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‘’La statistique est un instrument de la manipulation politique’’
Publié le dimanche 10 janvier 2016  |  Enquête Plus




Le Professeur Moustapha Kassé s’invite au débat sur le taux de croissance. Et c’est pour contester le taux de 6,4%, annoncé par les autorités. Dans cet entretien accordé à EnQuête, l’ancien doyen de la Faculté des sciences économiques et de gestion (Faseg) de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, avance ses raisons et appelle les techniciens à monter au créneau. Pour fournir des explications claires au lieu, dit-il, de laisser les politiques occuper le devant de la scène. Aussi, selon le Pr Kassé la croissance ‘’est génératrice de fortes inégalités’’ et ‘’reste largement insuffisante pour garantir la bonne santé d'une économie et la vigueur de sa démocratie’’.



Les autorités ont annoncé un taux de croissance de 6,4%. A quoi servent ces chiffres de croissance, de Pib etc.?

Votre question est importante au moins pour trois raisons : la première est le débat mal engagé lors du classement du Sénégal parmi les 25 pays du monde les plus pauvres. La seconde porte sur le taux de croissance avancé par le Chef de l’Etat à l’occasion de son adresse à la nation du 31 décembre dernier. Selon Macky Sall, le Sénégal pourrait atteindre, en 2016, un taux de croissance de 6,4%. Ce chiffre est incontestable et incontesté. Il est évalué par les institutions financières entre moins de 5% (Bceao) et 5,9%, (Fmi et BM) avec un déflateur du Pib révisé à 0,2% en 2015 et 1,8% en 2016. D’ailleurs, le vrai taux de croissance d’une année est connu deux ou trois ans après.

La troisième raison est la forte corrélation entre statistiques et démocratie surtout quand il s’agit de la mesure du PIB, de la croissance, de l’indice du développement humain ou d’autres indices dont on ne cesse de nous bassiner comme celui du Doing business, l’indice de perception de la corruption, l’indice de la bonne gouvernance… Cela rappelle, un débat houleux introduit par le Conseil Economique, Social et environnemental français en 2010. Les deux concepts techniquement débattus sont le Pib et le taux de croissance depuis les années 1940 à la suite des travaux de Keynes pour établir les comptes de la nation en vue du financement des efforts de guerre. C’est dans le cadre de la comptabilité nationale, que j’ai enseigné tout au long des années 1980-1990, que les deux indicateurs du Pib et du taux de croissance sont issus dans une conception keynésienne.

Mais que signifient réellement ces deux concepts (taux de croissance et Pib). Et pourquoi suscitent-ils de si vives polémiques ?

Prenez mon dernier ouvrage sur ‘’L’Economie du Sénégal : un quart de siècle d’une croissance atone’’. J’y observe que les deux sémantiques constituent la trame des débats et des controverses puisque débouchant sur les politiques publiques : le Pib (produit intérieur brut) et la croissance. Ils sont enfermés dans des langages et des formulations obscures que seuls maitrisent les techniciens du gouvernement qui se terrent soigneusement sans apporter les éclairages souhaités par les citoyens.

Dans la littérature économique on distingue d’une part la croissance extensive qui correspond à une augmentation des quantités de facteurs de production et d’autre part la croissance intensive qui est l’augmentation, par des gains de productivité, de facteurs de production identiques, sans création d'emplois supplémentaires. Il est aussi fait usage de la notion de croissance potentielle comprise comme la croissance maximale compatible avec les contraintes du moment. Ces contraintes peuvent être multiples : techniques, économiques, sociales et environnementales. Les citoyens sont bombardés de chiffres que le grand public ne comprend pas et même parfois les plus hautes autorités politiques qui vous répètent des chiffres qu’elles sont incapables d’expliquer clairement.

Quel intérêt les gouvernants ont-ils à donner de tels chiffres?

