Un forum sur l'éducation sexuelle tenu hier à la fondation Konrad Adenauer a permis de se rendre compte de l'inexistence de cadre de dialogue social en faveur de l'éducation sexuelle au Sénégal.
Au Sénégal, l'avortement clandestin reste la principale cause d'admission en urgence des femmes (50%). Le docteur El Hadji Malick Sy Camara, socio-anthropologue et président du comité scientifique du Mouvement citoyen, s'est appuyée hier sur cette statistique, pour démontrer la défaillance en matière d'éducation sexuelle au Sénégal.
Il animait un forum de discussions sur ''Jeunesse et sexualité en Afrique : quelles stratégies pour une meilleure éducation à la sexualité ?'' Selon le docteur, négliger l'éducation sexuelle renvoie à la prégnance des avortements. Au niveau mondial, il a souligné que 9 avortements sont pratiqués chaque semaine, 43 millions par an et 95% des avortements clandestins sont pratiqués en Afrique. La fréquence de cette pratique n'est pas sans conséquence, puisqu'elle coûte la vie à plus de 47.000 femmes sur le continent.
Il a également relevé le manque de communication et le mauvais usage des méthodes contraceptifs qui montrent beaucoup de limites. L'autre point abordé est celui de la masturbation, avec ici trois positions qui se dégagent. Cette pratique fait l'objet de controverses entre les religieux, les tradipraticiens et les sexologues. Ces derniers sont justement les seuls à soutenir la bienfaisance de cette pratique, alors que la religion l’interdit, même si elle la tolère. ''Si la personne craint de tomber dans la fornication'', indique M. Camara, qui parle ainsi de choisir le moindre mal.
De l'avis des tradipraticiens, ''il y a beaucoup de jeunes et vieux qui se plaignent de l'impuissance, parce qu'ils ont eu recours à la masturbation'', a révélé le docteur Camara. ''La question sur l'impuissance est à des niveaux insoupçonnés'', a-t-il avoué. La mercantilisation des rapports s'est également invitée au débat, qui se traduit par une sorte de misère que vit les filles. Cette pratique a beaucoup de danger, a ajouté El Hadji Malick Sy Camara qui a insisté sur le risque d'infection, de maladies sexuellement transmissibles, de Vih, de grossesses non désirées et d'avortements.
Au-delà de la jeune fille, la première concernée, M. Camara a assuré que ce sont les hommes et les mères de famille qui les poussent à avorter. D'après le docteur, il est important de rendre dynamique les politiques de santé de la sexualité qui pourraient prendre en charge toutes les influences que sont les telenovelas ou autres phénomènes de migration. Il a également déploré le manque de répondant sur la sexualité au niveau des cadres sociaux.