Paris - Le chanteur Baaba Maal, l’explorateur de la musique sénégalaise, publie vendredi son 11e disque, "The Traveller", et est en concert à Bruxelles le même jour puis à Paris samedi dans le cadre d’une mini-tournée européenne.
A 62 ans, Baaba Maal appartient à la famille des glorieux anciens de la
chanson moderne sénégalaise, celle des Youssou N’Dour, Omar Pène, Ismaêl Lô,
Cheikh Lô...
Mais dès son apparition sur la scène musicale de son pays, ce chanteur, fils de pêcheurs du nord du Sénégal, a apporté une note discordante et novatrice dans ce paysage. Loin du sempiternel m’balax, il a fait entendre la voix et le rythme des halpulaar, un peuple du nord du pays, autour du fleuve Sénégal, appartenant à l’ethnie peul.
Sur ce socle, il n’a pas hésité à faire largement appel aux sonorités électroniques, dès ses premiers albums au début des années 90, lorsqu’il fut découvert par Chris Blackwell, le patron de la maison de disques Island, très à l’écoute de la "world music".
Plus proche d’un Geoffroy Oryema ou d’un Wassis Diop dans sa recherche du
mélange des sonorités, le chanteur s’était fait rare sur le plan discographique depuis 2000: "The Traveller" n’est que son quatrième album studio en quinze ans, le premier depuis 2009.
Sur ce disque enregistré entre Londres et ses studios de Dakar, dont la pochette chatoyante peut évoquer Magritte ou Le Douanier Rousseau, le chanteur aux dreadlocks offre toute la palette de ses musiques.
Produit par Johan Hugo -- qui a déjà travaillé avec les Maliens Amadou et Mariam ou le chanteur du Malawi Esau Mwamwaya --, "The Traveller" foisonne de guitares rock et de sonorités électroniques qui viennent s’enchevêtrer aux percussions traditionnelles qui martèlent le yela, un rythme halpulaar, comme sur le puissant morceau d’ouverture "Fulani Rock".
D’autres chansons très pop appellent à la danse, comme "Lampenda" ou "The
Traveller".
Baaba Maal, qui a toujours milité pour la reconnaissance des halpulaar, revient aussi à ses racines. "Kalaajo", une ballade acoustique, est un hommage au Fouta, région montagneuse entre Guinée Conakry et Mali, une terre d’élection des Peuls, peuple nomade, depuis plusieurs siècles.
Sur "War" et "Peace", les deux derniers titres, Baaba Maal, qui est aussi un chanteur à messages, laisse la parole au poète britannique Lemn Sissay, sur fond de flûte peul et instruments traditionnels.
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