Cent dix journalistes ont été tués en 2015 à travers le monde, 54 en otage et 153 détenus, indique Reporters sans frontières (RSF) dans un rapport rendu public mardi.
Ce dernier bilan de RSF sur les journalistes tués dans le monde a été bouclé au 28 décembre 2015, précise l’ONG dans un communiqué reçu à l’APS.
Selon cette organisation qui assure la promotion et la défense de la liberté d’informer partout dans le monde, sur les 110 journalistes professionnels tués en 2015, "49 ont été assassinés ou sciemment visés, 18 ont été tués dans l’exercice de leurs fonctions et 43 ont été tués sans motifs déterminés".
"Les motifs de la mort de 43 reporters au cours de l’année demeurent indéterminés, en raison du manque d’enquêtes officielles impartiales et approfondies, du fait de la mauvaise volonté des États ou de la difficulté dans des régions instables ou de non droit", souligne RSF.
"Ces motifs indéterminés reflètent le problème de l’impunité des crimes commis contre les journalistes dans de nombreuses régions du monde", ajoute l’organisation.
Dans son bilan, Reporters sans frontières rappelle qu’en 2014, deux tiers des reporters tués dans le monde l’avaient été en zones de conflits" et relève qu’"en 2015, la proportion s’est complètement inversée : deux tiers des journalistes tués l’ont été en temps de paix".
"Même dans les capitales éloignées des conflits armés, les journalistes peuvent être frappés, comme ce fut le cas le 7 janvier avec l’attaque de Charlie Hebdo à Paris", note RSF.
Selon l’organisation, "l’attaque contre Charlie Hebdo (a) fait de la France le troisième pays le plus meurtrier pour les journalistes dans l’exercice de leurs fonctions en 2015. Une tragédie inédite (car) jamais un pays occidental n’avait connu une telle hécatombe".
Au moins 787 journalistes ont été tués depuis 2005 en raison de leur profession, selon RSF.
Afin de "mieux protéger les journalistes (et) d’améliorer les outils pour (leur) protection dans le monde", Reporters sans frontières dit avoir "adressé plusieurs recommandations au secrétaire général, au Conseil de sécurité et à l’Assemblée générale des Nations unies".
Au nombre de ces recommandations, figure "la création d’un poste de représentant spécial sur la protection des journalistes auprès du secrétaire général des Nations unies".
"Il aurait pour tâche principale de contrôler que les États membres des Nations unies respectent leurs obligations en matière de droit international, et disposerait du poids politique et de la capacité d’alerte nécessaires pour défendre efficacement les journalistes", renseigne RSF.
Basée à Paris, l’organisation dispose de bureaux à travers le monde (Berlin, Bruxelles, Genève, Helsinki, Madrid, Rio de Janeiro, Stockholm, Tunis, Vienne et Washington...) et de correspondants dans 130 pays.
Elle est dotée d’un statut consultatif auprès de l’Organisation des Nations unies, de l’Unesco, du Conseil de l’Europe et de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF).