Le ministre de la Gouvernance locale, du Développement et de l’Aménagement du territoire a procédé hier à la cérémonie d’installation officielle du comité de coordination de la préparation du nouveau programme d’appui à la décentralisation. Une occasion pour le président de l’Association des maires du Sénégal de revenir sur les dettes auxquelles font face certaines municipalités. Selon Aliou Sall, la distribution des ressources financières est inéquitable pour les collectivités locales.
Alors que la plupart des municipalités du Sénégal croulent sous le poids de la dette, celle de Dakar dirigée par le socialiste Khalifa Sall est citée en exemple, hier lors de l’installation officielle du comité de coordination de la préparation du nouveau programme d’appui à la décentralisation au ministère de la Gouvernance locale, du Développement et de l’Aménagement du territoire. Mais selon le président de l’Association des maires du Sénégal (Ams), l’édile de Dakar bénéficie d’un excédent de ressources financières. ‘’Des entreprises s’enrichissent grâce aux travailleurs de Dakar, Guédiawaye, Pikine et Rufisque. En retour, ces taxes sont versées à une seule collectivité.
C’est donc tout à fait normal qu’une telle collectivité soit en mesure de rembourser ses dettes’’, a soutenu Aliou Sall. Ainsi, le maire de Guédiawaye estime qu’il n’y a aucun mérite exceptionnel au fait que la commune de Dakar ne soit pas endettée vis-à-vis de l’Etat contrairement aux autres. Aux yeux du président de l’Ams, l’évaluation de l’acte 3 doit prendre en compte l’équilibre dans la distribution des ressources pour mettre en exergue certaines solidarités régionales, vu que la richesse est développée par l’ensemble des habitants de la région.
Guédiawaye, la commune la plus endettée
Pour bénéficier des avantages de ce programme financé à hauteur de 100 millions par la Banque mondiale et la Banque islamique de développement (Bid), les municipalités doivent remplir certaines conditions. C’est ainsi que les communes qui avaient bénéficié de financement à travers le Précol (Programme de renforcement des équipements des collectivités locales) doivent être en règle avec l’Etat du Sénégal. De l’avis du président de l’Association des maires du Sénégal (Ams), ce critère permet de jauger la crédibilité des collectivités dont certaines restent devoir encore beaucoup d’argent à l’Agence de développement (Adm). Aliou Sall renseigne que sa mairie fait partie du lot des municipalités endettées, mais s’engage toutefois à rembourser l’intégralité de la dette.
‘’Déjà, dans les débats d’orientation budgétaire de cette année, le Conseil de la ville de Guédiawaye s’est engagé à consacrer l’essentiel de ses ressources d’investissement pour un remboursement progressif car la dette s’élève à 300 millions’’, précise-t-il. Avant de se demander : pourquoi ces dettes n’ont pas été épongées par ses prédécesseurs ? ‘’A partir de 2016, nous allons consacrer plus de 90% de nos ressources d’investissements au remboursement progressif de ces dettes dues à l’Adm. Nous engagerons les collectivités locales qui sont concernées à faire de cette affaire une priorité pace que nous ne pouvons pas continuer à réclamer chaque fois davantage d’investissement sans assumer nos responsabilités’’, a fait savoir le maire de Guédiawaye. Mais pour faire sortir les endettés de cette situation, le Président de l’Ams préconise des démarches d’intercommunalités et de mutualisation.
‘’Nous devons élaborer des programme de sensibilisation, de préparation et de formation des élus pour qu’ils comprennent l’utilité et l’intérêt qu’il y a à mutualiser nos ressources et procéder à des intercommunalités en vue d’avoir des projets d’envergure structurants, capables d’impacter le développement économique de nos collectivités locales’’, fait savoir l’édile de Guédiawaye.
A en croire ce dernier, les municipalités ont besoin de mutualisation, de solidarité et de l’équité territoriale. ‘’Je voudrais que la question de l’équité territoriale soit au centre des préoccupations de l’évaluation de l’acte 3. L’endettement que j’ai évoqué tantôt relève certes de la responsabilité des exécutifs locaux mais également dans certains cas de l’impossibilité pour certaines collectivités locales de faire réellement face à certaines charges’’, a-t-il dit. Prenant exemple sur sa propre ville, le maire de Guédiawaye indique qu’il a en charge une masse salariale de 46 millions alors que les ressources propres de sa commune tournent autour de 50 millions F CFA le mois.
Equilibre des finances locales
Sur toutes ces questions, le ministre de la Gouvernance locale, du Développement et l’Aménagement du territoire est d’avis que ‘’la transparence, la bonne gouvernance et l’équilibre financière des collectivités locales sont le fondement de la durabilité des résultats’’. Ainsi les édiles des mairies concernées par cet endettement tels que Ziguinchor, Guédiawaye, Saint-Louis et Thiès doivent s’adapter pour être éligibles à ce projet. ‘’La nouvelle philosophie que nous avons de la bonne gouvernance est qu’il est important que les gestionnaires des collectivités locales se préoccupent de l’équilibre au niveau des finances locales’’, a déclaré Diouf Sarr.