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Entretien - Lutte contre le terrorisme : Assane Ndoye sort ses notes
Publié le lundi 14 decembre 2015  |  Le Quotidien




Ambassadeur au Mali, un des principaux bastions des jihadistes en Afrique de l’Ouest, le commissaire Assane Ndoye, est bien outillé pour parler de la menace terroriste. Dans cet entretien, il évoque l’attaque du Radisson Blu qui a fait 20 morts dont un Sénégalais. L’ancien patron de la Dic, accroché hier en marge de la 5ème conférence des ambassadeurs et consuls généraux, prône l’unité des Etats pour vaincre le terrorisme, qui selon lui va «tôt ou tard disparaître».

En tant qu’ambassadeur du Sénégal à Bamako, quelle importance regorge cette conférence des ambassadeurs, des consuls généraux ?
Les enjeux sont multiples. Il est sécuritaire d’abord parce qu’il faut commencer par la sécurité et on va aussi aborder l’aspect économique. Voila les deux enjeux fondamentaux. Je ne vous apprends rien en vous disant que le terrorisme fait actuellement des ravages en Afrique de l’Ouest. Bon, le Sénégal ne va pas rester les bras croisés. On touche du bois parce que jusque-là on est épargné par ces criminels qui n’ont rien à voir avec des défenseurs de la religion islamique. Ce sont des meurtriers dont les motivations sont obscurantistes. On veille au grain et jusqu’à présent ça se passe très bien au Sénégal. J’espère que cela ira encore mieux parce qu’on a pris les devants pour ne pas se faire avoir par ces criminels.

Comment la communauté sénégalaise a vécu les attaques terroristes qui ont frappé le Mali, le 20 novembre dernier, provoquant la mort de 20 personnes dont un Sénégalais ?
Très mal ! On a tous été sous le choc. Mais la communauté sénégalaise n’était pas abattue parce que l’ambassade était à ses cotés. Les Maliens eux sont plus ou moins habitués à cela. Ce n’est pas la première fois que de pareils évènements se produisent à Bamako même. Vous savez, quand il s’agit de pertes en vies humaines, c’est toujours regrettable. Ce sont des innocents qui ont péri. Les terroristes ne sont pas une menace pour le Mali mais pour tout le monde, voire même l’Humanité. Encore une fois, nous exprimons notre compassion au Peuple frère du Mali mais aussi particulièrement à notre compatriote Assane Sall qui a été l’un des malheureux de l’attaque du Radisson Blu de Bamako.

Quelle doit être la solution pour faire face au terrorisme ?
Cela va être compliqué. Mais on est en train de travailler et de mettre en application toute une stratégie. C’est pourquoi, je dis qu’il faut toucher du bois parce quoi qu’on puisse dire, le Sénégal est en sécurité et le sera davantage. On ne peut pas dévoiler la stratégie parce que nous avons en face de nous plus que des criminels de droit commun.

Certains ont parlé de «défaillances» du système sécuritaire malien dans l’attaque du Radisson Blu. Faites-nous le point sur le modèle malien de lutte contre le terrorisme très présent dans le pays ?
Dire que le système sécuritaire établi au Mali est défaillant, c’est archi-faux. Aujour­d’hui les grandes puissances subissent fréquemment des attaques terroristes. Est-ce que qu’il faut dire que leur système de sécurité n’est pas bon ? Pas du tout ! Maintenant cela ne veut dire que le système malien est parfait. Aucun pays ne peut dire qu’il est à l’abri des islamistes. En matière de sécurité, il n y a rien d’absolu. Partout dans le monde, on est touché. Vous avez vu ce qui s’est passé en France et aux Etats-Unis. Alors, il ne faut pas dire que le système malien n’a pas bien fonctionné.

Alors, comment doit être organisée la stratégie pour venir à bout des islamistes qui eux aussi sont bien outillés pour commettre leurs actes ?
La stratégie doit être globale. Le Sénégal l’a compris très tôt. Tous les Etats doivent unir leur forces pour lutter contre ce phénomène qui est nouveau mais va tôt ou tard disparaître. C’est un épiphénomène.

Les terroristes contrôlent aujourd’hui des villes. Comment pouvez affirmer de manière péremptoire qu’ils vont disparaître ?
La mafia existe depuis 40 ans. Mais elle est en train de disparaître petit à petit. Aujour­d’hui, la plupart des entreprises mafieuses sont en train d’être démantelées par les Etats. Si les Etats s’unissent et tirent dans le même sens, les terroristes vont disparaître. Aujourd’hui, l’expression la plus partagée est le culte de la paix dans ce village planétaire. On arrivera à les réduire, à les anéantir. Tous les pays en sont conscients et ont accepté d’être solidaires

Quelle est votre appréciation sur les attentats de Paris qui ont fait 120 morts?
Tout le monde est touché. On ne comprend pas comment de telles atrocités peuvent être commises par des êtes humains sur leurs semblables. La France est toujours sous le choc. Ce sont des actes que nous regrettons et nous incitent à la vigilance. Ce qui s’est passé là-bas, peut se produire dans beaucoup d’autres pays. Aujourd’hui, nous devons nous mobiliser pour sonner la révolte contre le groupe d’Etat islamique, Boko haram, Al Qaida et les autres.
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