Après plusieurs tractations, débutées à l’aune de 2000 avec une plainte déposée en Belgique par une vingtaine de victimes belges d'origine tchadiennes du régime de Hissène Habré (1982-1990), le procés de l’ancien homme fort de Ndjamena s’est finalement ouvert le 20 juillet 2015 à Dakar, devant la Cour d’Assises des Chambres africaines extraordinaires (Cae).
Ces dernières ont été créées au sein des juridictions sénégalaises, sous l'égide de l'Union Africaine (UA), pour juger le président Habré, réfugié au Sénégal depuis sa chute. Les actes d'accusation portent sur des crimes de guerre, des crimes contre l'humanité et sur la torture.
Arrêté le 30 juin 2013 dans sa résidence dakaroise et inculpé le 2 juillet, Habré est admis dans un premier temps au pavillon spécial de l'hôpital Aristide Le Dantec, puis il est transféré à la prison du Cap Manuel.
C'est de là qu'il sera extrait via un mandat d'amener pour faire face au juge burkinabé, Gustave Kam, qui préside la Chambre africaine extraordinaire d'Assises, avec à ses côtés son suppléant Pape Ousmane Diallo, et les assesseurs, Amady Diouf et Moustapha Bâ, l'ancien.
Amené manu militari par les gardes pénitentiaires, Habré «insulte» la Cour et dénonce le néocolonialisme, rejette sa défense, avant de s'emmurer dans un silence total.
Malgré tout, le procès continue et la Cour commet d'office des avocats pour le défendre, avant de suspendre le procès pour une période de 45 jours afin de permettre à la nouvelle défense de s'imprégner du dossier.
A sa reprise le 7 septembre, Habré maintient sa stratégie du silence, même si les audiences se poursuivent avec l'audition des témoins qui prend fin à la mi-décembre, avant une nouvelle suspension.
Il doit reprendre le 8 février 2016 et le verdict est attendu vers fin mai de la même année.
Ce procès est qualifié, par plusieurs défenseurs des droits de l'homme, d'historique qui sonne le glas de la fin de l'impunité en Afrique.