Sublime moment de grâce, d’adoration d’Allah, le Tout-Puissant, mais aussi de retrouvailles et de réjouissances populaires, la célébration, le 12 Rabi Al-Awal 1437, correspondant, cette année, à la nuit du 23 au 24 décembre 2015, de la naissance du Messager lumineux, le meilleur des êtres, le Prophète Seydina Mouhammad Rassoulilah (Psl), ou Mawloud Al Naby, la cité religieuse de Cheikh Al Seydi El Hadji Maodo Malick Sy, Tivaouane-la-pieuse, capitale du tidianisme, se prépare à accueillir, dans la plus grande ferveur religieuse, le monde islamique. En prélude à ce grand évènement, les séances de Bourde ont démarré dans la soirée de ce samedi 12 pour se poursuivre, 10 nuits durant, jusqu’au 21 décembre. Le Quotidien fait un zoom sur le sens du Bourde.
Le croissant lunaire aperçu ce samedi 12 décembre marque l’ouverture, pour 10 jours durant, du Bourde, organisé en prélude au Gamou retenu, cette année, pour le 23 décembre 2015. Ainsi, la capitale du tidianisme, Tivaouane-la-Pieuse, commence à recevoir ses premiers fidèles venus des quatre coins du Sénégal et d’ailleurs commémorer, dans la ferveur religieuse, la naissance du Prophète Seydina Mouhammad Rassoulilah (Psl), ou Mawloud Al Naby. Partout, déjà, au niveau des différentes Zawiya, ces temples d’Allah qui font la fierté de la ville sainte, c’est l’effervescence des grands moments de recueillement, particulièrement dans les mosquées de Cheikh Al Seydi Khalifa Aboubacar Sy et de El Hadji Maodo Malick Sy où lesdites soirées religieuses sont présidées respectivement par le porte-parole de la famille Sy, Serigne Abdoul Aziz Sy Al Amine et Serigne Mbaye Sy Mansour. Un temps fort qui permet aux fidèles de la communauté tidiane d’exalter l’œuvre d’une dizaine de chapitres de l’imam Abou Abdallah Mohammed ibn Saïd al-Bousiri. «Un grand homme, qui a vécu au 7ème siècle de l’Hégire (1211–1294), un poète égyptien qui écrivit sous le patronage du vizir Ibn Hinna», selon Abdou Aziz Diop, petit-fils de El Hadji Maodo Malick Sy. Avec des poèmes qui sont principalement d’inspiration religieuse, dont le plus connu, le «poème du manteau» (Qasidat al-Burda), est entièrement dédié à la louange du Prophète Mouhammad (Psl). Ce poème, considéré, du vivant même de son auteur, comme «sacré», occupe encore aujourd’hui, une place particulière au sein de l’islam.
Pour la petite histoire, le Cheikh Abou Abdallah Mohammed ibn Saïd Al-Bousiri, très jeune, fréquenta les cours de divers traditionalistes et soufis. Hémiplégique, il formula des invocations pour sa guérison lors de la formulation du poème. Lorsqu’il l’eut achevé, il vit une nuit en rêve le Prophète Mouhammad (Psl) passer sa main bénite sur le côté paralysé de son corps et jeter un manteau sur lui. A son réveil, il se retrouva complètement guéri de sa maladie. Le poème reçut alors le nom de «Burda» (Le Manteau). Et, c’est à travers ce livre, qui comprend 10 chapitres et totalise 160 vers, que l’œuvre exaltante de l’imam Bousiri enrôle, dans le frisson spirituel, dès l’apparition du croissant lunaire, des milliers de fidèles de El Hadji Maodo Malick Sy pour une durée de 10 jours, à raison d’un chapitre à lire par jour, pendant la nuit, dans les mosquées.
La Burda, selon Abdou Aziz Diop, est une invocation du Prophète Mouhammad (Psl), mais aussi des chants dédiés au Sceau des Prophètes (Psl), permettant aux fidèles tidianes de revisiter l’œuvre et la vie du Messager de Allah. Le petit-fils de Mame Maodo ne manque pas de rappeler que son grand-père, le Saint-Homme de Tivaouane, a écrit un livre intitulé : Khilassou Jahab, retraçant la vie du Messager (Psl), depuis sa naissance jusqu’à son retour à Dieu. Et d’aucuns de laisser même croire à un compagnonnage spirituel avec le meilleur des êtres, Lequel lui transmettait les révélations surnaturelles, extraordinaires sur Lui, portées à la connaissance de l’humanité, entre autres créatures.
Tivaouane exalte l’œuvre de l’imam Bousiri
Selon Abdoul Aziz Diop, c’est la vénération de Mohammed Bousiri qui constitue le socle de la détermination du Saint-Homme de Tivaouane à se recueillir à travers la Burda, dès l’apparition du croissant lunaire, les 10 premiers jours durant qui précédent le Maouloud, avec, chaque nuit, la lecture d’un chapitre du livre en question. A l’en croire, «l’innovation, depuis trois ans à Tivaouane, reste le choix des érudits de la famille de Mame Maodo Sy de décrypter, pour les fidèles, le message véhiculé dans ledit livre». Lequel message est arrimé au modèle prophétique, autour de la vie et de l’œuvre de l’envoyé spécial Seydina Mouhammad Rassoulilah (Psl).
En d’autres termes, Mame El Hadji Malick Sy n’est-il rien d’autre que la continuité du modèle Prophétique, à l’instar de tous les saints de ce pays ? Une autre innovation de taille reste les Bourdes décentralisées. Et Abdou Aziz Diop de faire dès lors remarquer que «Maodo fut un des grands artisans de la décentralisation dans ce pays, pour avoir installé partout, à travers le continent africain, des Mouhadams (grands érudits)».
Aujourd’hui, tout le monde ne pouvant pas converger vers Tivaouane les dix premiers jours, Abdoul Aziz Diop de penser que c’est donc là «une façon d’occuper sainement les fidèles pour chanter les louanges du Prophète (Psl), le Saint des Saints, le Sceau des Prophètes, le modèle recommandé».
Après la clôture de la Burda, à 48 h du Mawloud proprement dit, qui reste une «préparation spirituelle du musulman», se tiendra un symposium sur le thème : «Quelle réponse de l’école de Tivaouane face au radicalisme ?» D’autant qu’aux yeux du petit-fils de Mame Maodo, «nous sommes dans un monde extrêmement bouleversé par des extrémismes». L’islam étant une religion de paix, d’amour, Abdoul Aziz Diop de souligner : «Nous allons, cette année, dans le cadre de ce symposium, réfléchir sur différents thématiques, à travers le nombre de panels.» Le douzième jour qui coïncide avec la naissance du Prophète Mouhammad (Psl), à savoir le jour de la célébration du Mawloud Al Naby, le khalife et ses frères, selon M. Diop, «choisiront de retracer la vie du Messager Lumineux, le Meilleur des êtres, le Prophète Seydina Mouhammad Rassoulilah (Psl)».