semblants de représailles. Mais je ne m’occupe pas de cela. Le Parti socialiste ne m’a pas recruté. Je suis entré en politique en 2003, au Ps, en pleine crise du bateau Le Joola. Donc, je ne me soucie pas de représailles. C’est ma conscience qui me dicte mes actes. Je sens la complicité du parti et du secrétaire général dans les représailles du gouvernement.
Un jour, il a fait une déclaration pour dire que le Président Macky Sall et Khalifa Sall doivent s’asseoir pour discuter. Cela m’a beaucoup choqué d’autant que c’est à lui de le faire. C’est lui qui voit Macky Sall. Khalifa Sall ne lui refuse rien et lui voue un respect que vous ne pouvez pas imaginer. S’il demandait au Président Macky de recevoir Khalifa, celui-ci ne le refuserait pas. Il y a des choses qu’on fait et d’autres qu’on dit. Et ça, il devait le faire, il ne devait pas le dire. Est-ce qu’il n’est pas complice dans les représailles ? Ce qui est en train d’être fait contre Khalifa Sall constitue des motifs suffisants de rupture de l’alliance. Tout le monde défend Khalifa sauf lui. J’ai vu qu’il a un peu parlé de l’emprunt obligataire des 20 milliards de francs Cfa. Cela n’engage que moi, mais le Parti socialiste est comme un complice parce qu’on ne peut pas avoir un allié comme le Ps et le combattre directement de cette manière-là si le secrétaire général ne le cautionne pas. Au moins, il l’accepte. Que ce soit ici ou dans les autres mairies. A Dalifort, nos recettes sont bloquées parce que nous ne sommes pas avec eux. Et le secrétaire général de mon parti dit qu’il est un allié. Ce n’est pas sérieux ! J’ai dit aux gens de l’Apr de ne pas s’attendre à un vote des So­cia­listes, car ces derniers voteront pour un Socialiste. Main­tenant, il y en aura parce qu’on ne sera pas ensemble à 100%. Mais même pas 1% des Socialistes ne vont voter pour eux. Ousmane Tanor Dieng a essayé à deux ou trois reprises de me traduire en Conseil de discipline. Les gens s’y sont opposés. Ils lui ont dit que le parti n’en a pas besoin. S’il me convoque, je vais répondre et je dirai ce que je pense du secrétaire général et de la direction du parti. Et je serai présent au Bureau politique pour que la restitution soit fidèle. Maintenant, la décision leur appartient. Je n’étais pas dans la coalition Benno bokk yaakaar lors des dernières Locales. J’étais plutôt dans Benno siggil senegaal contrairement à la tactique du parti. Notre coalition a gagné ici sans problème. J’ai décidé de rester dans le parti et de les affronter à l’intérieur tant qu’on ne m’a pas renvoyé. Pour la candidature socialiste, il doit s’effacer et laisser celui qui portera les couleurs du parti se familiariser avec les Sénégalais. Mais il ne le fera jamais parce qu’il ne veut pas accepter qu’on dise qu’un autre Socialiste a fait mieux que lui. Voilà l’homme !

Mais si la Présidentielle doit se tenir en 2017, alors que Khalifa Sall n’a toujours pas l’appui du parti, pensez-vous que ce sera facile pour lui ?
Il est souhaitable que Khalifa soit candidat sous la bannière du Ps. Mais avec ou sans le parti, il sera candidat. Il n’a pas le droit de trahir les Sénégalais et heureusement il en est conscient. D’ailleurs, s’il n’est pas candidat, il met fin à sa carrière politique. Pourquoi pas créer une coalition, comme Macky Sall l’avait fait avec Macky2012, ou Tanor avec Benno ak Tanor ? Je sais qu’il veut être candidat et il est en train de travailler pour cela. Mais le secrétaire général est en train de le bloquer. Au début, on m’avait dit : «Il faut y aller doucement.» J’avais répondu : «Je le connais, c’est un homme qui ne va jamais céder.» Il se battra jusqu’au bout et, au dernier moment, il viendra nous dire : «Bon, nous sommes dans une coalition, le temps ne nous le permet pas et par conséquent, nous allons soutenir le candidat de la coalition.» C’est là qu’il y aura division. Vous avez écouté Ousmane Tanor Dieng à sa dernière émission au Grand jury de la Rfm ? Il a fait un bilan élogieux de Macky Sall. Vous croyez que ce monsieur a la tête de présenter un candidat. C’est pour cela que je parle de complot contre les intérêts du parti. Tout ce que Macky Sall dit, Tanor le répète.

Il a affirmé que le Ps assume totalement le bilan de Macky Sall...
Mais oui. Il s’est positionné. Ce sont les autres qui refusent de l’écouter. Ses discours sont honteux et ceux qui parlent en son nom ont des discours honteux. Ils le font parce qu’ils ont des postes. Moi, je suis député. Je ne suis pas à l’Assemblée pour les combattre, mais je ne suis plus dans cette coalition. Quand ils convoquent les députés de Benno bokk yaakaar, je n’y vais pas. Je fonctionne sur des principes.
Commentaires