Le passage hier du Premier ministre Mahammad Boun Abdallah Dionne devant la représentation nationale a été teinté d’une vaine tentative de l’opposition de saboter la rencontre en semant le désordre. Le gouvernement, qui a joué la carte de l’indifférence, s’est résolument prêté aux questions des députés qui ont articulé leurs préoccupations autour des menaces terroristes, le référendum et le taux de croissance, entre autres.
L’opposition parlementaire a remis ça. Hier, lors du passage du Premier ministre Mahammad Boun Abdallah Dionne devant l’Assemblée nationale, elle a tenté de jouer les trouble-fête en empêchant la tenue de la rencontre. Mais Aïda Mbodji et sa bande n’ont pas pu faire capoter la rencontre. Le gouvernement qui a évité tout au long de la séance de tomber dans le panneau, a tout simplement joué la carte de l’indifférence et de l’apaisement.
Venus avec des écharpes rouges qu’ils ont tous arborés, Aïda Mbodji, Mamadou Diop Decroix, Lamine Thiam, Woré Sarr, Me El Hadji Diouf et Thierno Bocoum ont voulu usurper la parole pour manifester toute leur réprobation sur la marche de l’institution parlementaire. Mais le président de séance, Moustapha Niasse en l’occurrence, s’y est fermement opposé. ‘’Il n’est pas prévu d’intervention à ce stade de cette séance. Il n’en est pas question, cela violerait le règlement intérieur’’, a-t-il rétorqué à Aïda Mbodji qui a usurpé la parole juste après le listing des intervenants. Devant son insistance, le leader progressiste revient à la charge en ces termes : ‘’Je suis désolé Madame, vous n’aurez pas la parole à cette séance. Si vous insistez, vous ne l’aurez pas. Ce n’est pas prévu par le règlement intérieur’’, fulmine-t-il.
Mais la présidente du Conseil départemental de Bambey est vite secondée dans son combat par le député, Me El Hadji Diouf. ‘’Elle a droit à la parole, vous avez violé le règlement intérieur de l’Assemblée nationale’’, s’est écrié le tonitruant avocat qui a aussitôt quitté sa place pour rejoindre Aïda Mbodji. Les frondeurs du jour font ainsi bloc. Foulards rouges noués à la bouche, debout devant dans les rangs, Aïda Mbodji, El Hadji Diouf, Thierno Bocoum, Woré Sarr, Lamine Thiam, lancent un regard défiant à l’endroit du président de l’Assemblée nationale et de l’assistance qui commence à sortir de ses gonds. Mais Moustapha Niasse n’en a cure. Il continue son travail et passe aussitôt la parole à Mouhamed Khouraïchi Niasse, le premier intervenant. Mais ce dernier a du mal à s’exprimer.
‘’Amath Suzanne Camara insulte la mère d’El Hadji Diouf’’
A peine a-t-il commencé son speech qu’Aïda Mbodji arrache la parole de nouveau et expose ses doléances. ‘’Monsieur le président, nous avons le droit de poser certaines questions. Vous-même, vous nous avez demandé des éléments nouveaux qu’on a déposés depuis le 17 novembre. Nous vous avons bien écrit pour vous demander la reconnaissance de notre groupe parlementaire. Depuis lors, nous n’avons reçu aucune réponse de votre part’’, fulmine-t-elle d’un ton fougueux. Mais elle n’aura pas la réponse escomptée. Sitôt qu’elle a fini de parler, Moustapha Niasse demande à Khouraïchi Niasse de poser sa question. ‘’Allez-y, posez votre question’’, lui-a-t-il lancé. Au même moment, les frondeurs du jour refusent de se taire et empêchent même l’assistance d’écouter. Malgré tout, la question de Khouraïchi Niasse est posée.
Et Moustapha Niasse passe ainsi la parole au Premier ministre Mahammad Boun Abdallah Dionne. Mais avant que ce dernier ne prenne la parole, Aïda Mbodji et sa bande installent dans la salle un véritable tohu-bohu. La tension monte d’un cran. Les nerfs se chauffent. Et certains militants ‘’apéristes’’ comme Amath Suzanne Camara versent dans des invectives. Il insulte même la mère du député Me El Hadji Diouf avant d’être vite calmé et sorti de la salle par ses camarades qui évitaient coûte que coûte de tomber dans le piège. Pour sa part, Aïssatou Diouf, elle, met en garde le leader du Parti du travail et du peuple. ‘’Je vous avais dit la fois dernière qu’El Hadji Diouf est le dindon de la farce de tous les évènements. Regardez-les ! Mais ils ne peuvent pas rendre ingouvernable cette Assemblée nationale, ça je vous l’assure. Hé attention !’’ lance-t-elle.
La rencontre est sur le point d’être perturbée. Mais c’est sans compter avec la détermination du chef du gouvernement de Macky Sall de faire capoter la stratégie de l’opposition d’ajourner la plénière. Du haut du présidium, il regarde attentivement la scène avant de lancer à l’endroit des ‘’trouble-fête’’ : ‘’A chaque problème, son heure et sa solution. Mais je pense que c’est par le dialogue que nous transcenderons nos différences’’, déclame-t-il avant de passer la parole à son ministre de l’Intérieur Abdoulaye Daouda Diallo pour apporter des réponses à la question soulevée par le député Khouraïchi Niasse et qui est relative aux mesures prises à l’Etat pour faire face à la menace terroriste.
Mais les opposants reviennent subitement à la charge. ‘’Monsieur le président, nous sommes au regret de constater qu’il n’y a pas de dialogue ici à l’Assemblée nationale’’, commence par dérouler le député Thierno Bocoum avant que son micro ne soit coupé. ‘’Honorables députés, honorables députés, l’article 54 du règlement intérieur me permet de vous faire expulser immédiatement mais je ne le ferai pas’’, avertit Moustapha Niasse. Un temps d’accalmie permettant au ministre Abdoulaye Daouda Diallo de prononcer son speech est ainsi noté. Mais ce sera de courte durée. Puisque Aïda Mbodji et ses camarades vont encore revenir à la charge avant d’installer la salle dans un désordre total sous l’œil impuissant des forces de l’ordre. Il en sera ainsi jusque ce qu’ils décident finalement de boycotter la séance et de sortir de la salle. A partir de ce moment, le calme est revenu au sein de l’hémicycle et la séance pouvait se poursuivre sans couac.