Le président de la Commission communication du Mawloud, Serigne Abdoul Hamid Sy, en marge d’un point de presse organisé samedi à Tivaouane, a décliné le programme des manifestations qui sont prévues pour la célébration de la 114e édition du Gamou de Tivaouane. Lequel programme tourne autour du thème : «Face au radicalisme, quelles réponses de l’école de Tivaouane ?»
La célébration du Mawloud à un moment où le message de Muhamed (Psl) vient de traverser plus de 14 siècles semble ces derniers temps marqués par les crises les plus aiguës qu’ait connues la Ummah. Dès lors, il est impératif, selon Serigne Abdoul Hamid Sy, de procéder à un inventaire et de réévaluer les capacités des sociétés musulmanes à réinventer la modernité originelle de leur héritage qui a défié le temps et l’espace. Le président de la Commission communication du Gamou de Tivaouane est d’avis que le Sénégal, grâce à l’enseignement de l’islam assuré par ses érudits dans une intelligence des contextes et une pédagogie de la modération, est resté un îlot paisible de stabilité, l’apport de Cheikh El Hadji Malick de Tivaouane gardant toute sa pertinence. Toutes raisons qui ont poussé au choix du thème retenu pour le symposium de cette année : «Face au radicalisme, quelles réponses de l’école de Tivaouane ?» En effet, explique Serigne Abdoul Hamid Sy, la ville sainte de Tivaouane, capitale de la Tidjania au Sénégal, est un foyer religieux rayonnant où sont passés de grands guides religieux venus se former pour ensuite faire essaimer l’islam partout en Afrique et dans le monde. Ce foyer d’enseignement et d’échanges, poursuit le religieux, a su formater un modèle éducatif bâti sur les préceptes de l’islam tout en s’inspirant des valeurs humanistes enrichies de l’héritage culturel africain qui a pu, en tout temps, se donner les moyens conceptuels et intellectuels d’une assimilation critique et constructive. A la fois foyer religieux et espace d’interpellation intellectuelle, Tivaouane offre une école de pensée, une méthode éprouvée sur des générations de disciples. «Elles ont toujours pu y bénéficier d’une formation religieuse, spirituelle et citoyenne sur le chemin de vie ayant permis aujourd’hui à ses millions de croyants de vivre leur foi en paix et en équilibre où qu’ils se trouvent à travers les continents.»
Revenant sur le symposium, le marabout d’informer que quatre communications sont prévues. Et chaque communication sera animée par un conférencier principal qui présente le sujet et des intellectuels, chercheurs ou acteurs invités à apporter leurs contributions pour enrichir les débats. Des communications qui vont s’imbriquer les unes aux autres et concourent toutes à démontrer la pertinence et la solidité des réponses de l’école de Tivaouane face au radicalisme qui est en train de déstabiliser le monde. En effet, explique le président de la Commission communication, le monde traverse une crise des valeurs et des identités. Le monde musulman, en particulier, est secoué par des conflits violents qui s’expriment, entre autres, à travers la violence et notamment des attentats terroristes, des guérillas urbaines et des confrontations idéologico-politiques en tous genres. «Du Yémen à l’Irak, de la Syrie au Pakistan, de Daesh à Boko haram, pour ne citer que ceux-là, les foyers de tensions déchirant les sociétés musulmanes ne font que s’exacerber. L’explication pourrait se trouver aussi bien dans les conditions d’exercice du pouvoir dans les pays arabes et/ou musulmans, le choc des intérêts géopolitiques de l’Occident dominant, dans le sous-développement et la mal gouvernance génératrice d’injustice, de frustrations alimentant l’extrémisme violent que dans l’instrumentalisation politique de l’islam au détriment de populations éprises de justice et d’équité.» Mais, ajoute-t-il, en dépit de la diversité et des conceptions, le radicalisme menant à l’extrémisme violent trouve ses origines dans le processus de construction du sens, des identités largement dominées par les malentendus et les contradictions autour des systèmes de valeurs et des codes d’honneur en concurrence ou en conflits. «C’est donc sur cette matière indéfiniment malléable qu’il nous faut agir pour anticiper sur les crises futures et bâtir le profil humain d’un citoyen, d’un musulman, totalement engagé dans le développement de sa communauté selon les valeurs et préceptes de l’islam, religion de paix et d’amour.» Il faudra donc pour ce faire, selon le marabout, rendre plus intelligibles les concepts et le contenu de nos héritages religieux et culturels conjugués afin qu’ensemble, on puisse faire face aux défis de notre monde en pleine mutation. Dans ce marché des biens symboliques concurrents qu’est devenu notre univers mondialisé, il s’impose un réel positionnement assumé de notre offre. Cela, pour qu’au-delà même de nos sociétés qui s’interrogent, le monde entier puisse tirer profit de cet héritage spirituel ayant façonné notre pays et son destin. Il conclut en soutenant que le Sénégal, pays de paix, de foi, offre au monde un exemple de stabilité et de coexistence religieuse pacifique par laquelle l’écrasante majorité musulmane y vit paisiblement avec toutes les autres composantes de notre Nation. «Les musulmans entre eux ne sont pas, non plus, de la même obédience confrérique, mais vivent leur islam en paix et en harmonie avec les enseignements du Saint Coran et de l’essence du message mouhammadien. Cette richesse du Sénégal appartenant au patrimoine mondial immatériel est à verser dans le cadre de l’universalité des valeurs qui transcendent nos différences et divergences. Dans un contexte régional et international traversé par des interrogations et des incertitudes, c’est un apport considérable à mettre à la corbeille des solutions universelles recherchées pour bâtir un monde de paix et de dialogue.»