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Passage du Pm et du gouvernement à l’Assemblée: Le classe politique livre sa recette
Publié le lundi 25 janvier 2016  |  Sud Quotidien
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© aDakar.com par A. Seck
Le Pm et son gouvernement en séance question/réponse à l`Assemblée nationale
Dakar, le 12 Mars 2015 - Le Premier et son gouvernement ont fait face aux députés pour évoquer les questions d`actualité. C`était la première fois qu`une telle rencontre a lieu dans l`Assemblée nationale.




Même s’il est en train de devenir progressivement un exercice républicain d’importance notable dans la matérialisation du dialogue politique entre l’Exécutif et le Législatif, ou selon, entre le pouvoir et l’opposition, le passage du Premier ministre Dionne et de son équipe à l’Assemblée nationale, afin de répondre aux questions d’actualité des députés, n’en suscite pas moins moult… commentaires et critiques. Surtout de la part des acteurs politiques qui en contestent le format, le déroulé, la périodicité, la qualité du débat… A l’instar de Babacar Gaye du Pds, Abdoulaye Wilane du Ps, Moussa Sarr de la Ld, voire Moustapha Diakhaté de l’Apr qui livrent, à Sud Quotidien, des recettes afin que cet exercice ne soit pas tronqué et facilite un débat franc qui apporte une plus value à la démocratie sénégalaise.

BABACAR GAYE, PORTE-PAROLE DU PDS : «Il faut qu’on laisse aux députés la liberté de poser des questions…»

L’exercice que vient de faire le Premier ministre ne me semble pas faire évoluer le jeu démocratique et l’équilibre des institutions. Car, jusqu’à présent, le gouvernement a la priorité sur l’ordre du jour. Toutes les questions sont, au préalable envoyées au gouvernement avant d’être examinées à l’hémicycle. Il faut aussi préciser que le gouvernement ne respecte pas la loi en ce qui concerne la périodicité de sa présence devant les parlementaires pour répondre aux questions d’actualité et aux questions orales. Car, la loi organique portant règlement intérieur de l’Assemblée nationale a fixé cette périodicité toutes les semaines, même si le président de la République, Macky Sall a déclaré qu’il va demander au gouvernement d’être présent tous les mois.

L’autre chose est que cet exercice se passe dans un contexte de bâillonnement de l’opposition. Vous avez constaté, les membres du parlement qui représentent légitimement l’opposition n’ont pas eu droit à la parole. Au demeurant, comme cela se fait dans les grandes démocraties majeures comme la France, je pense qu’il est temps que cet exercice soit hebdomadaire et qu’on laisse aux députés la liberté de poser des questions, de répliquer au gouvernement. Sinon, cela donnerait l’impression d’un exercice de communication du Premier ministre qui, à chaque fois qu’il a besoin de s’adresser à l’opinion nationale et internationale, choisit la tribune des parlementaires pour se faire poser les questions par sa propre majorité. Il faut que cela ait le sens d’un exercice de contrôle des politiques publiques et de l’action du gouvernement par les députés de l’Assemblée nationale.

ABDOULAYE WILANE, PORTE-PAROLE DU PS : «Le débat sera de meilleure qualité le jour où…»

Ça dépend de ma conception du débat démocratique. Parce que tel que les débats se déroulent, on pose une question et c’est comme si on veut juste être édifié. Or, le débat qu’il y a eu entre le Premier ministre et l’Assemblée nationale sera de meilleure qualité le jour où l’Assemblée nationale aura les moyens, les fondements légaux d’aborder les questions relatives aux politiques publiques à évaluer et à contrôler. En ce moment, on pourra espérer qu’on aura un débat d’idées, de société. Mais jusqu’ici, ce que les députés font, c’est des questions factuelles qu’ils soulèvent en demandant au Gouvernement ce qu’il en est. C’est fini. Il n’y a pas d’analyse. De ce point de vue, nous nous félicitons pour l’instant de la marche du pays, qu’il y ait au moins cette façon de faire, étant entendu que dans l’avenir, ça va fortement s’avérer. Mais pour cela, il faut que l’ensemble des partis politiques renouent avec la formation. Que les partis politiques, dans l’opposition et au pouvoir, cessent de faire dans le pilotage à vue l’évocation de considérations factuelles. Si les partis politiques ont des politiques publiques, adossées à une idéologie, donc incarnant un projet de société, on pourra savoir ce qui différencie le député libéral du député socialiste, du député conservateur, etc. N’importe quel citoyen sénégalais, de niveau élémentaire, peut poser les questions que posent les députés comme ils les posent. Mais, le jour où le débat politique sera relevé, parce que les partis politiques auront pris à cœur et à bras le corps le défi de la formation idéologique politique, nous aurons des débats beaucoup plus riches. Quand on aura projets contre projets, visions contre visions, on pourra alors avoir des débats qui tournent autour des motions de confiance et de défiance. Mais, qu’est ce que l’Assemblée peut faire en termes de motions de confiance ou de défiance ? Je ne vois pas.

