Plus d’un an après la baisse vertigineuse du prix du baril de pétrole à l’échelle mondiale, l’Etat du Sénégal continue encore de «pomper» les poches des sénégalais pour renflouer ses caisses.
Les prix du pétrole continuent de s’effondrer. Une baisse qui n’a pour l’heure, aucun impact sur le quotidien des sénégalais. Or, depuis décembre 2014, le prix du baril ne cesse de dégringoler et les pays de l’Organisation des pays producteurs de pétrole (Ope) s’étaient engagés à ne pas diminuer la production journalière, en la maintenant à 30 millions de barils par jour, rappelle-t-on.
Seulement, au Sénégal, l’Etat joue la prudence et capte encore les fruits de cette dégringolade du baril. Toute chose qui laisse à croire que les 6,4% de croissance économique annoncée pourraient justifier, en partie, cette croissance qui a encensée Macky Sall, lors de son adresse à la nation le 31 décembre de l’an dernier.
Pourtant, les députés de l’opposition comme ceux de la majorité avaient marqué leur étonnement sur le mutisme de l’Etat par rapport à cette baisse vertigineuse.
Maïmouna Ndoye Seck, alors ministre de l’Energie, de passage à l’hémicycle pour l’adoption de son budget, avait été vivement interpelée par certains députés.
Notamment, Cheikh Oumar Sy, qui s’est même permis de rappeler la promesse de Macky Sall, alors candidat à la présidentielle 2012, de réduire le prix à la pompe en prenant l’exemple du Mali.
«Lors de notre installation en 2012, le prix du baril était à 109 dollars et aujourd’hui il est à 70 dollars. Pour insuffler l’économie, il faudra baisser les prix. L’Etat ne doit pas se focaliser sur ses propres recettes», avait martelé M. Sy. Awa Dia Thiam embouchera la même trompette que son collègue.
Acculée, Mme Seck avait expliqué le maintien de la structure des prix des carburants par un mécanisme de stabilisation mis en place depuis plusieurs mois suite à une forte demande de la population pour éviter les fluctuations. «On s’est fixé un plafond et un plancher en disant qu’entre les deux, les prix seront maintenus fixes. Si les prix sur le marché international descendent en deçà des prix planchers, une baisse sera répercutée à hauteur de la différence entre ce plancher et le prix. Dans l’autre sens aussi, on va répercuter cette différence. C’est un système avec ses avantages et ses inconvénients», avait-elle soutenu.
Birima Mangara, ministre du budget venu à sa rescousse disait ceci: «Il faut s’assurer que le prix du baril est structurel et non conjoncturel. S’il est structurel, vous pouvez, sur cette base, construire vos hypothèses budgétaires. Mais, s’il est conjoncturel et qu’en tant qu’Etat, vous vous précipitez à baisser un certain nombre de prix pour des produits qui sont liés à ce baril, vous risquez de fausser votre cadrage budgétaire (…)», avait-il soutenu.
Le ministre de l’économie, des finances et du plan, Amadou Bâ qui répondait à l’interpellation également des des députés sur le maintien par le gouvernement du prix du carburant à la pompe, avait appelé à la prudence dans l’appréciation de la baisse envisage. Car, soutenait-t-il “pendant que le baril de pétrole baisse, le dollar lui, est en hausse, passant de 480 FCFA à 600 FCFA”.
Il faut donc selon lui surveiller les cours du baril de pétrole en même temps que l’évolution du dollar.
Le ministre révèle néanmoins qu’en fin d’année, une commission sera chargée de définir la nouvelle structure des prix.
Pour l’heure, le prix du baril poursuit sa dégringole. Mais l’Etat garde son mutisme.