Bien que classé huitième au niveau africain et 61ème au rang mondial des pays corrompus, le Sénégal nage toujours dans la zone rouge de la corruption. Et dans les années à venir, les prétendus versements d’argent issus de la corruption dans le monde de l’athlétisme à l’opposition politique sénégalaise en 2012 risquent de faire encore mal au pays.
Le Sénégal dont les autorités ont fait de la traque des biens mal acquis leur cheval de bataille, inquiète Transparency International. Dans son rapport annuel sur la corruption dans le monde, rendu public hier, l’organisme considère le pays comme un mauvais élève. «Le Sénégal demeure toujours dans la zone rouge et risque de faire une progression régressive dans la lutte contre la corruption», avertit Birahim Seck, membre du conseil d’administration du Forum civil, section sénégalaise de Transparency International. Pour étayer ses propos, le Forum civil revoit des classements antécédents du Sénégal qui l’attribuaient en 2008, une note de 38/100 contre 41/100 en 2013 et 43/100 en 2014. Pour l’année 2015, le Sénégal a obtenu une note de 44 sur 100 qui le classe à la 61e place sur 168 pays au rang mondial alors qu’il était à la 69e place en 2014.
Au niveau africain, Sénégal occupe la huitième place sur les 46 pays et est troisième en Afrique de l’Ouest, derrière le Cap-Vert (deuxième) et le Ghana (septième), selon le rapport de Transparency international. Malgré cette progression, le pays n’a pour le moment pas dépassé le score de 50 sur 100 pour être considéré «comme un pays intègre», selon Birahim Seck.
Conséquences du Diackgate
Alors qu’elle n’a pas fini de révéler tous ses secrets au Sénégal, l’affaire Lamine Diack, ancien président de l’Iaaf, pourrait couter chère au pays dans les prochains rapports de Transparency international. Le Forum civil avertit déjà que si des mesures énergiques ne sont pas prises pour redresser la situation, ces prétendus versements d’argent issus de la corruption dans le monde de l’athlétisme à l’opposition politique sénégalaise en 2012 pourraient affecter le classement du pays pour les prochaines éditions de l’indice de perception de la corruption. Pour le moment, l’Ong anti-corruption indique qu’elle n’a pas pris en considération les conséquences de l’affaire de l’ex-président de l’Iaff et les audits sur les marchés publics des années 2013-2014 qui correspondent aux années de gestion de l’actuel président.
Ainsi, pour identifier les voies de renforcement de cette marche globale du Sénégal vers l’intégrité, le Forum civil propose un plan concerté de sortie de la zone rouge de cinq ans (2016-2020). «Ce plan doit être négocié entre le secteur privé, l’Exécutif, le Parlement, la justice, l’Ofnac, la société civile et les médias», préconise Birahim Seck. Depuis 1995, Transparency International établit un «rapport sur la perception de la corruption», un classement sur une échelle de 0 à 100, des pays les plus corrompus, en s’appuyant sur les données collectées par 12 organismes internationaux, dont la Banque mondiale, la Banque africaine de développement ou le Forum économique mondial.