Tout comme la plupart des formations politiques de l’opposition, la plate-forme Avenir/Sénégal bi nu bëgg relève beaucoup d’insuffisances et un manque d’ambitions dans le projet de révisions institutionnelles proposées par le président de la République Macky Sall.
Le projet de révision institutionnelle proposé par le président de la République Macky Sall est caractérisé par des insuffisances. Pis encore, il manque d’ambition. C’est l’appréciation faite par la plate-forme Avenir/Sénégal bi nu bëgg. Selon les initiateurs dudit mouvement qui ont fait face à la presse hier à Dakar, ‘’le remède proposé par le successeur d’Abdoulaye Wade à la tête du pouvoir ne correspond que très faiblement aux besoins exprimés par les Sénégalais en termes de réformes institutionnelles depuis plusieurs décennies’’. A la place des 15 mesures proposées par le chef de l’Etat, Me Mame Adama Guèye, membre de ladite plate-forme, et ses camarades proposent une batterie de révisions consignées dans un document dénommé : ‘’Réforme bi nu bëgg’’. Ces révisions doivent, selon eux, ‘’comprendre un paquet de questions qui ont une véritable valeur transformationnelle et une puissance refondatrice certaine, capable de changer durablement et positivement la gouvernance institutionnelle, politique, économique et sociale du Sénégal’’.
‘’Déclaration de principe’’
Parmi ces questions, ils listent la déclaration de principe. Il s’agira, selon les membres de la plate-forme Avenir, d’insérer dans le préambule de la Constitution, ‘’l’intangibilité des dispositions relatives à la forme républicaine, la laïcité, le caractère indivisible, démocratique et décentralisé de l’Etat, l’appel à candidatures pour le recrutement dans certaines directions de l’administration et des agences publiques et parapubliques, ainsi que la garantie de l’autonomie des corps de contrôle, entre autres‘’.
‘’Propositions refondatrices‘’
Outre la déclaration de principe, le porte-parole de la plate-forme Avenir, Cheikh Tidiane Dièye estime que la révision doit intégrer des propositions refondatrices non évoquées par le président de la République, Macky Sall. Celles-ci, selon Me Mame Adama Guèye et ses camarades, sont relatives à ‘’l’impossibilité pour le président de la République d’exercer une fonction dirigeante dans un parti politique afin qu’il soit le président de tous les Sénégalais et pas seulement d’un parti ou d’une coalition’’. Il s’agira ainsi de lui ‘’conférer un rôle d’arbitre du jeu politique et de garant de l’équilibre social en le plaçant au-dessus des contingences partisanes, lui donnant ainsi les moyens d’assurer les conditions d’un débat politique apaisé et productif’’. Ces propositions refondatrices doivent en outre s’accommoder de la réforme du Conseil suprême de la magistrature pour consacrer définitivement la séparation des pouvoirs exécutif et judiciaire et d’un Parlement monocaméral composé uniquement d’une Assemblée nationale où la participation effective de l’opposition parlementaire au travail législatif devient une réalité.
‘’Propositions à intégrer’’
A côté des propositions refondatrices, les initiateurs de la plate-forme Avenir pensent qu’il faut d’autres réformes institutionnelles indispensables telles que ‘’la révision du cadre de gestion du patrimoine foncier et des ressources naturelles et la définition des règles devant régir les dons et libéralités portant sur des biens appartenant à l’Etat’’.
‘’Propositions appuyées’’
Pour ce qui est des propositions appuyées, ‘’Avenir Sénégal bi nu bëgg’’ s’est dit en phase avec certaines propositions retenues dans le projet présidentiel. Ils ont entre autres accueilli avec satisfaction ‘’la garantie de la participation des candidats indépendants à tous les types d’élection, la soumission des lois organiques au Conseil constitutionnel pour contrôle de constitutionnalité avant leur promulgation, la restauration du quinquennat présidentiel et son application immédiat au mandat en cours, etc.’’
Toutefois, les camarades de Me Mame Adama Guèye manifestent toutes leurs restrictions quant aux points relatifs au renforcement et à la modernisation du rôle des partis politiques, ainsi qu’à l’élargissement de l’Assemblée nationale à la diaspora. ‘’Nous pensons qu’il s’agit d’un renforcement du rôle des partis politiques et cette question appelle à des clarifications sur le processus d’agrément, les normes de fonctionnement, le financement de ces partis. Par rapport à l’Assemblée, il se pose un problème de profil, de politique et il faut un renforcement des capacités des parlementaires pour le contrôle de l’action gouvernementale’’, ont-il soutenu.
Toutefois, les membres d’Avenir/Sénégal bi nu bëgg nient être dans une position maximaliste. Au contraire, ils n’attendent même pas de se faire inviter pour participer aux concertations auxquelles le président de la République appelle la classe politique. ‘’Nous sommes déjà dans la réflexion, on répondra favorablement aux concertations car nous sommes guidés par l’intérêt du peuple’’, rassurent-ils.