Parce que les chiffres sont aujourd’hui des armes de combat. Ce sont presque des boîtes noires que l’on veut faire avaler à bon compte. Mais il faut préciser que ce n’est pas l’utilité des statistiques publiques qui est en question mais leur construction, leurs méthodes d’élaboration, leur interprétation et leur diffusion. La croissance, tout le monde court après. Les chefs de gouvernement pour flatter leur bilan, les chefs d'entreprise pour justifier leur salaire et leurs stock-options et les institutions financières pour évaluer la capacité de remboursement des dettes.

Jusqu’à une date récente les comptes de la nation ne les intéressaient point, elles préféraient calculer les TOF (Tableau des opérations financières) pour mieux appréhender les Finances publiques et les capacités de remboursement de la dette. Les évolutions les plus récentes tendent à créer un lien entre taux de croissance et réduction de la pauvreté, et établissent qu’une croissance longue viendra à bout de la pauvreté. C’est sur cette base que les travaux de Demery et Walton (1998) qui ont servi de soubassement théorique aux fameux Objectifs du Millénaire pour le Développement (Omd) qui ont tenté de montrer que si l’Afrique veut réduire de moitié la pauvreté, elle doit réaliser des taux de croissance régulier d’au moins 7% sur une période de 25 ans.

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On a oublié par routine, par ignorance ou par simple étourderie intellectuelle que la croissance est celle de la variation du Pib ou Pnb. D’abord, elle n’est plus considérée comme le résultat d’un système mais comme un objectif auquel doit être subordonné tout le système économique. Ensuite, elle n’est pas spontanée mais résulte d’une impulsion provenant d’une régulation par le marché ou exceptionnellement par l’Etat.

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L’Afrique du fait du retard des forces productives matérielles et humaines, du faible niveau de vie de ses populations, a besoin d’une croissance accélérée. La croissance désigne l'évolution annuelle, exprimée en pourcentage, du Pib ou du Pnb (Produit national brut). Qui est composé de deux parties : le Pib marchand qui mesure la valeur de tous les biens et services qui se vendent dans un pays pendant une année. C’est en somme la valeur ajoutée marchande et le Pib non marchand qui représente le coût de production des services non marchands des administrations publiques : l'enseignement public, les services de l'Etat et des collectivités locales, etc. Cela appelle la connaissance de milliers de variables, une connaissance de leurs interrelations etc. La religion du taux de croissance ne suffit pas d’autant plus qu’elle est génératrice de fortes inégalités. Il reste largement insuffisant pour garantir la bonne santé d'une économie et la vigueur de sa démocratie.

Comment tout cela est élaboré ?

Par des enquêtes, des sondages et des estimations. Il y a quelques enquêtes de fait, mais souvent on recourt à la prévision avec de faibles capacités de calcul et de modélisation. La moindre représentation de l’économie globale, si sommaire soit-elle, nécessite des dizaines de grandeurs. Dès que l’on va un peu dans le détail, c’est par centaines et par milliers de variables qu’il faut compter. Et puis tout cela reste statique. Or, l’économie est dynamique. L’épargne d’aujourd’hui détermine le capital productif de demain. Lequel dépend aussi de l’âge des équipements. Le modèle doit donc raconter l’histoire de l’économie et décrire les enchainements dynamiques d’une période à l’autre.

Pourquoi, les techniciens ne montent pas au créneau pour expliquer cela ?

C’est la question que je me pose. Le taux de 6,4% est contesté alors dîtes aux statisticiens d’aller expliquer les tenants et les aboutissants’’. Mais ce n’est pas le problème du ministre. Vous avez vu une seule fois un ministre français se mettre là et dire c’est 6,4% alors que tu as, à côté de toi, des gens qui savent le faire. Pourquoi cet activisme inutile ? (Il se répète). Tu as l’Ansd qui sont tes obligés. Quand on discute de ces problèmes, les techniciens doivent aller en première ligne. La plupart du temps, ce n’est même pas une contestation. Les gens se mettent d’accord très vite s’il y a une certaine crédibilité, une confiance, dans les statistiques qui sont élaborées.

