La maison d’arrêt et de correction de Diourbel qui devrait normalement, si l’on se fie aux standards internationaux, accueillir 135 détenus se retrouve actuellement avec 565 personnes après le magal de Touba. L’Etat ne prenant en charge que 300 pensionnaires, l’Administration est obligée de colmater pour le surplus alors que le budget d’environ 300 millions n’augmente pas ; d’où des difficultés à tous les niveaux.
Le magal de Touba a envoyé à la maison d’arrêt et de correction de Diourbel 104 personnes arrêtées pour des délits divers. C’est parce que la chaîne pénale du Tribunal de grande instance de Diourbel se déplace à Mbacké. Ce qui n’est pas sans conséquence dans le vécu quotidien de la population carcérale. Ce rajout de prévenus n’est pas pris en compte par l’Etat qui alloue à la prison de Diourbel un budget d’environ 300 millions par année. A ce jour, confie une source proche du milieu judiciaire, l’établissement compte 565 détenus alors que son plafond est de 300. Et dire que la maison d’arrêt et de correction de Diourbel, si l’on se fie aux standards internationaux dégagés par le Comité international de la Croix-Rouge (Cicr), ne devait accueillir que 135 détenus, car selon ces standards un détenu doit occuper 3,5 m2 ! En nous envoyant ces personnes en conflit avec la loi, l’Etat nous oblige à nous débrouiller alors qu’il n’y a pas suffisamment de lits et les chambres sont surpeuplées. Ce surplus va jouer sur la quantité et la qualité des mets distribués, la prise en charge médicale et la literie. D’ailleurs, cette dernière rubrique n’est pas prise en charge par le budget. Ce qui oblige les patrons de prison à faire une gymnastique pour pouvoir prendre en charge les pensionnaires.
Pour le cas de Diourbel comme pour les autres prisons du Sénégal, informe un agent de l’Administration pénitentiaire sous couvert de l’anonymat, «il n’est pas prévu de loi des finances rectificatives et l’Etat malheureusement ne suit pas les fluctuations des détenus. Si un établissement pénitencier comme Rebeuss accueille 2 000 détenus, l’Etat ne prend en charge que les 1 600. Et le reste, c’est au directeur de faire des acrobaties. Ce qui entraîne souvent les grèves notées». Afin d’humaniser les prisons, certains interlocuteurs du journal Le Quotidien pensent que «les pouvoirs publics devraient songer à élever les plafonds budgétaires, le nombre de personnes à prendre en charge, construire de nouvelles prisons parce que toutes les prisons du Sénégal datent de l’époque coloniale. Et pour couronner le tout, les magistrats devraient jouer leur partition en prononçant des mesures d’accompagnement des peines. Ils doivent aussi procéder à des semi-libertés, des placements à l’extérieur, des libertés conditionnelles, des travaux d’intérêt général. Ils doivent essayer de se départir de cette image qu’on leur colle, à savoir qu’ils sont des distributeurs de peines».
Le nouveau directeur de l’Administration pénitentiaire devra mettre en place une véritable stratégie de plaidoyer pour amener les pouvoirs publics à revoir les montants alloués aux pénitenciers parce que même si le budget journalier par détenu est passé à 1 000 francs, il faut noter qu’il est prélevé une Tva de 18% ; ce qui fait que le montant réel est de 820 francs.