MOUSTAPHA DIAKHATÉ, PRÉSIDENT DU GROUPE PARLEMENTAIRE BBY : «Je suis satisfait même s’il faut reconnaitre…»

Je crois qu’il est très tôt pour faire le point sur le passage du Gouvernement à l’Assemblée nationale puisque cela n’a pas duré. Néanmoins, je crois que c’était une grande occasion pour le Gouvernement de rendre compte à la représentation nationale au moins une fois par mois. Je crois que c’est quelque chose de bien dans la mesure où cela permet un dialogue entre l’Exécutif et le Législatif. Mais aussi un dialogue entre la majorité et l’opposition. Car, ce que nous avons fait jusqu’à présent résulte du protocole que nous avons rédigé, le président du groupe des Libéraux et démocrates, les non-inscrits et moi-même. D’une manière générale, les questions des députés portent sur des enjeux nationaux et sur l’actualité récente. A ce niveau, personnellement, je dirais que je suis satisfait même s’il faut reconnaitre qu’il est toujours possible d’améliorer le format de cet exercice allant dans le sens de réduire sa périodicité à deux passages le mois. Cela permettra à la représentation nationale de pouvoir poser des questions sur les actualités les plus récentes. L’autre aspect qu’il faut aussi améliorer de mon point de vue est de permettre au gouvernement de disposer du questionnaire, au moins vingt-quatre heures avant son passage. Cela va permettre d’améliorer la qualité des réponses. Évidemment, le format actuel est celui que nous avons pris de la France mais je crois qu’il est possible de l’améliorer en donnant au Gouvernement le questionnaire d’avance pour lui permettre de donner les réponses percutantes à la fois orales et peut être écrites. Ce qui permettra à l’Assemblée nationale d’archiver.

MOUSSA SARR, PORTE-PAROLE DE LA LD : «Il y a toujours des choses à améliorer»

Je trouve que c’est une excellente chose que le Gouvernement se rende à l’Assemblée nationale pour échanger avec les députéssur les questions d’actualité. Cela montre la vitalité de notre démocratie. Maintenant, il y a toujours des choses à améliorer parce que depuis que le Sénégal est indépendant, c’est la première fois que nous voyons cela sous le magistère du président Macky Sall. Après quatre passages, je pense que le Gouvernement et l’Assemblée nationale, chacun de son côté doit faire une évaluation pour améliorer le format de cet exercice. On remarque que c’est le Premier ministre qui apporte de temps en temps des réponses, je crois qu’il serait mieux que ça soit les ministres concernés qui répondent davantage aux questions des députés.

J’estime également que les députés ont une grande part de responsabilité dans la réussite ou non du passage du Gouvernement à l’Assemblée parce que c’est à eux de poser des questions pertinentes sur l’économie, le social, bref sur tout ce qui touche la vie des Sénégalais. C’est à eux d’engager un débat franc avec le gouvernement. Je pense qu’il n’est pas acceptable que pour des questions de politique politicienne, un groupe de députés se mette à vouloir bloquer l’Assemblée nationale qui est une institution importante de notre démocratie. Je voudrais donc profiter de vos colonnes pour lancer cet appel aux parlementaires de tous les partis politiques, ils ont demandé les suffrages des Sénégalais qui ont porté leur choix sur eux, ils doivent mesurer cette responsabilité et l’assumer.
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