Les statistiques en Afrique et au Sénégal sont confrontées à quatre problèmes majeurs : le premier est d’ordre institutionnel. Les services sont disparates et n’ont point d’indépendance par rapport aux pouvoirs publics. Ils ne sont pas audités par des organes capables de labelliser les données ce qui va leur conférer plus de crédibilité. On se rappelle le maquillage des statistiques de la Grèce qui a conduit les responsables des services statistiques au prétoire.

Le second problème est relatif aux faibles moyens financiers. Les équipements sont insuffisants, notamment les capacités de calcul. Le troisième problème concerne l’absence d’une pluridisciplinarité permettant de coopérer avec d’autres savoirs comme l’économie et la sociologie. Le quatrième problème concerne la méconnaissance flagrante des déterminants du Pib : les secteurs d’activités, les acteurs, les facteurs de production, la productivité globale des facteurs etc. C’est seulement maintenant que démarre l’enquête sur les entreprises. En plus, un secteur déterminant comme l’informel est totalement méconnu. Les échanges intersectoriels ne sont pas connus.

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On dit que le secteur informel occupe 60 à 70% du Pib mais personne n’est capable de vous dire quelle est sa contribution parce qu’il n’y a pas d’enquêtes ni rien. Les gens disent qu’il y a 180 000 entreprises, d’autres 200 000… Cela veut dire que tout cela constitue des flous qui discréditent complétement les statistiques qu’on avance. Toutes ces insuffisances font que la statistique est un instrument de la communication et de la manipulation politique.

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Elles justifient les propos de Benjamin Disraeli comme quoi il y a 3 sortes de mensonges : les mensonges ordinaires, les satanés mensonges et les statistiques.

Avec le Pse, l’on envisage d’atteindre une croissance de 7%. Avec la dynamique actuelle cela est-il possible ?

Ce n’est pas possible. J’ai développé tous ces points là. Peut-être que c’est trop techniques les textes que j’ai développés sur cette question mais ce n’est pas possible (il se répète). Le Sénégal ne peut pas, à l’intervalle d’une année, faire un gain de 1,5% de Pib. Ce n’est pas possible.

Mais pourquoi c’est impossible ?

Parce qu’on n’a pas des secteurs qui puissent le faire. Le Président a dit dans son discours à la nation que le Sénégal atteindra un taux de croissance de 7%. Mais nous sommes dans le cadre des prévisions. Ce n’est pas possible parce que si tu interroges les secteurs agricole, industriel, aucun n’a le dynamisme permettant d’arriver à plus de 1% en moins d’un an, techniquement c n’est pas possible. Ils disent que la pluviométrie est abondante, tel secteur industriel s’est un peu repris, le bâtiment commence à aller. Tout cela est extrêmement aléatoire. Ce n’est pas des chiffres. Finalement, je le (le président de la République) comprends, parce que la statistique est une arme de combat politique, il ne faut pas se faire des illusions.

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Dans son discours le Président a commencé par dire que la conjoncture internationale est très difficile. On ne peut pas avoir des performances dans une conjoncture internationale difficile étant entendu que tu travailles avec l’argent des autres. Il y a une contradiction flagrante.

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Surtout qu’on n’a pas un bon appareil statistique qui est indépendant et qui est audité. Si en France par exemple, on ne discute pas des chiffres, c’est parce que les chiffres de l’Insee sont audités par les pairs.

Donc, il n’est pas question en France qu’on se pose des questions sur la fiabilité des chiffres avancés ?

Non. On ne se pose pas de questions sur leurs fiabilités. Vous prenez les communistes, ils diront simplement : ‘’on aurait pu faire mieux’’ ou bien ‘’le chômage ne s’est pas amélioré’’, mais on ne conteste pas les chiffres parce que ce sont des spécialistes indépendants qui les font. Et ces derniers sont souvent audités.

