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Le député Oumar Sarr entendu par le juge et renvoyé en prison: Ses conseil exigent une liberté provisoire
Publié le jeudi 21 janvier 2016  |  Sud Quotidien
Oumar
© Autre presse par DR
Oumar Sarr, coordonnateur national du Parti démocratique sénégalais




Le député libéral, Oumar Sarr n°1, sous les liens de la détention préventive depuis le 23 décembre dernier, a été entendu hier, mardi 19 janvier, sur le fond du dossier par le juge du 1ier Cabinet d’instruction. Ses conseils qui avaient pourtant demandé l’annulation de la procédure en vain se sont contentés d’introduire une demande de liberté provisoire. Ainsi donc, Oumar Sarr retourne en prison, pendant que ses avocats, en l’occurrence Me Madické Niang, parle «d’accusations infondées».

Le secrétaire national adjoint du Pds, Oumar Sarr, retourne en prison. Cela, après y avoir été extirpé hier, mardi 19 janvier, pour se faire entendre sur le fond du dossier par le juge du 1ier Cabinet d’instruction. En effet, ses conseils qui avaient auparavant introduit une demande d’annulation de la procédure, se sont vus refuser leur requête. Par conséquent, une autre demande, cette fois, de liberté provisoire a été déposée sur la table du juge. En attendant, le coordonnateur du Pds doit prendre son mal en patience en prison.

Interrogé sur ce qui s’est passé devant le juge d’instruction, Me Madické Niang, un des conseils du député libéral a indiqué «qu’avec l’audition d’Oumar Sarr, on s’est rendu compte très vite que les chefs d’accusation qui sont retenus à son endroit sont loin d’être fondés». Pour lui, c’est cela qui a motivé la demande de liberté provisoire introduite hier. Et de poursuivre : «son maintien en détention ne se justifie pas, d’autant plus que nous avons jugé que son arrestation était illégale, parce que ne pouvant pas intervenir sans l’autorisation de l’Assemblée nationale».

Revenant en outre sur les charges retenues contre son client, Me Niang a botté en touche le motif du flagrant délit. Pour lui, non seulement l’accusé n’était pas en flagrant délit, pour avoir signé en tant qu’adjoint une déclaration du Comité directeur du Pds, mais aussi que dans ce cas précis, «on est en matière de délit d’opinion». A l’en croire, pour ce genre de délit, il n’y a jamais quelque part une procédure de flagrant délit. Suffisant pour lui de dire que «la procédure n’a pas respecté ce qui est prévu en période de session parlementaire, lorsqu’il s’agit d’arrestation de député». Pour le délai d’attente de la réponse concernant la demande de Lp introduite, l’avocat a précisé que non seulement le Parquet dispose d’un délai de 15 jours, mais aussi que le juge a aussi un délai pour répondre. Cependant, il a estimé qu’il n’est pas nécessaire d’attendre tout ce temps «parce que tous ceux qui sont intervenus dans cette affaire le disent haut et fort : il n’était pas du tout normal d’arrêter Oumar Sarr».

REACTIONS... REACTIONS... REACTIONS...

THIERNO BOCOUM, DEPUTE REWMI : «Dans un pays démocratique, l’opposition doit être protégée»
Ma présence est double. En tant qu’homme politique membre de l’opposition convaincu que l’opposition est ciblée, convaincu qu’Oumar Sarr est là parce qu’il fait partie de ceux qui disent non. Il fait partie de ceux qui ont choisi de s’opposer. Dans un pays démocratique, l’opposition doit être protégée. Je suis là également en tant que parlementaire convaincu également qu’il devait y avoir une levée de l’immunité parlementaire du député Oumar Sarr. C’était un préalable avant son incarcération. Donc, il y a une injustice avérée concernant son cas. Nous sommes là pour le soutenir, mais également pour nous désoler de cette situation où on ignore les lois pour incarcérer des hommes politiques parce que tout simplement ils ont choisi d’être dans l’opposition et d’assumer leur position.

MAMADOU DIOP DECROIX, AJ/PADS : «Si j’ai un conseil à lui (Macky) donner, c’est de parler à son opposition»
Aïda Mbodj, El Hadj Diouf et les autres ont dû vous dire l’essentiel. Moi, la seule chose que je veux y ajouter, c’est que ce que le président Sall veut instaurer dans ce pays comme régime autocratique ou dictature, est impossible au Sénégal. Il faut qu’il le sache… Parce que c’est impossible. Il va peut être introduire le pays dans une situation que personne ne souhaite. Si j’ai un conseil à lui donner, c’est de parler à son opposition pour que les conflits qui agitent le pays, qui installent progressivement l’instabilité ici, que ces conflits soient résolus. Qu’il aille travailler et qu’en 2017, si les Sénégalais sont contents de lui, qu’ils le réélisent ! S’ils ne sont pas contents, qu’ils le renvoient chez lui ! Un point, un tiret.

