Le Syndicat des travailleurs de la Sonatel, en conférence de presse hier, a sévèrement dénoncé les «fameux» projets de transformation «imposés» par France Télécom (Groupe orange). Selon Ndèye Founé Niang Diallo, Secrétaire générale de la section Télécom du Sntpt, et ses camarades ont mis tout sur le dos de l’Etat, avant de dénoncer son mutisme.
Le torchon brûle entre le syndicat des travailleurs du Groupe Sonatel et la Direction générale de cette boîte. A l’occasion de leur conférence de presse organisée hier, les syndicalistes dudit groupe ont exprimé leur colère face aux «fameux» projets de transformations «imposés» par France Télécom et «portés» par la Direction générale. Selon eux, ces projets, dont les objectifs sont cachés, se proposent pour tâche de démanteler leur groupe et de réduire le personnel. Aujourd’hui, constatent-ils, cette réduction du personnel est déjà palpable à travers : la multitude de boutiques oranges qui, d’après eux, viennent concurrencer leurs agences commerciales, le non remplacement des agents partis en pré-retraite et en retraite, le recours systématique à des intérimaires pour occuper des postes de permanents, etc. Face à cette situation, la secrétaire générale de la section Télécom du Syndicat national des travailleurs des postes et télécommunications (Sntpt) exhorte l’Etat à réagir. Dopée par les applaudissements de ses camarades qui sont venus en masse dans la salle, Ndèye Founé Niang Diallo ajoute : «Nous l’interpellons avec toute l’énergie nécessaire pour qu’il puisse prendre ses responsabilités afin de régler définitivement le problème de France Télécom sinon, en 2017, nous nous retrouverons avec une coquille vide. Tout sera transféré sous les yeux de l’Etat et des Sénégalais. Et nous ne pouvons pas l’admettre.»
Rouges de colère, ces travailleurs renseignent qu’ils ont essayé de rencontrer le président de la République à plusieurs fois sans succès. Parce que, disent-ils, l’Etat est entièrement responsable de cette situation. «C’est la raison pour laquelle nous dénonçons son mutisme. Au-delà d’avoir des administrateurs au sein de cette entreprise, il détient 27% du capital. Donc, nous ne comprenons pas le fait qu’il soit muet par rapport à ces projets de transformation qui menacent les emplois», se préoccupe Mme Diallo, ajoutant qu’il appartient à l’Etat, qui a décidé de privatiser la Sonatel, de négocier avec France Télécom sur le pacte d’actionnaire «violé» par cette dernière depuis. «Dans ce pacte, il était convenu que France télécom puisse accompagner la Sonatel dans la sous-région. C’est avec elle que nous avons acquis les licences au Mali et dans les deux Guinées. Et, malheureusement, elle l’a violé pour aller seule au Niger sans nous», déplorent les syndicalistes, qui déclarent la guerre à France Télécom.
«Notre ministère de tutelle, c’est un problème»
Selon ces travailleurs de la Sonatel, ils ont du mal à rencontrer leur ministère de tutelle. Et, pourtant, ils veulent déposer leurs doléances sur la table de ce dernier qui, considèrent-ils, reste introuvable. Ils condamnent : «Notre ministère de tutelle, c’est un problème. Il ne siège même pas au conseil d’administration de la Sonatel. Et nous l’avons déploré à plusieurs reprises. De ce point de vue, nous ne comprenons pas qu’on puisse dépendre de ce ministère qui n’assiste pas à la prise de décisions.»
Dans leur agenda, ces agents du Groupe Sonatel, qui ne comptent pas du tout baisser les bras, envisagent de saisir le ministre de l’Intérieur. «Le Président Abdoulaye Wade avait dit ‘’qu’il nationalise la Sonatel’’. Et, depuis lors, France Télécom nous mène la vie difficile et l’Etat laisse faire», avance Mme Diallo, avant de faire savoir que cette façon de résoudre les problèmes par les Forces de l’ordre ne les intime pas.