La nouvelle loi portant sur l’organisation des universités publiques ne fera-t-elle pas l’objet de contestation comme la précédente ? Si on en croit le ministre de l’Enseignement supérieur, cette dernière mouture, qui a été présentée hier aux députés et adoptée à l’unanimité, a fait l’objet d’un consensus. Selon Mary Teuw Niane, les préoccupations des syndicats concernant l’orientation des bacheliers, la composition des membres du Conseil d’administration et le mode de désignation du recteur ont été prises en compte.
La loi portant sur l’organisation des universités est passée comme lettre à la poste. Les députés ont voté à l’unanimité la Loi n° 14/2015 qui remplace la loi n°2015-02 à laquelle les syndicats d’enseignants du supérieur s’étaient opposés. Avec la nouvelle mouture qui a été votée hier à l’Assemblée nationale, un consensus a été trouvé concernant les points d’achoppement entre le ministère de l’Enseignement supérieur et le Saes. D’ailleurs, lors du vote de cette loi, un amendement a été fait sur l’article 3 concernant l’orientation des bacheliers qui était l’un des points de discorde entre la tutelle et le Syndicat autonome des enseignants du supérieur (Saes). L’amendement fait sur cet article souligne que le «ministère de tutelle et les instances pédagogiques détermineront d’un commun accord de la capacité des universités publiques» pour l’orientation des étudiants. Selon Mary Teuw Niane, «c’était juste une question de compréhension et d’écriture». «Nous avons juste précisé que les quotas vont être fixés d’un commun accord avec le ministère de tutelle et les universités». Pour plus de précisions concernant l’application de cet article, M. Niane informe qu’un atelier sera organisé le 29 décembre prochain. «Il était prévu un atelier sur l’orientation des bacheliers pour revoir tous les textes, parce que la loi est générale, ce sont les décrets et les arrêtés qui vont définir les modalités de mise en œuvre», a-t-il fait savoir. Des changements ont aussi été apportés sur la composition des membres du Conseil d’administration et la nomination du recteur. S’agissant du Conseil d’administration, il faut noter qu’il sera composé de 20 membres avec 7 représentants des enseignants, 4 de la catégorie A et 3 de la catégorie B, 3 représentants des étudiants, 3 représentants des Personnels administratifs, techniques et de services (Pats), un représentant du Parlement, un représentant des associations de parents d’élèves, 3 membres du secteur professionnel. D’après le ministre de l’Enseignement supérieur ledit Conseil d’administration sera présidé par «quelqu’un qui vient du monde socio-économique». S’agissant du Conseil académique, présidé par le recteur, une autre «innovation» a été apportée concernant le mode de désignation de ce dernier. Selon Mary Teuw Niane, après deux ans d’application de ce texte, le mode de désignation du recteur va changer. «Il est toujours désigné sur proposition du ministre de l’Enseignement supérieur, mais nous n’aurons plus le même mode, on procédera à l’appel à la candidature. A la suite de ces appels, le président de la République va nommer un recteur», a-t-il fait savoir. Insistant sur le caractère consensuel de ce texte, le ministre de l’Enseignement supérieur soutient qu’il «traduit les conclusions des Assises sur l’avenir de l’enseignement supérieur et apporte des innovations et ruptures». D’après Mary Teuw Niane, cette loi «est désormais l’affaire de toute la communauté universitaire puisqu’elle est le produit d’un consensus». Pour lui, la communauté a une responsabilité dans «sa mise en œuvre intelligente pour que nos universités franchissent le cap du service à la communauté et le cap de répondre aux standards internationaux».
Mode de désignation du recteur : La députée Lucie Cissé plaide pour la tenue d’une élection
Lors du vote de la Loi-cadre sur les universités, la députée Lucie Cissé a attiré l’attention du ministre Mary Teuw Niane sur la nécessité de revoir le mode de désignation du recteur, qui à son avis est une vieille question. Selon Mme Cissé, le recteur élu aura des rapports plus faciles avec ses pairs. D’après la députée, «quand on impose, ça pose problème». «Il faut penser à élire un recteur, il sera plus crédible auprès de ses pairs», a-t-elle dit.