A vous entendre parler on dirait que vous n’êtes pas trop convaincu par le Pse qui doit nous mener à l’émergence vers 2035 ?

Pas du tout !

Pourquoi ?

Vous savez, on ne transforme pas une économie par des slogans. On transforme une économie par des politiques sectorielles et moi j’attends de voir ces politiques. On essaie de faire quelque chose dans l’agriculture, c’est bien mais c’est insuffisant. Qu’est ce qu’on fait dans l’industrie à part le Parc industriel de Diamniadio ? Rien du tout. On a quelques industries légères. Qui va y venir ? On ne sait pas. Quel est l’intéressement que les nationaux ont dans ce Parc industriel ? Donc une politique industrielle, il n’y en a pas. On a la Nouvelle société de textiles de Thiès avec 300 ouvriers, et on ne peut même pas industrialiser notre propre coton. On ne peut pas faire du développement comme ça. Dans le secteur tertiaire, tous les pays africains commencent à faire de grands investissements dans les technologies de l’information et de la communication. Ici, il y a rien sinon des discours creux et vagues. Or que c’est des possibilités. On créée des universités qui ne sont pas des universités technologiques. Si on prend la productivité des secteurs, après avoir analysé tout cela on peut dire que cette économie ne peut pas être compétitive à cause de la faible productivité des secteurs.

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Il n’y a aucun secteur où on peut dire que le Sénégal a des avantages. Personne ne nous dira quelles sont les améliorations de la productivité des secteurs ? Déjà le sénégalais ne travaille pas beaucoup. En terme de facteur travail c’est insuffisant. Le capital c’est la même chose. On a un système financier qui est absolument obsolète.

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Au fond, tu te dis, la productivité globale ça ne marche pas. C’est très, très faible et tu ne peux pas faire une compétition si tu n’as pas un niveau de productivité assez élevé. C’est le rythme de productivité qui te donne des avantages sur le marché international.

Pourtant, partout en Afrique on parle d’émergence ; au Cameroun, en Côte d’Ivoire, au Gabon… Est ce que le Sénégal est au même niveau de développement que ces pays ?

On n’est pas au même niveau. On n’a pas les mêmes dotations factorielles naturelles. Le Cameroun, je sais un tout petit peu de ce pays. Le Gabon, je ne sais pas du tout. La Côte d’Ivoire, je sais très bien. Allez à Abidjan aujourd’hui, tu vois le visage de la ville qui change. C’est l’aspect le plus visible. On parle de l’autoroute Ila Touba qui va nous coûter près de 400 milliards de F CFA. Mais si tu prends le troisième pont de Côte d’Ivoire, il a coûté 287 milliards de F CFA. Si tu y ajoutes l’autoroute Abidjan-Yamoussoukro, vous avez à peu près 187 milliards de F CFA.

L’autoroute qui va au Nord, c’est encore 500 milliards. Il n’y a pas de photo entre la Côte d’Ivoire et le Sénégal. En plus, ils (les ivoiriens) ont des dotations factorielles naturelles plus importantes. Par exemple, sur le coton, quand nous faisons 50 000 tonnes, ils en font 300 000 voire 400 000 tonnes. Ils font le café et le cacao. Ils ont un peu de pétrole même si ce n’est pas beaucoup…Quand on a mis ‘’Côte d’Ivoire Émergent’’, je n’étais pas très enthousiasme sur ça, mais ils y croient. Leur date, c’est 2020. C’est pour bientôt mais c’est visible de voir ce qui se fait. Le Cameroun va avoir des taux de croissance très élevés. Pourquoi ? Parce que c’est un pays qui n’a pas été mis en valeur. La mise en valeur ne fait que commencer. Si tu démarres très bas, les progressions sont forcément très élevées.

