Vrai ou faux, si Lamine Diack a tenu ses déclarations devant les enquêteurs, il y a là une myriade d’interrogations qui s’imposent. A-t-il financé la campagne de Macky Sall ? Si tel est le cas, il y a de l’argent sale dans l’air puisque le million et demi d’euros dont il s’agit proviendrait d’une «corruption passive» et d’un «blanchiment aggravé» présumés. Mais surtout a-t-il seulement eu l’intention de le faire sans y arriver au final ? Loin de douter de la véracité de l’information du journal Le Monde, il y a en tout cas matière à décortiquer cette «bombe».
En effet, l’essentiel des propos de Diack est mis entre guillemets, sauf le passage qui cite nommément le Président sénégalais. Qui ne figure que dans le chapeau. Nulle part dans le corps du texte et mis dans la bouche du mis en cause. Encore que ce dernier n’a pas détaillé les concernés et s’en tient à dire : «Oui, les opposants sénégalais ont bien reçu cette aide.» L’on pourrait par conséquent se demander si Le Monde n’a pas cité Macky Sall par déduction.
Et de la même manière d’ailleurs, la presse nationale a ajouté que Diack a mouillé Khalifa Sall. Dans l’article du journal Le Monde, le maire de Dakar n’a pourtant été nulle part cité. Il est dit simplement que l’ancien président de l’Iaaf a déclaré que «la Russie a (aussi) donné 400 - 450 mille euros (près de 300 millions F Cfa) pour la campagne» des Locales 2009 pour que le candidat Karim Wade «soit battu». Mais à quel(s) candidat(s). Diack n’y répond point.
Le Monde et L’Equipe
Autre question : Dans le premier article publié par le site sportif français L’équipe, qui a dû reprendre plus tard l’intégralité du texte du journal Le Monde, il a été dit que Lamine Diack voulait financer sa campagne en 2012, au cas où il serait candidat. Et le même article souligne qu’il a fini par garder cet argent après s’être désisté. Donc, deux articles qui ne disent pas la même chose quant à la finalité de cet argent.
Quand Diack voulait être candidat
Et effectivement, l’ancien maire de Dakar avait déclaré à l’Agence France presse en mai 2010, lors d’un point-presse organisé dans le cadre de la réunion d’athlétisme de Doha : «Le Sénégal veut quelqu’un pour réussir la transition et reconstruire la démocratie dans le pays. Certains membres de la société civile disent que je peux être cet homme. S’il y a un consensus, je serai candidat.» En septembre 2012 déjà, son nom circulait à côté de celui de Serigne Mansour Sy Djamil pour porter la candidature de Bennoo alternative 2012, coalition née des dissensions au sein de Benno siggil senegaal.