Au box office des faits saillants dans la région de Sédhiou durant l’année 2015, se hisse la tenue, à Sédhiou le 25 février, d’un Conseil des ministres décentralisé précédé, la veille, d’un Conseil interministériel de développement. De grandes décisions sont prises mais dont la mise en œuvre trépigne encore. Entretemps, l’hivernage a connu une bonne répartition spatio-temporelle des pluies avec un bonus des offres des Domaines agricoles communautaires (DAC) de Séfa. Les performances scolaires ont quelque peu augmenté dans les secteurs de l’éducation, la santé, les sports et la culture. Mais le diagnostic révèle des tares énormes dans chacune de ces composantes lesquelles difformités risquent de gripper la machine de la progression vers l’émergence.
Le Conseil des ministres délocalisé à Sédhiou, le 25 février 2015, aura sans doute été le plus marquant des faits durant l’année écoulée dans le Pakao, Fogny, Balantacounda et Brassou. Ce fut, en effet, une tribune sur laquelle le plaidoyer général a abouti à l’annonce d’une enveloppe de 200 milliards de F Cfa pour la mise en œuvre d’un plan triennal d’investissement prioritaire. Dans le sillage de l’amélioration de la connectivité et en matière de désenclavement de la région de Sédhiou, le chef du gouvernement Mahamed Boun Abdallah Dionne a annoncé, dans le communiqué final, la construction de l’axe Sédhiou/Marsassoum, de la boucle du Boudié, d’un pont sur Marsassoum (le fleuve) et d’un important linéaire de pistes de production.
Au sujet du capital humain, d’importantes réformes institutionnelles, infrastructurelles et logistiques sont instruites, y compris la construction d’un hôpital régional à compter de 2016 pour une enveloppe de 9 milliards de F Cfa. Des projets dans les domaines de l’éducation, l’agriculture, la restructuration de l’habitat urbain, l’artisanat, les sports et la culture sont également annoncés avec ostentation par le gouvernement du Sénégal à l’occasion de ce Conseil des ministres décentralisé à Sédhiou.Sur le terrain, les travaux ont certes démarré, mais de façon très timorée à même de nourrir le pessimisme des plus pessimistes. En attendant, le dynamisme enclenché au niveau des services techniques de l’Etat se poursuit.
DECOLLAGE DIFFICILE DE L’AGRICULTURE
Dans le secteur de l’agriculture, l’hivernage a connu une bonne répartition dans le temps et dans l’espace, selon la Direction de l’agriculture qui rassure de la bonne qualité des récoltes. La situation phytosanitaire a été relativement calme mais la mise en place des intrants et équipements a quelque peu connu du retard. Pendant ce temps, les surfaces cultivables se détériorent à pas de géant sous l’emprise de la salinisation, de l’acidification des sols et de la dégradation des digues de protection même si des efforts sont en cours pour juguler le mal en vue de l’autosuffisance alimentaire (en riz) à l’horizon 2017.
Sur un autre volet, mais dans le même secteur, la région de Sédhiou dispose d’un grand périmètre de parcelles occupé par le Programme des domaines agricoles communautaires (PORDAC) dans les collectivités locales de Diendé et de Koussy. Il se veut un instrument majeur de la stratégie de l’Etat du Sénégal pour promouvoir l’emploi en milieu rural par l’entreprenariat agricole. «Ce modèle novateur a pour but de contribuer à la réduction de la précarité sociale en milieu rural en y créant les conditions favorables à la génération massive d’emplois et de richesses», a souligné le Coordonnateur national des PORDAC, Jean Pierre Senghor.
LA SANTE SOUS «PERFUSION DES PROMESSES»
La santé, quant à elle, reste malade de ses services. Insuffisance persistante de techniciens qualifiés, de logistiques roulantes surtout des ambulances, médiocrité du plateau technique dans la plupart des structures d’accueil alors que la vétusté des routes a fini de précipiter le séjour de nombre de patients à la morgue. Mais malgré ces contraintes majeures, la région a enregistré des performances remarquables dans l’amélioration des indicateurs de santé. La couverture maladie universelle, la campagne de chimio prévention du paludisme saisonnier, la prévention et la prise en charge de la tuberculose avec Fodé Kaba Seydi dit Zaki décoré par le Programme national de lutte contre la tuberculose (PNT) pour son combat manifeste contre la maladie. Par ailleurs, le service social en rapport avec l’Ong AMREF et la santé, a mené avec succès les campagnes de masse sur la chirurgie infantile et le dépistage du cancer du col de l’utérus.
UN ENVIRONNEMENT SCOLAIRE POLLUE PAR LES NOMBREUX ABRIS PROVISOIRES
A Sédhiou, l’école s’était également bien comportée durant l’année 2015 avec l’esprit de dialogue social instauré par l’inspecteur d’académie Cheick Dione. Même si les résultats sont encore insuffisants, des performances appréciables ont été réalisées aux différents examens. Ainsi, un bond de 12 points est assuré aussi bien au CFEE qu’au BFEM, et plus de 10 points au Baccalauréat général. Cependant, l’environnement scolaire reste pollué par les nombreux abris provisoires dans la région.
QUAND DES POPULATIONS LOUENT LES SERVICES DE LA GAMBIE !
S’agissant de l’accès à certains services et nouvelles technologies, la forte demande reste toujours actuelle. A Diana Malary dans le Pakao, les populations avaient barré la route au cortège du ministre de la Jeunesse, de l’Emploi des jeunes et de la Construction citoyenne, Mame Mbaye Niang, lors de la caravane des vacances citoyennes pour exiger l’électrification de leur commune. La violence de leur manifestation a valu un séjour carcéral à une bonne dizaine de jeunes à Kolda. L’électricité comme l’eau et la téléphonie demeurent jusqu’ici un luxe pour nombre de contrées de Sédhiou pourtant très peuplé, parfois obligés de solliciter la Gambie voisine pour assouvir certains besoins. C’est le cas dans le Kabada, le Dator et le Fogny.
Dans le domaine de la culture, Sédhiou s’est bien illustré au Festival national des arts et de la culture (FESNAC) à Kaolack d’où il est revenu avec le premier prix de la musique sous la conduite d’Aliou Kéba Badiane, le directeur du Centre culturel régional de Sédhiou. La culture a aussi vécu un chagrin avec le rappel à Dieu d’Oumar Mané, lead vocal du groupe Njama Niaba, des suites d’une courte maladie. Il a été inhumé dans son Balantacounda natal. Que 2015 enterre également toutes ses supplices et galères vécues par les populations. Que 2016, qui vient à peine de s’installer, soit l’année qui va procurer à la jeune région de Sédhiou des projets et programmes répondant aux besoins des populations en route vers le PSE (Plan Sédhiou Emergent). Très bonne année 2016 à tous.