Ils ont la mine serrée, crispée. Un chapiteau de 1500 mètres carrés leur a été affecté après l’incendie du pavillon vert dans la nuit de samedi à dimanche derniers. Mais les sinistrés ne décolèrent pas : "Mon patron a quitté Dakar vers 5 heures du matin, il ne reviendra plus", lance une exposante d’origine maghrébine.
Devant le Pavillon brun, sur le site de Foire internationale de Dakar (FIDAK), un chapiteau a été érigé, lundi en fin d’après- midi, pour accueillir les quelques exposants du Pavillon vert qui ont pu sauver leurs marchandises.
Mardi vers 12 heures, des exposants s’y installaient timidement. Une certaine antipathie était perceptible dans ce grand hangar. Peut-être est-ce due à la hantise des flammes de la nuit du 12 au 13 décembre.
Les rares exposants qui ont su trouver la force de poursuivre leurs activités hésitent, pour la plupart, à parler aux médias.
Mais cet espace de 1500 mètres carrés ne peut accueillir tous les sinistrés, le directeur général du CICES, Cheikh Ndiaye, l’a d’ailleurs relevé hier au cours d’une conférence de presse.
"Tout le monde ne sera pas relogé dans le chapiteau, car nous sommes encore sur les identifications, a dit M. Ndiaye, retenant que ceux qui y sont acceptés sont les victimes algériennes dûment reconnues".
Awa Ndiaye, une Sénégalaise qui gère un stand de vente d’objets électroménagers appartenant à un Algérien explique que "les Algériens n’ont pas été touchés pour la plupart, (mais) ils ont dit qu’ils ne reviendront plus, ils ont été gênés par la réaction des autorités".
Dans une diatribe, qui gêne visiblement son patron algérien, Awa poursuit : "Le chapiteau a été mis en place tardivement. Hier, à pareille heure, ce n’était pas encore prêt".
"Comment à une Foire internationale, après un tel sinistre, on ne reçoit ni la visite du ministre du Commerce, ni de celle du ministre de l’Intérieur ? Personne ne vient compatir", s’exclame-t-elle, dépitée, ajoutant : "Pavillon vert égale Foire".
Le Pavillon vert était une Foire dans la Foire et concentrait "80% des marchandises" selon le CICES.
Vendeurs de produits de beauté, de produits alimentaires, d’objets de décoration, d’appareils électroménagers, de vêtements de toutes sortes, de tapis, de mobiliers, etc., y étaient logés avant l’incendie.
"Mon patron est rentré ce matin à 5 heures", lance amèrement une exposante d’origine maghrébine qui a requis l’anonymat car son "mari est un homme important au Sénégal".
A côté, on se débrouille à ranger, à classer le restant des marchandises dans des petits stands d’à peine deux mètres carrés. Il y a encore des espaces vides.
Une vendeuse de vêtements essaye de répondre aux questions de l’APS, elle se rétracte et dit : "on est fatigué, on n’a même pas envie de parler, je suis désolée, cherchez quelqu’un d’autre".
Yasmine, une Egyptienne, expose ce qui reste de ses marchandises (chemises, pantalons, costumes) après la perte d’une grande partie, son mari reste bouche bée, indifférent à notre présence.
"Je suis déçue", glisse doucement celle qui participe à sa septième FIDAK. Quand on lui demande si elle reviendra pour la prochaine édition, elle répond, sans ambages : "ce n’est pas sûr, on a perdu beaucoup d’argent".
Aïssatou Paye, une exposante sénégalaise dont les produits, des jus de fruits naturels, ont été "sauvés par des gardiens", se dit "quand même triste".
"Pour les étrangers, je ne crois pas qu’ils reviendront pour la Foire. C’est dommage", avance-t-elle en se pinçant les lèvres.
Dans un coin au milieu du chapiteau, des ballots et des caisses en métal sont entassés, fermés. Une pancarte en bois, aux couleurs vert, jaune et rouge supplante les bagages. Il y est écrit : "Mali".