Le directeur artistique de la biennale de Dakar de 2016 a fait face à la presse, hier, dans les locaux de ladite organisation. Il a présenté l’ambitieux programme qu’il souhaite dérouler, du 3 mai au 3 juin prochains, sous l’impulsion du secrétaire général de la Biennale, Rassoul Seydi.
La 12ème édition de la Biennale de l’art contemporain de Dakar (Dak’Art) sera ‘’la plus belle de toutes les biennales’’, promet le directeur artistique de cette rencontre Simon Njami. Il a fait face à la presse hier dans les locaux de la biennale, en compagnie du secrétaire général de cette structure, Rassoul Seydi. Son objectif est de faire revivre cet évènement qui, affirme-t-il, est en train de ‘’mourir gentiment’’. ‘’J’ai suivi toutes les biennales de Dakar. J’ai vu que les choses ne grandissaient pas. La stagnation est un symptôme de maladie. Et il y a une récurrence des mêmes symptômes. Une biennale se fait avec des écoles qui fonctionnent. J’ai aussi constaté un désamour grandissant de mes camarades internationaux pour la biennale’’, argue M. Njami. C’est pourquoi, en compagnie des gens avec qui il travaille, il veut rendre à la biennale ses belles lettres de noblesse, la dimension qu’elle mérite. Une mission qu’il juge ‘’impossible’’ et ‘’réalisable’’ à la fois.
A cet effet, il a concocté un programme particulier. Cette année, en plus de la traditionnelle exposition in, il est prévu diverses manifestations d’envergure pour faire sentir et faire vivre aux Dakarois cette rencontre bisannuelle. ‘’On prévoit d’organiser des manifestations dans la ville. Il est important que les Dakarois, les Sénégalais aient des aperçus de ce qui se passe. La ville sera un maillage de réseaux de performance’’, annonce le directeur artistique. En sus, il est prévu une meilleure implication des étudiants dans l’organisation. D’où la tenue d’un concours d’affiches, à l’issue duquel les meilleures seront exposées.
Les candidats devront présenter des prospectus en relation avec le thème de la biennale qui est : ‘’Art africain contemporain et esthétique de la translation’’. Il est également programmé la participation d’étudiants dans la rédaction journalière des articles du quotidien de la biennale. Les auteurs seront choisis, après la présentation d’articles d’analyse et de critiques en rapport avec le thème. Ceux qui seront choisis auront droit à une petite formation de 10 jours, à travers des workshops. Ces derniers se tiendront un peu avant la manifestation et porteront sur la critique d’art. Les étudiants pourront également prendre part à la douzième édition du Dak’Art, en tant que médiateurs. Ils remplaceront les traditionnelles hôtesses d’accueil. ‘’On veut que ceux qui s’occupent de l’accueil, dans les lieux d’exposition, puissent répondre à toutes les questions qu’on leur posera sur le travail des artistes exposés’’, fait savoir M. Njami.
Le projet ‘’Bandung’’ pour mettre fin aux diktats
Au cours de cette biennale, les professionnels auront droit à des débats de haute facture. C’est dans ce cadre que s’inscrit le projet ‘’contours’’. Des commissaires d’exposition professionnels de la Corée, du Brésil, du Cameroun, de l’Espagne, de l’Inde et de l’Italie y sont attendus. ‘’Je veux qu’ils nous montrent ce qui se passe dans leurs pays. On a choisi des gens qui travaillent dans des conditions similaires à celles du pays’’, explique le directeur artistique. Les professionnels pourront également découvrir, dans un autre cadre, celui du projet ‘’Bandung’’, le travail des artistes nigérians et qataris dont les pays sont les invités d’honneur. Ce projet, du nom de la conférence des non-alignés, a la même philosophie. Les artistes qui seront invités ont une volonté de ne pas être assujettis au diktat de l’autre. Ainsi, ils pourraient inventer de nouvelles façons de faire et de voir, à travers un colloque, car les participants comptent faire table rase de tous les diktats. ‘’Donc, ce sera un colloque très dur, avec des têtes pensantes très dures’’, annonce M. Njami.
Comme lors de la dernière édition, cette année également sera organisée une série d’expositions hommages. Elle concerne les ‘’trésors vivants’’ et les ‘’illustres disparus’’. Pour l’instant, tous les noms des concernés n’ont pas été communiqués. Il a juste été annoncé les expositions hommage à Joe Ouakam, Sidy Diallo, Papa Ibra Tall et Amadou Sow. Il est aussi prévu une exposition intitulée ‘’Les Senghor’’ dédiée aux grands prix de la biennale depuis sa création.
Quatre Sénégalais dans la sélection in
Sur 327 dossiers de candidature reçus, le comité international de sélection de la biennale de Dakar en a choisi 35. Ces derniers feront partie de l’exposition in de cette douzième biennale. L’annonce a été faite hier par le président du comité international de sélection, par ailleurs directeur artistique de l’évènement, Simon Njami. Il faisait face à la presse dans les locaux de la biennale de Dakar. Cependant, 65 artistes prendront part à l’exposition in. En effet, les 31 autres sont des invités de M. Njami. Ils font au total 65 artistes venus de 24 pays différents. Le Sénégal a 4 représentants. Henri Sagna, Mohamadou Ndoye, Arebenor Omar Yacine Bassène et Mbaye Babacar Diouf sont les artistes sénégalais dont les œuvres ont été retenues.
‘’Ré-enchantement’’, est le titre de l’exhibition in. ‘’Je crois que le monde a besoin d’être ré-enchanter’’, déclare Simon Njami. D’où le choix du titre. Les visiteurs auront le loisir de contempler des œuvres d’art contemporain, de la performance, de la sculpture, de la photographie, etc. En plus des lieux habituels d’exposition, comme la Galerie Nationale et le musée Théodore Monod, l’ancien Palais de Justice et le site de l’ex-Biscuiterie de la Médina pourraient aussi accueillir cette année des tableaux et des installations.