Il faudra attendre encore pour connaître la date exacte du référendum. En revanche, dans son message de Nouvel an, le chef de l’Etat a annoncé un paquet de 15 propositions qui seront soumises au Peuple. C’est ce qu’il juge «bon» parmi les réformes de la Cnri. Sur le petit écran, il y avait aussi un candidat qui faisait son bilan. Lecture.
Le Sénégal, tel un pays à jeun attendant que le président de la République donne enfin ! une datte ou date, est resté sur sa faim. Le chef de l’Etat n‘a fait que prolonger le suspense. Il est évident qu’en profondeur, si la question du référendum a bouclé le message à la Nation de Macky Sall, ce n’est pas pour la reléguer au second plan. Bien au contraire, le rédacteur l’a ingénieusement placée à la conclusion pour bien la faire saisir. L’on dit que le dernier mot, la dernière phrase ou le dernier thème énoncent souvent une volonté de mise en exergue. L’on ne pouvait d’ailleurs rêver que cette forte attente ouvre le discours ; le cas échéant, point de risque de parier que le téléspectateur décrocherait ou zapperait. Donc apparemment, tout a été fait pour que la question relative au référendum tienne toute sa place dans les débats. C’est réussi puisque tout tournait sur ce point sur les plateaux, studios et certainement, à la Une des journaux.
Dans la peau du candidat
Mais c’est là le problème pour ce discours qui s’est plutôt attelé à aiguiser les appétits qu’à assouvir une opinion qui avait faim. Ce message fleuve, comparé aux précédents, semble tourné vers un bilan à mi-mandat ou pré-Présidentielle. On pourrait l’intituler «30 minutes pour convaincre» puisque Macky Sall nous avait habitués, depuis son arrivée au pouvoir, au quart d’heure. C’était sûrement pour faire oublier le dernier laïus de son prédécesseur. La rupture ! Mais cette fois-ci, il s’est plutôt livré à une séance d’explications d’un Président face à la Nation. Face à des électeurs aussi. C’est tout le sens de l’énumération des réalisations et des perspectives qui prennent le ton, avec les chiffres économiques et les kilomètres de routes, d’un bilan. C’est, en effet, un Président en quête d’un second mandat qui a plus parlé. Surtout si le «oui» au retour au quinquennat et à son application immédiate l’emporte au référendum. Si Macky Sall a toujours affirmé et réaffirmé que la consultation populaire est maintenue en mai 2016, et après le doute installé par son ministre de l’Intérieur, il convient de retenir que c’est quand même curieux que ce que Ismaël Madior Fall appelle la «période du référendum» n’a pas été réaffirmée. A aucun moment ne figure «mai» ou encore «2016». Et que dire de la voie référendaire ? Y a-t-il une prudence communicationnelle volontairement omise pour ouvrir l’autre voie, parlementaire, pour cette révision constitutionnelle ?
Les 15 points de la Cnri que Macky juge «bons»
En revanche, pour éteindre la polémique autour de la date du référendum, le Président Sall a servi un autre plat : les 15 propositions de réforme. C’est une dose d’assurance pour son projet de révision constitutionnelle. Et parmi les articles de l’avant-projet de la Commission nationale de réforme des institutions, voilà ce qu’il «en juge bon», comme il l’avait promis. Il en ressort que nombre des propositions de Mbow et Cie sont prises en compte. Quoique la disposition qui avait fait polémique, le non cumul des fonctions de chef de l’Etat et chef de parti, n’en fasse pas partie. Sans surprise ! Tout comme la limitation de l’âge des candidats à la Présidentielle à 70 ans a été zappée. Ces 15 «changements consensuels» proposés par Macky Sall feront sans doute l’objet de débats. Comme cela a été le cas avec le référendum de 2001.