Soit l’avis du Conseil constitutionnel est favorable à sa volonté de s’appliquer le quinquennat, soit il a décidé de prendre ses responsabilités dans tous les cas. C’est la lecture que l’on peut faire de la confirmation, par le Président Sall à L’Express, de la tenue du référendum en 2016 dont la date précise sera connue «dans les prochains jours», mais aussi de la Présidentielle en 2017.
Macky Sall lève le doute sur la tenue du référendum. Dans un entretien avec le journal français L’Express, le chef de l’Etat, répondant à la question de savoir s’il tiendra parole pour la réduction de son mandat, est formel : «Absolument. Il y aura bien en 2016 un référendum constitutionnel, dont je donnerai la date précise dans les prochains jours ; puis un scrutin présidentiel au début de 2017.» Cette affirmation présidentielle suggère que l’avis du Conseil constitutionnel ne le lie pas et, en conséquence, quel que soit l’avis des 5 «Sages» qu’il a saisis, en même temps que le président de l’Assemblée nationale, le chef de l’Etat entend prendre ses responsabilités en soumettant le projet au Peuple. Autre hypothèse, le chef de l’Etat semble assuré que les 5 «Sages» ne s’opposeront pas à sa volonté de s’appliquer le quinquennat à la place d’un septennat pour lequel il a été élu.
C’est que si la publication de son projet de révision de la Constitution, réaffirmant que «la durée du mandat du président de la République est de cinq ans» et «cette disposition s’applique au mandat en cours» avait rassuré nombre de Sénégalais, le choix de l’article 51 pour saisir le Conseil constitutionnel n’avait pas totalement levé ce doute. Mais c’est plus la sortie de son ministre-conseiller juridique à la Rfm qui a suscité la confusion. Lors d’un débat à l’émission «Remue-ménage» de la Rfm avec Pr Babacar Guèye, Ismaïla Madior Fall avait affirmé que «les avis rendus par le Conseil constitutionnel lient le président de la République».
Comme nombre de ses collègues universitaires, Pr Babacar Guèye ne partage pas son point de vue. «C’est juste un avis qui ne lie pas le président de la République. Evidemment, si le Conseil constitutionnel en arrivait à cette conclusion (pas de réduction rétroactive), il faudrait beaucoup de courage au président de la République de passer outre cet avis», soutenait-il. C’est apparemment ce que Macky Sall a décidé en annonçant la Présidentielle pour 2017. Reste maintenant à savoir si le Peuple confirmera le «oui» du Président à la réduction de son mandat en cours et les autres propositions de réformes.