Le montant total des transferts de fonds envoyés par les émigrés sénégalais est estimé à 936 milliards de francs Cfa en 2011. Selon l’enquête menée par la direction de la monnaie et du crédit (DMC), 80,8% de ces transferts empruntent le circuit formel contre 19,2% passant par le canal informel. Ce montant constitue une importante manne financière qui représente 13,7% du Pib en 2011 et plus de 7 fois des flux d’investissements directs.
Le Sénégal a reçu en 2011, 936 milliards de francs Cfa provenant des travailleurs migrants et constituant une importante manne financière qui représente 13,7 % du Pib en 2011, un peu plus de 7 fois les flux d’investissements directs enregistrés en 2011. C’est ce qui ressort d’une enquête sur les envois de fonds des travailleurs sénégalais émigrés, réalisée par la direction de la monnaie et du crédit (Dmc). Les résultats de cette étude ont été publiés hier, vendredi 18 décembre lors d’un atelier de partage. Selon cette étude, les transferts des sénégalais constituent un filet de sécurité sociale pour les populations. Car, ces transferts de fonds ont un impact sur la vie des populations restées dans les pays d’origine. Le montant de ces envois a évolué dans le temps.
UN FAIBLE TAUX DE BANCARISATION
Les canaux d’envois de fonds sont, soit formels ou informels et l’enquête révèle que la plupart des migrants envoient leur fonds par le canal formel. Une proportion de 80,8 % des transferts d’argent passent par le circuit formel tandis que les 19,2 % par le canal informel via des agents individuels, amis ou parents. Les coûts élevés de transferts de fonds représentent une portion importante sur les revenus des migrants et incitent certains migrants à utiliser les canaux informels.
Un autre enseignement tiré de l’enquête est la sous-utilisation des services financiers. En effet, la plupart des bénéficiaires qui ne disposent pas de compte bancaire ou de compte dans un service de financements décentralisés (Sfd) reçoivent une part importante des transferts et sont concentrés dans le milieu rural. Ceci reflète le faible niveau de bancarisation des populations en milieu rural. Les bénéficiaires ne disposant pas de compte bancaire reçoivent 70,4 % des transferts. Les bénéficiaires ayant ouvert un compte pour recevoir des transferts représentent 5% contre 63% pour ceux qui ont l’intention d’épargner.
73% TRANSFERTS PAR LES EMMIGRES DE DIOURBEL, DAKAR ET KAOLACK
Dans le cadre de cette enquête, les migrants originaires de 5 régions, à eux seuls contribuent à 73% du montant total des transferts. Il s’agit de la région de Diourbel (17%), Dakar (16%), Kaolack (15%), Thies (14%) et Matam (11%). La part des transferts des migrants est moins importante pour les régions de Fatick (3%), Ziguinchor (4%), et Tambacounda (4%). En ce qui concerne l’utilisation faite des transferts par les ménages bénéficiaires, l’enquête montre que les fonds envoyés servent principalement dans les dépenses de consommation des familles des migrants restés dans le pays d’origine. Les bénéficiaires des transferts consacrent 85,6% des montants qu’ils reçoivent à la consommation finale et 14,4% à l’investissement. Une part importante de 64,5% du montant alloué à l’investissement est destinée à des investissements productifs. De façon spécifique les ménages utilisent l’essentiel des fonds reçus pour des dépenses d’alimentation qui occupent environ 56% des transferts qu’ils reçoivent. Il est suivi des dépenses de construction 5%, de santé 5% et d’éducation 4%. Selon l’étude, les principales destinations des migrants sénégalais sont les pays de l’Union Européenne. Ainsi, l’Italie est le premier pays avec 28% des transferts de fonds, suivi de la France avec 21% et après vient l’Espagne 14%.
UN OBSERVATOIRE DES TRANSFERTS PRECONISE
En termes de recommandations, l’étude suggère entre autres, pour une meilleure utilisation des ressources issues des transferts, la prise par les pouvoirs publics de mesures orientées vers une politique agricole qui permettra au Sénégal d’être autosuffisant sur le plan alimentaire, une politique d’orientation des migrants vers des investissements porteurs ayant des effets structurants, une politique d’épargne adéquate permettant de recycler l’argent des migrants dans le circuit économique. Aussi, l’enquête recommande que cette solidarité sociale puisse être canalisée via des instruments comme le Waqf vers les secteurs sociaux comme l’éducation et la santé. Enfin, il a été recommandé la mise en place d’un baromètre (observatoire) portant sur les transferts des migrants.