L’excellence est-elle en train de s’effriter à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis ? La question mérite d’être posée en ce moment. Une des vitrines de l’enseignement supérieur au Sénégal, l’institution connaît depuis quelque temps de nombreux problèmes qui risquent de plomber l’avenir radieux qu’on lui prédisait. Face à la presse, la coordination des étudiants de l’Ugb, qui veut mettre un terme à ces problèmes, a sensibilisé l’opinion et les autorités et menacé de bloquer le fonctionnement et de s’opposer à la tenue des festivités des 25 ans de l’Université.
Ce sont des étudiants de l’Université Gaston Berger de Saint-Louis très remontés contre les autorités gouvernementales et universitaires qui ont fait face à la presse dans la soirée du mardi pour dénoncer ce qu’ils ont qualifié de situation déplorable et inacceptable. «Nous sommes au regret de vous annoncer que l’Université Gaston Berger est aujourd’hui caractérisée par un mécontentement généralisé. C’est une université qui est en train de subir des bouleversements mettant en péril l’avenir des étudiants», a dit Daouda Mbaye, président de séance de la Coordination des étudiants et porte-parole du jour. Ce dernier a égrené par la même occasion un chapelet de problèmes dont souffre l’Ugb, qui impactent la qualité des enseignements et qui, selon lui, s’ils ne sont pas résolus, seront des obstacles à un bon déroulement des enseignements qui ne peuvent pas se faire dans le climat de mécontentement généralisé qui y prévaut.
Surpopulation
Parmi ces problèmes figurent en bonne place le manque d’eau, la surpopulation, le non-respect des accords signés avec le gouvernement, le retard du paiement des bourses, l’absence de wifi, entre autres. Sur la question de l’eau, les étudiants ont déploré le fait que le réseau de l’Université qui a été installé pour couvrir les besoins de 600 étudiants n’a toujours pas été étendu alors que l’Ugb compte maintenant 13 mille étudiants avec pour conséquence un manque criant du liquide précieux. Ce qui oblige certains étudiants à sécher des cours parce qu’ils n’ont pas la possibilité de se laver le matin ou de consommer de l’eau noirâtre pouvant les mettre en danger. A côté de ce problème, il y a aussi, selon le porte-parole des étudiants, le wifi qui fait défaut et qui est le socle du système Lmd qui sera un échec avec un wifi inopérant qui constitue un frein à la recherche. De l’avis des étudiants, l’hébergement constitue également un problème majeur, car avec la surpopulation des villages accentuée par l’arrivée de 2 500 nouveaux bacheliers, beaucoup d’étudiants squattent les couloirs, entre autres endroits et même l’intérieur de la moquée pour dormir la nuit. A ce sujet, ils réclament la construction de nouveaux «villages» (immeubles servant à leur hébergement) préfabriqués comme promis par leur ministère de tutelle pour accueillir les nouveaux.
«Pas de bourses depuis 45 jours»
Par ailleurs, la question du retard dans le payement des bourses a été évoquée par Daouda Mbaye qui a fait remarquer que ses camarades n’ont pas reçu de bourses depuis 45 jours. Ce qui rend leur vie au campus difficile et même impossible, car beaucoup sont obligés de tendre la main pour se nourrir. Dans cette atmosphère de crise qui prévaut, combinée au mouvement d’humeur de professeurs affiliés au Saes et au mécontentement provoqué dans presque tous les services à cause du retard des salaires, les étudiants de Sanar disent également ne pas comprendre le vœu des autorités universitaires de fêter les 25 ans de l’Université Gaston Berger en grande pompe et à coût de centaines de millions de francs. Pour cette raison, ils ont annoncé à qui veut les entendre leur décision de s’opposer à cette célébration par tous les moyens. Sur la même lancée, ils ont décidé également de bloquer le fonctionnement de l’université, aussi bien sur le plan pédagogique avec une grève déclenchée lundi que sur le plan social en invitant leurs camarades à manger gratuitement jusqu’au paiement des bourses.