Hier, lors de l’audience solennelle de rentrée des Cours et Tribunaux, le Bâtonnier de l’ordre des avocats, Me Ameth Bâ n’a pas fait dans la dentelle, au moment de parler de la justice. Aussi, s’est-il inquiété de l’avenir de ses confrères.
‘’ Oui ! La justice a des problèmes et c’est faire preuve de responsabilité que de le dire sans complaisance’’, a lancé hier, par le Bâtonnier de l’ordre des avocats, Me Ameth Bâ, lors de l’audience solennelle de rentrée des Cours et tribunaux. Parmi ces maux qui gangrènent la justice, l’avocat a cité, entre autres, les lenteurs administratives, l’impunité, la complexité des procédures, les défaillances des enquêtes de police, les instructions d’affaires laborieuses… Le bâtonnier a aussi pointé ‘’la systématisation abusive des mandats de dépôt’’, ainsi que l’absence de débat contradictoire entre le magistrat du parquet et le mis en cause. Une justice qui, d’après les résultats d’une étude du Réseau africain pour le développement intégré (RADI), ne bénéficie pas de la confiance des Sénégalais.
Au regard de ses imperfections, le Bâtonnier, a interpellé le président de la République sur la nécessité ‘’d’un dialogue approfondi, partagé et d’une large concertation’’. Pour lui, c’est une manière pour la justice de faire face aux mutations. ‘’L’avènement de cette justice-là est le gage certain d’une clarification des responsabilités de chaque acteur, en particulier des magistrats et des avocats qui, malheureusement, se retrouvent parfois dans des situations de confrontation inconcevable’’, a souligné la robe noire. C’est pourquoi, tout en exprimant la disponibilité du barreau, il a lancé ‘’un appel pressant, pour une prise de conscience collective de l’impérieuse nécessité de réunir les acteurs essentiels, en vue de faire face à toutes les problématiques inhérentes à la justice’’. Dans ce sens, il a invité le ministre de la Justice à tout ‘’superviser et coordonner’’.
Outre les problèmes qui assaillent la justice dans son ensemble, le bâtonnier de l’Ordre des avocats reste préoccupé par le sort de leur profession et de ses confrères confrontés à des mutations. ‘’Notre profession doit avoir le courage de se remettre en question. L’avocat d’aujourd’hui ne peut plus se contenter des petites affaires du palais, ni même des grosses, à la fois rares et exigeantes’’, a martelé Me Bâ. Selon son analyse du contexte actuel, ses confrères doivent, dès à présent, appréhender cette réalité en pensant à la formation, car ‘’de plus en plus, l’accompagnement par de solides aptitudes en droit est attendu des avocats’’. A l’en croire, c’est en vue de promouvoir un nouveau profil d’avocat que la formation initiale et continue constitue l’une des mesures phares du nouveau règlement intérieur du Conseil de l’Ordre des avocats. Lequel astreint l’avocat à disposer d’une comptabilité rigoureuse et à s’acquitter convenablement de ses obligations fiscales.
Le nouveau règlement prévoit également une juridiction du Bâtonnier pour trancher les litiges professionnels opposant l’avocat à ses confrères ou à ses clients. Par ailleurs, le Bâtonnier a exprimé l’ambition du Barreau de revoir en profondeur les recrutements et la formation des avocats. A ce propos, Me Bâ a renseigné qu’ils sont ouverts pour l’organisation annuelle d’un examen d’entrée au Certificat d’aptitude à la profession d’avocat (CAPA). ‘’Une telle option mettrait fin au régime transitoire, prévalant depuis 1984, faisant du CAPA un simple examen d’entrée, à l’issue duquel, les stagiaires sont ensuite livrés à leur propre sort’’, a expliqué le conseil.