ME EL HADJ DIOUF, DEPUTE NON INSCRIT : «C’est une bizarrerie judiciaire»
L’Etat ne pèse pas le danger, l’affront, les conséquences fâcheuses qui découlent de ce comportement inacceptable. Un député qu’on arrête sans remplir les conditions requises par la loi, c’est extrêmement grave. On ne peut arrêter un député qu’en cas de flagrant délit. Tout le monde sait que la procédure de flagrant délit est déférée devant le tribunal de flagrant délit et non un juge d’instruction. C’est une bizarrerie judiciaire. C’est inacceptable. C’est pourquoi je suis venu exprimer mon soutien.
Ma présence est double. Si ce n’était pas l’appel d’Aïda Mbodj, peut-être que je n’aurais pas eu le réflexe de venir. L’appel qui montre que les gens sont mobilisés pour dire non à l’injustice, non à l’arbitraire, cet appel m’a fait venir. Mais ensuite, personnellement j’ai toujours souhaité, pour avoir été moi même le voir en prison, qu’il soit libéré immédiatement. Parce que je considère qu’il a été arrêté arbitrairement…

AÏDA MBODJ, DEPUTE LIBERALE : «Tous les parlementaires devaient être là»
Je suis là pour dénoncer un fait inédit. Prendre un député avec son écharpe et le mettre directement en prison sans lever son immunité, c’est inédit. C’est ce qu’on est en train de dénoncer. On a mis les parlementaires devant leur responsabilité, parce que tout le monde est concerné. Il ne s’agit pas des parlementaires libéraux, ni des parlementaires de l’opposition. Mais tous les parlementaires devaient être là. C’est un parlementaire qui a été agressé. On a travesti les dispositions contenues dans le règlement, dans le Constitution. Donc, je pense qu’au delà des parlementaires, tous les démocrates devaient aujourd’hui se lever. Parce que c’est inacceptable. Notre rôle à nous est de mettre les parlementaires devant leur responsabilité. Les 150 parlementaires de l’Assemblée nationale devaient être là, non seulement pour marquer leur solidarité à leur collègue, mais aussi parce que nous sommes tous concernés. Et si, à tout moment, on peut mettre un député en prison, sans lever son immunité parlementaire, je pense qu’au delà des parlementaires, tous les démocrates devaient se lever. Oumar Sarr doit être libéré.

ECHOS

OUMAR SARR, ACCUEILLI EN HEROS
Jeunes, femmes et vieux : nombreux sont ceux qui ont effectué le déplacement au Tribunal de Dakar hier, mardi 19 janvier. Le parlementaire Oumar Sarr, placé sous mandat de dépôt pour le délit de «faux et usage de faux en écriture privée » a été entendu par le juge du 1ier Cabinet d’instruction. Convoqué pour 10h30mn, le maire de Dagana a finalement fait son entrée, à bord d’un pickup de couleur blanche des services pénitentiaires, vers les coups de 12h30mn. Son arrivée au tribunal a suscité l’hystérie chez ses inconditionnels qui ont pris d’assaut le véhicule et l’ont suivi jusqu’au niveau du portail de la Cave, accompagné par le slogan «Libérez Oumar Sarr». Cependant, les militants sont restés sur leur faim à la fin de l’audition d’Oumar Sarr qu’ils attendaient pour lui exprimer encore leur soutien. En fins stratèges, les gardes pénitentiaires l’ont fait sortir par la porte de derrière, à l’insu de tous.

LES PARLEMENTAIRES REPONDENT FAIBLEMENT
Aïda Mbodj, «présidente» non officielle du groupe parlementaire des «Libéraux et démocrates» avait convié tous ses collègues parlementaires à venir exprimer leur soutien à Oumar Sarr, lors de son audition. Cependant, la grande affluence attendue du côté des députés n’a pas eu lieu. En effet, pas plus d’une quinzaine de parlementaires n’avaient effectué le déplacement au Tribunal de Dakar. Pis, aucun député du groupe parlementaire de la majorité Bennoo Bokk Yaakaar ne s’est déplacé pour exprimer son soutien à député-maire de Dagana. Toutefois, il convient de noter la présence des députés Woré Sarr, Mamadou Diop Decroix (Aj/Pads), Thierno Bocoum (Rewmi), Khady Diédhiou (Ucs), entre autres. Comme de certains leaders de l’opposition comme Habib Sy (Pds) Pape Diop (Bokk Gis-Gis), Samuel Sarr (Pds), Babacar Gaye (Pds), Mayoro Faye (Pds), pour ne citer que ceux là.

UN DISPOSITIF DISSUASIF, MIS EN PLACE
Le décor qu’a offert le Tribunal de Dakar hier, mardi 19 janvier, rappelait celui du temps du procès de Karim Wade, actuellement en prison pour enrichissement illicite. Pour dissuader les militants et sympathisants venus nombreux exprimer leur soutien au député maire Oumar Sarr, un fort dispositif sécuritaire a été mis en place. Les policiers, armés jusqu’aux dents, ont quadrillé les axes menant au tribunal, réduisant le trafic au strict minimum. Des pickups pleins d’éléments d’intervention, étaient stationnés non loin des lieux, à des endroits différents.
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