Mais sur quel levier le Sénégal doit appuyer pour atteindre cette émergence à l’horizon 2035 ?

Sur les leviers sectoriels. Au niveau de l’agriculture, qu’est ce qu’il faut faire ? Au moment d’accroitre la production de riz, il faut revisiter tous les sous-secteurs, de l’élevage, de la pêche. Et tous les sous-secteurs rattachés au secteur primaire, voir comment ça se développe, voir comment on peut améliorer leur développement. Il faut faire la même chose pour tous les autres secteurs. Les potentialités que nous avons, on ne les exploite pas assez.

Tout cela est dans le Plan Sénégal émergent n’est-ce pas ?

Non ! Le Pse parle beaucoup de la formation des ressources humaines mais moi je reste dubitatif. 60 à 70% des effectifs proviennent des filières littéraires. Ce n’est pas en formant en première année, 500 économistes par an que vous allez améliorer l’Etat. Il faut les insérer dans une structure.

On parle de pétrole au Sénégal. Qu’est ce que cela pourrait apporter à notre économie ?

La découverte est avérée. Maintenant, quel est l’intérêt des gens de l’exploiter ? J’ai dit dans une interview que le pétrole c’est évident. Les indices qu’on a, datent de très longtemps, les recherches datent de longtemps. Les gens oublient qu’on avait fait Petrosen pour l’exploitation du pétrole depuis Abdou Diouf. A l’époque, l’exploitation se justifiait plus parce que c’était dans une situation de cours mondiaux favorables. Maintenant, les cours ne sont pas si favorables. L’exploitation pétrolière, surtout en mer, est assez couteuse. A les entendre parler tu as l’impression que dès demain, le pétrole va sortir de terre. Tout cela n’est que de la communication.

Donc ce n’est pas demain la veille que ce pétrole va sortir de terre ?

Non ! C’est de la communication. Où en sommes-nous avec l’histoire de Petro-Tim ? Qu’est ce qui s’est passé ? Quand Wade (Me Abdoulaye Wade) l’a souligné, on a polémiqué, il a insisté, on a fermé le dossier. C’est parce qu’en fait, vous ne pouvez pas trouver des gens qui vont investir des milliards sur une exploitation dont les taux de rentabilité sont douteux. Ce n’est pas demain la veille mais c’est bien qu’on ait découvert du pétrole

Aujourd’hui, on parle beaucoup du terrorisme. Est-ce une menace réelle pour nos pays économiquement faibles ?

Non, nos Etats ne sont pas menacés par le terrorisme, ils sont menacés par la pauvreté. C’est les entreprises de violences que nous avons, plus précisément les gens qui connaissent les plus grandes frustrations, la précarité. Donc, si tu veux liquider la menace terroriste tu règles le problème économique à l’intérieur. Tant que cela n’est pas réglé la menace sera là. Prenez le Sahel, tous les éleveurs qui sont dans le Sahel se sont transformés en marchands de drogue.

Peut-on en déduire que pour combattre le terrorisme, il faut d’abord vaincre la pauvreté ?

Oui, venir à bout de la précarité, est le moyen le plus rapide pour régler toutes ces questions de sécurité. On peut détruire l’Etat islamique, mais on ne détruira pas tous les frustrés de chez toi. Les gens ne sont pas très attentifs. Quand le Président parle de Burqa… ce n’est pas son rôle. Nous avons ici des communautés religieuses qu’il faut responsabiliser et les laisser conscientiser les disciples, montrer les limites. Et cela est plus crédible parce que dès que l’Etat en parle ont dit : ‘’que dit l’Islam sur ça ?’’, ‘’qu’est ce qui est toléré, qu’est ce qui n’est pas toléré ?’’. Nous avons ici un islam qui est très stabilisateur. Il ne faut pas réveiller des démons qui n’existent pas.

PAR ALIOU NGAMBY NDIAYE
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