Depuis la fin décembre, l’affaire des « onze de Kaolack » fait grand bruit au Sénégal, où l’article 319 du code pénal punit d’un à cinq ans de prison « quiconque aura commis un acte impudique ou contre-nature avec un individu de son sexe » et où les questions relatives à l’homosexualité provoquent, à intervalles réguliers, des cris d’orfraie.
Dans la nuit du 24 au 25 décembre 2015, onze hommes soupçonnés d’avoir participé à un mariage gay étaient interpelés par la police de Kaolack dans l’enceinte du lycée Ibrahima Diouf, lors d’une soirée. Dès le lendemain, l’affaire fait scandale dans la capitale du bassin arachidier, où des rassemblements s’improvisent, résolument hostiles aux onze suspects. Lundi 28 décembre, au terme de leur garde à vue, ces derniers sont déférés au Parquet. Mais le procureur du TGI de Kaolack, considérant que le dossier ne contient pas d’éléments suffisants pour les incriminer, classe l’affaire sans suite et ordonne leur remise en liberté. Au dehors, les manifestations de colère redoublent d’intensité. Massée devant le tribunal, la foule semble prête au lynchage. Les policiers devront finalement attendre 2 heures du matin pour relâcher discrètement les intéressés – dissimulés dans des véhicules banalisés – aux quatre coins de la ville.
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