Les aveux de l’ancien président de la Fédération internationale d’athlétisme (IAAF), Lamine Diack avouant l’existence du financement de la campagne de l’opposition sénégalaise contre le président sortant, Abdoulaye Wade, lors des scrutins présidentiel et législatifs de 2012 à partir de fonds tirés d’un large système mêlant corruption et dopage font monter la tension dans le landerneau politique sénégalais.
Ces révélations relayées par le quotidien français «Le Monde», dans sa parution du vendredi, ont provoqué l’émoi dans l’opinion publique, tant l’incriminé, Lamine Diack (82 ans), suscite respect et admiration dans ce pays dont il a marqué le sport et contribué à son rayonnement sur la scène internationale.
La classe politique locale s’est saisie de l’affaire. Alors que Macky Sall n’est pas cité dans les extraits d’audition diffusés par le quotidien français, le Parti démocratique sénégalais (PDS), principal parti de l’opposition, n’a pas mis de gang pour accuser le président en exercice d’avoir bénéficier du financement de Diack pour accéder au pouvoir en 2012. «L’argent sale de la corruption est au cœur des différentes campagnes de Macky Sall», dénonce le PDS dans le communiqué rendu public vendredi soir.
Malgré les démentis du camp présidentiel et les précisions du principal concerné, Lamine Diack, niant, dans un entretien accordé à une radio locale, avoir financé la campagne de Macky Sall, le PDS persiste : «la démission reste la seule porte de sortie pour les corrompus et les incompétents», martèle les partisans du président sortant Abdoulaye Wade, au pouvoir de 2000 à 2012.
Le PDS agite le dossier Diack pour remettre sur la table pour réclamer la remise en liberté immédiate de Karim Wade. Le fils de l’ex-président Abdoulaye Wade a été condamné, en mars dernier, par la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei), à six ans de prison pour enrichissement illicite et plus de 210 millions d’euros d’amende.
Réplique du pouvoir : le Secrétaire général adjoint du PDS, Oumar Sarr, a été arrêté samedi, tôt le matin, par la Police. Accusé d’offense au Chef de l’Etat et placé en garde à vue durant le week-end, il devrait être présenté lundi au Parquet.
La presse n’est pas non plus épargnée dans cette escalade. Trois journalistes du groupe D-Médias (privé), soupçonnés de la même infraction, sont également convoqués à la Police.
Patron de l’IAAF de décembre 1999 à août 2015, Diack, mis en examen par la justice française, en début novembre, pour «corruption passive et blanchiment aggravé», est soupçonné d’être impliqué dans un réseau de corruption lié au dopage créé en 2011.
Le journal «Le Monde» a rapporté vendredi, sur la base de procès-verbaux de son audition du mois dernier par les magistrats en charge du dossier, que Lamine Diack aurait avoué avoir réclamé fin 2011 des fonds pour l’opposition sénégalaise à Valentin Balakhnichev, alors président de la Fédération russe d’athlétisme. Un montant d’environ 1,5 million d’euros a été avancé.
Ses fils Khalil et Papa Massata, ex-conseiller marketing de l’IAAF, le médecin Gabriel Dollé, l’ancien président de la fédération russe et trésorier de l’IAAF Valentin Balaknichev et l’entraîneur Alexey Melnikov, sont également visés.