Quelque 65 artistes - dont quatre Sénégalais - venant de 24 pays ont été sélectionnés pour l’exposition internationale de la 12-ème édition de la biennale de l’art africain contemporain de Dakar (Dak’Art), prévue du 3 mai au 3 juin, a révélé, mardi, à Dakar, le directeur artistique de la manifestation, Simon Njami.
S’exprimant au cours d’une conférence de presse tenue au siège de Dak’Art, il a rappelé que le comité international de sélection s’était réuni samedi et dimanche à Dakar, pour choisir parmi les 327 dossiers de candidature reçus entre le 28 octobre et le 30 décembre dernier.
Les artistes sélectionnés viennent de 19 pays du continent (Sénégal, Burkina Faso, Cameroun, Maroc, Kenya, Mozambique, Ghana, Egypte, Afrique du Sud, Nigeria, Congo, Ethiopie, Tunisie, Côte d’Ivoire, Malawi, Soudan, Madagascar, Algérie, Burundi) et de cinq dans la diaspora (Etats-Unis, France, Italie, Bahamas, Portugal).
Parlant de son travail à la direction artistique de la biennale de Dakar, Simon Njami l’a qualifié de "mission impossible réalisable", soulignant qu’il s’agit de "restructurer la biennale, lui donner la dimension qu’elle mérite, c’est-à-dire une dimension réellement internationale, et de professionnaliser les équipes et les structures".
Il avait à ses côtés le secrétaire général de la manifestation, Rassoul Seydi, et un des six commissaires du Dakar, l’Indien Sumesh Sharma. "Une biennale n’arrive pas tous les deux ans, une biennale se travaille pendant deux ans. Nous avons eu le temps le plus court pour préparer", a-t-il indiqué, en rappelant que le comité d’orientation n’a été installé qu’en octobre dernier.
Pour le directeur artistique du "Dak’Art" 2016 – qui aura comme pays invités d’honneur, le Nigeria et le Qatar –, il y a, pour cet événement panafricain, "une nécessité de rigueur et de coordination, une nécessité de programmation", prédisant déjà que cette édition "va être un énorme succès qui va changer énormément de choses".
Donnant des éléments d’informations sur la structuration de la prochaine biennale, il a dit cité l’exposition internationale sur le thème du "ré-enchantement", un volet dénommé "Contours", sur la ville, pour "réaffirmer ce qu’entend montrer l’exposition".
Des commissaires invités (un Indien, une Coréenne, une Brésilienne, une Camerounaise, un Espagnol, une Italienne), seront là pour "venir nous montrer ce qui se passe dans leurs différents pays", a expliqué à ce propos Simon Njami, précisant que ce sont des hommes et des femmes "qui travaillent dans des conditions qui pourraient être similaires à celles du continent (africain)".
Le programme prévoit aussi des manifestations dans la ville, a-t-il poursuivi, estimant qu’il est "important que les Dakarois aient des aperçus de ce qui se passe dans la biennale, dont les responsables iront vers les gens pour leur permettre de participer à cet événement".
Un workshop "à une semaine ou dix jours" du "Dak’Art" – "pour combler le manque de réflexion critique" –, la mobilisation de jeunes volontaires, la formation de médiateurs culturels, un concours d’affiche "où chacun sera invité à proposer une affiche en rapport avec le thème", des hommages à des artistes disparus, une exposition dédiée aux lauréats du Grand-Prix de la biennale, un hommage à des artistes vivants, dont Joe Ouakam, sont aussi inscrits dans la structure de la 12-ème édition.
Simon Njami a par ailleurs annoncé l’organisation d’un colloque pour "essayer de penser une création qui serait non-alignée", en écho à la conférence des non-alignés de Bandoeng (1955), avec "cette volonté de ne pas être assujettis au diktat de l’autre".
"Il existe des diktats de l’art, il existe des lieux qui pensent que c’est eux qui vont dire ce qui est bien, ce qui est mal. Il existe même des gens, bien loin d’ici, qui vont vous dire ce qu’est un artiste africain et ce que n’est pas un artiste africain", a-t-il dit à ce sujet.
Pour cette édition, deux catalogues (un sur l’exposition internationale et un autre sur les différents événements structurant le programme) et un livre des actes du colloque – qui parlera des nouvelles stratégies et de la façon de se repenser –, seront édités, a conclu Simon Njami.