Environ 6 000 communautés ont déclaré publiquement avoir abandonné l’excision des filles au Sénégal, selon le Rapport annuel 2014 du programme conjoint Unfpa/Unicef.
Le Sénégal est sur la bonne voie en matière de lutte contre l’excision des filles. Selon le Rapport annuel 2014 du Programme conjoint du Fonds des Nations-Unies pour la population et du Fonds des Nations-Unies pour l’enfance (Unfpa/Unicef) sur les Mutilations génitales féminines/excision (Mgf), 5 935 communes ont déclaré publiquement avoir abandonné l’excision, les mariages précoces et forcés. La proportion de femmes âgées de 15 à 59 ans ayant déclaré avoir fait exciser au moins une de leurs filles est passée de 28% en 2005 à 26% en 2011 et à 25% en 2014. Cette étude révèle, toutefois, des disparités régionales, selon la représentante-résidente de l’Unfpa, Adréa Wojnar Diagne. Elle pense que les filles subissent de moins en moins la pratique de l’excision par rapport à leurs mères et que ces dernières renoncent de plus en plus à exciser leurs filles.
Ces résultats satisfaisants pour les acteurs ont été obtenus, en grande partie, grâce à la collaboration des jeunes à travers les réseaux sociaux et la mise en place de stratégies innovantes. D’ailleurs le Sénégal, qui est mis en valeur dans le rapport annuel pour le travail des jeunes à travers les réseaux sociaux, est invité à partager son expérience en matière de promotion de l’abandon des Mgf, de la violence basée sur le genre et la promotion de la santé de la reproduction. Cependant, des poches de résistance sont notées au Nord et au Sud du pays. La région de Matam est la plus réfractaire même si elle est passée de 76% des femmes ayant déclaré avoir excisé une de leurs filles en 2005 à 23% en 2010. Elle est suivie de Kolda (de 64% en 2005 contre 21% en 2010), de Tambacounda (53% en 2005 contre 24%) et Saint-Louis (38% en 2005 contre 11% en 2010). De manière générale, le taux national est de 25% pour les populations de 15 à 49 ans et de 13% sur les moins de 15 ans, avance Mariétou Dia, spécialiste de la Protection de l’enfant au bureau de l’Unicef à Dakar.
Par ailleurs, le faible mécanisme de suivi de ces résultats a été souligné par les acteurs qui entendent mettre les jeunes sur la scène de sensibilisation pour dénoncer les récalcitrants et venir à bout de cette pratique. «Ils sont majoritaires avec de nouvelles idées et ils se trouvent partout où cette pratique se fait, ils peuvent faire beaucoup de choses», espère Coumba Thiam, directrice de la Famille au ministère de la Femme.
Malgré ces avancées, il est aussi demandé à l’Etat de faire appliquer la loi contre les Mgf. «Mais, regrette Coumba Thiam, directrice de la Famille au ministère de la Femme, l’Etat ne peut rien faire s’il n’y a pas de dénonciation.» Depuis 1999, 8 cas d’exciseuses seulement ont été jugés au Sénégal.